Le géant de Wall Street a annoncé vendredi qu’il embauchait José Manuel Barroso. Moins de deux ans après son départ de Bruxelles, l’ancien président de la commission va conseiller la banque sur l’après-Brexit. Un signal ravageur pour la crédibilité de l’UE.
De notre envoyé spécial à Bruxelles.- Deux semaines à peine après la décision des Britanniques de quitter l’Union européenne (UE), l’annonce risque de malmener un peu plus la crédibilité chancelante de la commission de Bruxelles. Son ancien président, José Manuel Barroso (2004-1014), vient d’être embauché par le géant de la finance américaine Goldman Sachs. Le Portugais prend la présidence non exécutive du conseil d’administration de Goldman Sachs International (GSI) et devient également conseiller auprès de la banque d’investissement de Wall Street, lit-on dans un communiqué publié vendredi par la banque.
D’après les déclarations qu’il a faites au Financial Times, dans la foulée de l’annonce officielle, l’ex-premier ministre portugais tentera d’« atténuer les effets du Brexit » pour le compte du mastodonte américain. « Évidemment, je connais bien l’UE, et je connais aussi plutôt bien l’environnement britannique […]. Si mes conseils peuvent être utiles dans les circonstances actuelles, je suis prêt, bien sûr, à aider », a expliqué Barroso. Il récupère un poste prestigieux, occupé jusqu’à mai 2015 par l’Irlandais Peter Sutherland, ex-président du GATT, puis de l’OMC, et ancien commissaire européen à la concurrence.
« On ne pourrait pas l’inventer. Tu voudrais ridiculiser la commission pour l’éternité, tu ne t’y prendrais pas autrement. C’est sans doute le pire qu’il pouvait faire », réagit Martin Pigeon, de Corporate Europe Observatory (CEO), une ONG qui plaide pour davantage de transparence dans la bulle bruxelloise. D’après le décompte réalisé par CEO, l’ex-patron de l’exécutif européen n’en est pas à son coup d’essai en matière de pantouflage : au cours de la première année suivant son départ de Bruxelles, il a accepté pas moins de 22 postes (certains ne sont pas rémunérés), tout à la fois président d’honneur d’universités et autres fondations, mais aussi membre du groupe de pilotage des conférences Bilderberg, ou encore président d’honneur du European Business Summit, une conférence annuelle organisée par le lobby européen des grandes entreprises.
Mais son débauchage par Goldman Sachs est, de loin, le plus spectaculaire. Avec son carnet d’adresses, Barroso pourrait jouer un rôle clé dans les négociations qui s’ouvriront, sans doute d’ici à la fin de l’année, pour définir le nouveau statut du Royaume-Uni par rapport à l’UE, et redéfinir les règles de l’accès aux marchés financiers européens pour les banques britanniques. « Ce que je peux vous dire, c’est que la piste la plus sage et intelligente, c’est que les deux parties acceptent de mener des négociations équitables : personne ne sortira gagnant d’une confrontation », prévient l’ex-président de la commission, qui a prévu d’emménager à Londres pour l’occasion.
Dans son entretien au FT, Barroso regrette également « la perte de confiance » envers le projet européen : « Les stocks de confiance sont à des niveaux très bas aujourd’hui, c’est sans doute la plus précieuse de nos matières premières », remarque-t-il, filant la métaphore économique. Mais le Portugais semble refuser à faire le lien entre cette désaffection brutale des citoyens envers l’Europe, confirmée par le Brexit, et l’attitude de certains dirigeants, à commencer par la sienne, s’empressant de rejoindre le privé pour y faire du lobbying, direct ou indirect… « Ce qui est frappant, c’est l’absence totale de considération de Barroso pour les dégâts qu’il inflige à la commission européenne. Cela fait maintenant assez longtemps que je travaille à Bruxelles, mais quelque chose continue de me surprendre : le degré de profonde inconscience politique de ce personnel. Ils se considèrent comme des opérateurs techniques, pas comme des hommes politiques. Ils se sentent au-dessus de la politique », commente, de son côté, l’activiste Martin Pigeon.
Jointe par Mediapart, une porte-parole de Jean-Claude Juncker, le successeur de Barroso, se refusait vendredi soir à tout commentaire. Sur le fond, l’exécutif européen est impuissant. Il a bien mis en place, depuis 2010, un « code de conduite » des commissaires un peu plus contraignant qu’auparavant, pour surveiller au cas par cas les « pantouflages » de ses anciens commissaires. Mais ces règles sont mal appliquées. Surtout, elles ne valent que pour les 18 premiers mois suivant le départ des commissaires. Or, Barroso a quitté depuis 20 mois (fin octobre 2014) la présidence de l’institution bruxelloise : il fait donc désormais ce qu’il veut. Au sein de la commission, certains continuaient, sous le sceau de l'anonymat, à défendre le choix de l’ex-président : « C’est légitime que des personnes avec une forte expérience, et d’importantes qualifications, puissent continuer à occuper des rôles de premier plan, dans les secteurs public ou privé. »
L’« effet de loupe » Goldman Sachs
À Bruxelles, les cas de « revolving doors », ces portes tournantes entre le public et le privé, sont aussi vieux que l’Union européenne. Les polémiques sont régulières, et leurs effets sont dévastateurs auprès de l’opinion. À l’été 2014, l’eurodéputée Sharon Bowles, qui présidait jusque-là la commission des affaires économiques et financières, un poste clé pendant la crise financière, a rejoint…la City. Plus récemment, la Néerlandaise Neelie Kroes (ex-commissaire à la concurrence, puis au marché numérique, durant les mandats de Barroso) est devenue conseillère spéciale pour l’Europe d’un autre fleuron de la finance américaine, Bank of America Merrill Lynch. Pas plus tard qu’en mai 2016, c’est Uber, le très controversé service de réservation de voiture avec chauffeur, qui l’a débauchée.
De son côté, le Belge Karel de Gucht, ex-commissaire au commerce qui a lancé le chantier du traité transatlantique (TAFTA, ou TTIP) en 2013, est aujourd’hui payé par le groupe de télécoms Belgacom. Quant à l’eurodéputée luxembourgeoise Viviane Reding, ex-commissaire elle aussi, elle occupe un siège au conseil d’administration du groupe de technologie numérique Agfa-Gevaert. En tout, ils étaient neuf ex-membres de l’équipe Barroso à avoir rejoint le privé moins d’un an après leur départ de l’exécutif européen.
Pourtant, des règles existent pour encadrer les 18 premiers mois suivant la fin de l’exercice de leurs fonctions – ce qu’on appelle la « cooling-off period » dans le jargon bruxellois. Le collège des 28 commissaires, qui se réunit chaque mercredi à Bruxelles, doit valider, au cas par cas, les embauches de leurs prédécesseurs. Et lorsqu’ils estiment qu’un conflit d’intérêts est possible, ils renvoient le dossier devant un « comité d’éthique » ad hoc, qui doit se prononcer. En tout, sur la centaine de postes concernés au cours de la première année de l’après-Barroso, 37 % ont été renvoyées au comité éthique… qui n’a rejeté aucune demande.
C’est pourquoi des ONG spécialisées sur ces questions, dont CEO, réclament l’extension de la période où les règles s’appliquent, de 18 mois à trois ans après le départ de la commission. Et surtout, elles exigent l’interdiction de tout type de lobbying, direct ou indirect, durant ces trois ans, puisque l’analyse au cas par cas par le comité d’éthique ne fonctionne pas. « Le revirement rapide de Barroso nuit fortement à la réputation de la commission européenne : nous devons de toute urgence rallonger la période de “cooling-off”, à trois ans », a réagi l’eurodéputé allemand Sven Giegold, du groupe des Verts.
« Ce nouveau pantouflage, qui ressemble fort à un conflit d’intérêts, est scandaleux, a estimé de son côté la délégation des socialistes français au Parlement européen. Nous exigeons une révision des règles pour empêcher de tels recrutements d’anciens commissaires européens. Après le cas Nelly Kroes, qui roule désormais pour Uber, la commission européenne doit agir de toute urgence. »
José Manuel Barroso ne rejoint pas n’importe quelle banque du secteur privé, mais bien Goldman Sachs, qui s’est fait une spécialité dans le débauchage des dirigeants politiques les plus haut placés. La liste est vertigineuse : la plupart des hommes qui ont géré la crise de la zone euro sont passés, ou ont été recrutés par la suite par le géant américain. Il y eut par exemple Mario Monti, conseiller international de Goldman Sachs de 2005 à 2011, avant de prendre la tête du gouvernement italien en pleine crise politique dans la péninsule. Monti avait lui aussi été commissaire européen à la concurrence par le passé (1999-2004). Et comme Barroso aujourd’hui, son travail à l’époque consistait à « ouvrir les portes » de l’Europe pour Goldman Sachs.
Un autre Italien, Mario Draghi, est également concerné : l’actuel président de la Banque centrale européenne (BCE) fut vice-président de Goldman Sachs International pour l’Europe entre 2002 et 2005. Quant à Lucas Papademos, ex-gouverneur de la banque centrale grecque et ex-premier ministre de la Grèce, il est soupçonné d’avoir joué un rôle de premier plan dans le maquillage des comptes publics de la Grèce, avec la complicité de Goldman Sachs. José Manuel Barroso, ex-maoïste et cinéphile, vient donc ajouter son nom à cette liste. Le choix de Goldman Sachs risque toutefois d’en surprendre plus d’un, tant le bilan de Barroso – surtout son premier mandat, de 2004 à 2009 – est maigre. Ses compétences pour le « job » sont loin d'être évidentes.
Pour Martin Pigeon, de CEO, il faudrait toutefois se méfier des effets de loupe sur Goldman Sachs, qui pourraient faire oublier la vision d'ensemble : « Goldman Sachs dans la finance, c’est comme Monsanto dans les semences et les pesticides. Ce sont les plus connus, et donc les plus visibles, qui débauchent les opérateurs politiques plus influents. Cela crée un effet de loupe, qui ne doit pas tromper : c’est une logique systémique de capture de la décision publique à laquelle nous sommes confrontés, et il faut l’endiguer par des réformes et de nouvelles législations qui protègent l'intégrité de la décision publique et lui permettent d'avoir accès à une expertise indépendante », plaide-t-il. (Mediapart)
De notre envoyé spécial à Bruxelles.- Deux semaines à peine après la décision des Britanniques de quitter l’Union européenne (UE), l’annonce risque de malmener un peu plus la crédibilité chancelante de la commission de Bruxelles. Son ancien président, José Manuel Barroso (2004-1014), vient d’être embauché par le géant de la finance américaine Goldman Sachs. Le Portugais prend la présidence non exécutive du conseil d’administration de Goldman Sachs International (GSI) et devient également conseiller auprès de la banque d’investissement de Wall Street, lit-on dans un communiqué publié vendredi par la banque.
D’après les déclarations qu’il a faites au Financial Times, dans la foulée de l’annonce officielle, l’ex-premier ministre portugais tentera d’« atténuer les effets du Brexit » pour le compte du mastodonte américain. « Évidemment, je connais bien l’UE, et je connais aussi plutôt bien l’environnement britannique […]. Si mes conseils peuvent être utiles dans les circonstances actuelles, je suis prêt, bien sûr, à aider », a expliqué Barroso. Il récupère un poste prestigieux, occupé jusqu’à mai 2015 par l’Irlandais Peter Sutherland, ex-président du GATT, puis de l’OMC, et ancien commissaire européen à la concurrence.
« On ne pourrait pas l’inventer. Tu voudrais ridiculiser la commission pour l’éternité, tu ne t’y prendrais pas autrement. C’est sans doute le pire qu’il pouvait faire », réagit Martin Pigeon, de Corporate Europe Observatory (CEO), une ONG qui plaide pour davantage de transparence dans la bulle bruxelloise. D’après le décompte réalisé par CEO, l’ex-patron de l’exécutif européen n’en est pas à son coup d’essai en matière de pantouflage : au cours de la première année suivant son départ de Bruxelles, il a accepté pas moins de 22 postes (certains ne sont pas rémunérés), tout à la fois président d’honneur d’universités et autres fondations, mais aussi membre du groupe de pilotage des conférences Bilderberg, ou encore président d’honneur du European Business Summit, une conférence annuelle organisée par le lobby européen des grandes entreprises.
Mais son débauchage par Goldman Sachs est, de loin, le plus spectaculaire. Avec son carnet d’adresses, Barroso pourrait jouer un rôle clé dans les négociations qui s’ouvriront, sans doute d’ici à la fin de l’année, pour définir le nouveau statut du Royaume-Uni par rapport à l’UE, et redéfinir les règles de l’accès aux marchés financiers européens pour les banques britanniques. « Ce que je peux vous dire, c’est que la piste la plus sage et intelligente, c’est que les deux parties acceptent de mener des négociations équitables : personne ne sortira gagnant d’une confrontation », prévient l’ex-président de la commission, qui a prévu d’emménager à Londres pour l’occasion.
Dans son entretien au FT, Barroso regrette également « la perte de confiance » envers le projet européen : « Les stocks de confiance sont à des niveaux très bas aujourd’hui, c’est sans doute la plus précieuse de nos matières premières », remarque-t-il, filant la métaphore économique. Mais le Portugais semble refuser à faire le lien entre cette désaffection brutale des citoyens envers l’Europe, confirmée par le Brexit, et l’attitude de certains dirigeants, à commencer par la sienne, s’empressant de rejoindre le privé pour y faire du lobbying, direct ou indirect… « Ce qui est frappant, c’est l’absence totale de considération de Barroso pour les dégâts qu’il inflige à la commission européenne. Cela fait maintenant assez longtemps que je travaille à Bruxelles, mais quelque chose continue de me surprendre : le degré de profonde inconscience politique de ce personnel. Ils se considèrent comme des opérateurs techniques, pas comme des hommes politiques. Ils se sentent au-dessus de la politique », commente, de son côté, l’activiste Martin Pigeon.
Jointe par Mediapart, une porte-parole de Jean-Claude Juncker, le successeur de Barroso, se refusait vendredi soir à tout commentaire. Sur le fond, l’exécutif européen est impuissant. Il a bien mis en place, depuis 2010, un « code de conduite » des commissaires un peu plus contraignant qu’auparavant, pour surveiller au cas par cas les « pantouflages » de ses anciens commissaires. Mais ces règles sont mal appliquées. Surtout, elles ne valent que pour les 18 premiers mois suivant le départ des commissaires. Or, Barroso a quitté depuis 20 mois (fin octobre 2014) la présidence de l’institution bruxelloise : il fait donc désormais ce qu’il veut. Au sein de la commission, certains continuaient, sous le sceau de l'anonymat, à défendre le choix de l’ex-président : « C’est légitime que des personnes avec une forte expérience, et d’importantes qualifications, puissent continuer à occuper des rôles de premier plan, dans les secteurs public ou privé. »
L’« effet de loupe » Goldman Sachs
À Bruxelles, les cas de « revolving doors », ces portes tournantes entre le public et le privé, sont aussi vieux que l’Union européenne. Les polémiques sont régulières, et leurs effets sont dévastateurs auprès de l’opinion. À l’été 2014, l’eurodéputée Sharon Bowles, qui présidait jusque-là la commission des affaires économiques et financières, un poste clé pendant la crise financière, a rejoint…la City. Plus récemment, la Néerlandaise Neelie Kroes (ex-commissaire à la concurrence, puis au marché numérique, durant les mandats de Barroso) est devenue conseillère spéciale pour l’Europe d’un autre fleuron de la finance américaine, Bank of America Merrill Lynch. Pas plus tard qu’en mai 2016, c’est Uber, le très controversé service de réservation de voiture avec chauffeur, qui l’a débauchée.
De son côté, le Belge Karel de Gucht, ex-commissaire au commerce qui a lancé le chantier du traité transatlantique (TAFTA, ou TTIP) en 2013, est aujourd’hui payé par le groupe de télécoms Belgacom. Quant à l’eurodéputée luxembourgeoise Viviane Reding, ex-commissaire elle aussi, elle occupe un siège au conseil d’administration du groupe de technologie numérique Agfa-Gevaert. En tout, ils étaient neuf ex-membres de l’équipe Barroso à avoir rejoint le privé moins d’un an après leur départ de l’exécutif européen.
Pourtant, des règles existent pour encadrer les 18 premiers mois suivant la fin de l’exercice de leurs fonctions – ce qu’on appelle la « cooling-off period » dans le jargon bruxellois. Le collège des 28 commissaires, qui se réunit chaque mercredi à Bruxelles, doit valider, au cas par cas, les embauches de leurs prédécesseurs. Et lorsqu’ils estiment qu’un conflit d’intérêts est possible, ils renvoient le dossier devant un « comité d’éthique » ad hoc, qui doit se prononcer. En tout, sur la centaine de postes concernés au cours de la première année de l’après-Barroso, 37 % ont été renvoyées au comité éthique… qui n’a rejeté aucune demande.
C’est pourquoi des ONG spécialisées sur ces questions, dont CEO, réclament l’extension de la période où les règles s’appliquent, de 18 mois à trois ans après le départ de la commission. Et surtout, elles exigent l’interdiction de tout type de lobbying, direct ou indirect, durant ces trois ans, puisque l’analyse au cas par cas par le comité d’éthique ne fonctionne pas. « Le revirement rapide de Barroso nuit fortement à la réputation de la commission européenne : nous devons de toute urgence rallonger la période de “cooling-off”, à trois ans », a réagi l’eurodéputé allemand Sven Giegold, du groupe des Verts.
« Ce nouveau pantouflage, qui ressemble fort à un conflit d’intérêts, est scandaleux, a estimé de son côté la délégation des socialistes français au Parlement européen. Nous exigeons une révision des règles pour empêcher de tels recrutements d’anciens commissaires européens. Après le cas Nelly Kroes, qui roule désormais pour Uber, la commission européenne doit agir de toute urgence. »
José Manuel Barroso ne rejoint pas n’importe quelle banque du secteur privé, mais bien Goldman Sachs, qui s’est fait une spécialité dans le débauchage des dirigeants politiques les plus haut placés. La liste est vertigineuse : la plupart des hommes qui ont géré la crise de la zone euro sont passés, ou ont été recrutés par la suite par le géant américain. Il y eut par exemple Mario Monti, conseiller international de Goldman Sachs de 2005 à 2011, avant de prendre la tête du gouvernement italien en pleine crise politique dans la péninsule. Monti avait lui aussi été commissaire européen à la concurrence par le passé (1999-2004). Et comme Barroso aujourd’hui, son travail à l’époque consistait à « ouvrir les portes » de l’Europe pour Goldman Sachs.
Un autre Italien, Mario Draghi, est également concerné : l’actuel président de la Banque centrale européenne (BCE) fut vice-président de Goldman Sachs International pour l’Europe entre 2002 et 2005. Quant à Lucas Papademos, ex-gouverneur de la banque centrale grecque et ex-premier ministre de la Grèce, il est soupçonné d’avoir joué un rôle de premier plan dans le maquillage des comptes publics de la Grèce, avec la complicité de Goldman Sachs. José Manuel Barroso, ex-maoïste et cinéphile, vient donc ajouter son nom à cette liste. Le choix de Goldman Sachs risque toutefois d’en surprendre plus d’un, tant le bilan de Barroso – surtout son premier mandat, de 2004 à 2009 – est maigre. Ses compétences pour le « job » sont loin d'être évidentes.
Pour Martin Pigeon, de CEO, il faudrait toutefois se méfier des effets de loupe sur Goldman Sachs, qui pourraient faire oublier la vision d'ensemble : « Goldman Sachs dans la finance, c’est comme Monsanto dans les semences et les pesticides. Ce sont les plus connus, et donc les plus visibles, qui débauchent les opérateurs politiques plus influents. Cela crée un effet de loupe, qui ne doit pas tromper : c’est une logique systémique de capture de la décision publique à laquelle nous sommes confrontés, et il faut l’endiguer par des réformes et de nouvelles législations qui protègent l'intégrité de la décision publique et lui permettent d'avoir accès à une expertise indépendante », plaide-t-il. (Mediapart)