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"Pas question de négocier avec Moscou" : la réponse Zelensky aux chefs d'Etat africains

Vendredi 16 Juin 2023

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a exclu à nouveau toute négociation avec la Russie à l’issue de sa rencontre avec des dirigeants africains venus tenter une médiation entre Kyiv et Moscou.
 
« Aujourd’hui j’ai clairement dit pendant notre rencontre [avec la délégation africaine] que permettre toute négociation avec la Russie maintenant, quand l’occupant est sur notre terre, signifie de geler la guerre, geler la douleur et la souffrance », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse conjointe avec des dirigeants africains.
 
Avant de lancer son invasion de l’Ukraine en février 2022, « la Russie a longuement tenté de tromper tout le monde avec [les accords de paix de] Minsk », conclus dans le passé pour tenter de régler le conflit avec les séparatistes soutenus par Moscou dans l’est de l’Ukraine et dont la Russie s’est servie pour préparer une nouvelle offensive contre son voisin, a accusé M. Zelensky.
 
« Il est clair que la Russie essaie à nouveau d’utiliser sa vielle tactique de tromperie. Mais la Russie ne réussira plus à tromper le monde », a-t-il ajouté. « Nous n’allons pas lui donner une seconde chance », a-t-il lancé.
 
Appelle à la « désescalade »
 
Le président sud-africain Cyril Ramaphosa a appelé vendredi l’Ukraine et la Russie à la « désescalade » lors d’une visite à Kyiv avec une délégation de dirigeants africains venus tenter une médiation entre ce pays et Moscou.
 
« Il doit y avoir une désescalade des deux côtés », a déclaré dans l’après-midi M. Ramaphosa lors d’une conférence de presse conjointe avec M. Zelensky.
 
La délégation africaine était arrivée dans la matinée à Kyiv. Peu après, la région de la capitale a été visée par une attaque de missiles russes qui a déclenché des sirènes antiaériennes suivies d’explosions, et fait au moins sept blessés selon la police ukrainienne.
 
« Aujourd’hui, alors que nous étions ici, nous avons entendu parler de frappes de missiles et ces types d’hostilités ne sont pas bons pour favoriser la paix », a également déclaré le président sud-africain lors de la conférence de presse.
 
Après Kyiv, la médiation africaine doit mettre le cap sur la Russie, où elle doit rencontrer le président Vladimir Poutine samedi à Saint-Pétersbourg.
 
La délégation africaine comprend quatre présidents — Cyril Ramaphosa (Afrique du Sud), Macky Sall (Sénégal) et Hakainde Hichilema (Zambie), ainsi que Azali Assoumani (Comores), qui dirige l’Union africaine — et des représentants congolais, ougandais et égyptien.
 
Elle avait commencé son étape à Kyiv par une visite à Boutcha, a indiqué la présidence sud-africaine sur Twitter en publiant plusieurs vidéos de leur déplacement dans cette banlieue de Kyiv où l’armée russe est accusée d’avoir massacré des civils. L’attaque de missiles russes sur la région de Kyiv a eu lieu peu après.
 
« Trouver un chemin de paix »
 
L’OTAN a salué dans la journée cette médiation, tout en avertissant que seule une solution « juste » considérant la Russie comme l’agresseur fonctionnerait.
 
L’armée de l’air ukrainienne avait indiqué dans la matinée avoir abattu 12 missiles russes dont six Kinjal hypersoniques au-dessus de la région de la capitale.
 
Si le maire de Kyiv, Vitali Klitschko, n’a fait état d’aucun dégât dans la capitale, des éclats de missiles ont fait sept blessés dont deux enfants dans la région de la capitale, selon la police locale.
 
Le chef de la diplomatie ukrainienne a aussitôt qualifié ces frappes russes de « message à l’Afrique ». « La Russie veut plus de guerre, pas de paix », a indiqué sur Twitter Dmytro Kouleba, évoquant « la plus importante attaque de missiles contre Kyiv depuis des semaines ».
 
« Ce qui s’est passé aujourd’hui » montre aux dirigeants africains « à quel point Poutine est sincère quant à l’arrêt du conflit » et la considération qu’il porte à « tous les efforts internationaux pour arrêter ce conflit », a commenté dans la même veine à Bruxelles Peter Stano, porte-parole du chef de la diplomatie européenne Josep Borrell.
 
Parallèlement, M. Poutine a annoncé vendredi avoir transféré en Biélorussie de premières armes nucléaires, concrétisant le déploiement annoncé en mars par Moscou.
 
Le porte-parole de la présidence sud-africaine Vincent Magwenya a lui indiqué que la mission se déroulait « plutôt bien et comme prévu » dans une vidéo publiée sur Twitter, ajoutant que la délégation comptait en entamant des pourparlers avec M. Zelensky « tenter de trouver un chemin de paix à ce conflit ».
 
« Aucune chance » de réussite pour la contre-offensive de Kyiv
 
Le président russe Vladimir Poutine a assuré vendredi que la contre-offensive lancée par les forces ukrainiennes pour repousser les forces de Moscou n’avait « aucune chance » de succès.
 
Évoquant une offensive de Kyiv en cours dans le sud de l’Ukraine, M. Poutine a affirmé que « les forces armées ukrainiennes n’ont aucune chance là-bas ni dans les autres zones ».
 
Le président russe s’exprimait lors d’un forum économique à Saint-Pétersbourg retransmis en direct à la télévision russe, mais auquel l’AFP n’a pas pu assister faute d’avoir été accréditée.
 
Les forces ukrainiennes ont « utilisé leurs prétendues réserves stratégiques pour percer les défenses [russes], consolider les leurs et avancer. Aucun de ces objectifs n’a été atteint », a dit M. Poutine.
 
Il a réaffirmé que l’Ukraine subissait de « très lourdes pertes » et estimé qu’elle ne pourrait combattre « pendant longtemps » en raison de l’épuisement de ses équipements militaires.
 
Le président Poutine a également qualifié son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky, de confession juive, de « honte pour le peuple juif », accusant encore une fois l’Ukraine d’être aux mains de néonazis pour y justifier son opération armée.
 
Maigres chances
 
La médiation de paix africaine, dont Pretoria avait annoncé le lancement le mois dernier, intervient en pleine intensification des combats sur le front et des bombardements russes sur les villes ukrainiennes.
 
Mais elle est affaiblie par la défection de dernière minute de certains de ses membres, et ses chances de succès sont minces selon plusieurs experts.
 
A Varsovie, des membres de la sécurité du président sud-africain qui devaient l’accompagner en Ukraine ont été retenus à leur arrivée à l’aéroport, provoquant un incident diplomatique et des accusations de « racisme » envers les autorités polonaises.
 
La mission africaine est la dernière initiative en date d’une série d’efforts diplomatiques jusqu’ici infructueux pour mettre fin au conflit.
 
L’Afrique est durement touchée par l’augmentation des prix des denrées alimentaires et les conséquences de la guerre sur le commerce mondial.
 
Critiquée pour sa proximité avec Moscou, l’Afrique du Sud refuse de condamner la Russie depuis le début de la guerre en Ukraine, affirmant tenir une position neutre et vouloir privilégier le dialogue.
 
Le Kremlin s’efforce d’attirer dans son camp les dirigeants africains en posant la Russie comme un rempart contre l’impérialisme occidental et en accusant l’Occident de bloquer avec ses sanctions les exportations de céréales et des engrais russes essentielles à l’Afrique.
 
L’Ukraine tente elle aussi de peser auprès des dirigeants africains, qui ont dénoncé l’invasion russe moins unanimement que les grandes puissances occidentales.
 
Les dirigeants africains « ne seront pas en mesure de nous offrir quoi que ce soit en termes de résolution de conflit », a estimé l’analyste politique ukrainien Anatoliy Oktysiouk, interrogé par l’AFP.
 
« Ils ne peuvent pas jouer un rôle de médiateurs. Ils ont peu de poids politique, ils n’ont aucune influence », a-t-il poursuivi. (AFP)
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