L'extrême droite allemande, emmenée par sa figure la plus radicale le parti AfD, a enregistré une nouvelle forte progression lors d'un scrutin régional dimanche. Celle-ci confirme aussi le repli des partis traditionnels de gouvernement comme celui de la chancelière Angela Merkel.
Selon les estimations des chaînes de télévision publique, l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) est avec entre 23% et 24% arrivé en deuxième position lors de l'élection régionale en Thuringe, dans l'ex-Allemagne de l'est communiste, faisant plus que doubler son score du précédent scrutin de 2014, et devance les conservateurs (CDU) de la chancelière.
Ces derniers perdent plus de 10 points, avec seulement autour de 22%, dans ce Land qu'ils ont jadis dominé sans partage. Il s'agit de leur plus mauvais score jamais réalisé dans cette région depuis la réunification allemande en 1990.
Ce score est d'autant plus notable pour l'AfD, mouvement anti-migrants et eurosceptique, qu'il a été atteint en dépit des critiques ayant visé ce parti après le récent attentat antisémite et xénophobe ayant fait deux morts, commis par un militant néonazi à Halle, dans l'Etat régional voisin de Saxe-Anhalt.
Le chef de file de l'AfD en Thuringe, Björn Höcke, figure de proue de l'aile la plus droitière du mouvement, s'est vu accuser d'avoir préparé le terrain idéologique pour les actes de Halle, où un massacre dans une synagogue a été évité de peu, par ses déclarations contre la culture allemande de repentance pour les crimes nazis.
Il a par exemple qualifié le Mémorial de la Shoah à Berlin de «monument de la honte».
Gauche radicale en tête
L'élection de Thuringe, un Etat régional de deux millions d'habitants, confirme la progression continue de l'extrême droite à chaque scrutin depuis 2015, principalement dans l'ex-RDA.
En septembre déjà, l'AfD y avait dépassé à l'Est la barre des 20% dans deux scrutins, en Saxe et dans le Brandebourg. Elle est plus faible dans l'ouest du pays.
En Thuringe, c'est l'actuel chef du gouvernement régional, Bodo Ramelow, membre de la gauche radicale, qui est arrivé en tête, avec autour de 30% des suffrages, selon les télévisions, un score supérieur à celui qu'il avait enregistré cinq ans plus tôt.
Cet ancien syndicaliste a bâti son succès sur son ancrage local et une politique très pragmatique, où il n'hésite pas à privilégier des thématiques chères aux conservateurs, comme la sécurité, et à s'éloigner des slogans les plus radicaux de son parti à Berlin.
Il lui sera difficile toutefois de se maintenir au pouvoir car ses deux partenaires actuels de coalition, les sociaux-démocrates du SPD et les écologistes, ont fortement baissé, à respectivement environ 8% et 5,5% et ne sont plus en mesure de lui fournir une majorité.
Et dans le même temps, le parti conservateur refuse de gouverner tant avec la gauche radicale qu'avec l'extrême droite. Ce qui pourrait bloquer toute formation de coalition majoritaire.
Pour la CDU et les sociaux-démocrates, ce scrutin constitue une énième déconvenue de nature à fragiliser un peu plus le gouvernement fédéral d'Angela Merkel, où ces deux formations sont partenaires de coalition mais affichent de plus en plus leur désaccord, comme tout récemment sur la Syrie et la Turquie.
Ce repli est un désastre pour le SPD en particulier, qui lutte pour sa survie au plan national et qui doit en décembre décider du cap qu'il choisit, en même temps que de son futur président: rester ou pas dans la coalition. Les tenants d'une sortie pourraient s'en trouver renforcés.
Campagne tendue
La campagne de Thuringe s'est déroulée dans une atmosphère très tendue, avec accusations d'un côté envers la rhétorique de l'AfD, et de l'autre menaces de mort à l'encontre de candidats opposés à l'extrême droite.
Angela Merkel, elle-même cible régulière de l'ultra-droite pour sa politique généreuse d'accueil des migrants en 2015 et 2016, a exhorté après l'attentat de Halle les extrémistes à surveiller leurs «paroles» qui peuvent «se transformer en actes». (afp/nxp)
Selon les estimations des chaînes de télévision publique, l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) est avec entre 23% et 24% arrivé en deuxième position lors de l'élection régionale en Thuringe, dans l'ex-Allemagne de l'est communiste, faisant plus que doubler son score du précédent scrutin de 2014, et devance les conservateurs (CDU) de la chancelière.
Ces derniers perdent plus de 10 points, avec seulement autour de 22%, dans ce Land qu'ils ont jadis dominé sans partage. Il s'agit de leur plus mauvais score jamais réalisé dans cette région depuis la réunification allemande en 1990.
Ce score est d'autant plus notable pour l'AfD, mouvement anti-migrants et eurosceptique, qu'il a été atteint en dépit des critiques ayant visé ce parti après le récent attentat antisémite et xénophobe ayant fait deux morts, commis par un militant néonazi à Halle, dans l'Etat régional voisin de Saxe-Anhalt.
Le chef de file de l'AfD en Thuringe, Björn Höcke, figure de proue de l'aile la plus droitière du mouvement, s'est vu accuser d'avoir préparé le terrain idéologique pour les actes de Halle, où un massacre dans une synagogue a été évité de peu, par ses déclarations contre la culture allemande de repentance pour les crimes nazis.
Il a par exemple qualifié le Mémorial de la Shoah à Berlin de «monument de la honte».
Gauche radicale en tête
L'élection de Thuringe, un Etat régional de deux millions d'habitants, confirme la progression continue de l'extrême droite à chaque scrutin depuis 2015, principalement dans l'ex-RDA.
En septembre déjà, l'AfD y avait dépassé à l'Est la barre des 20% dans deux scrutins, en Saxe et dans le Brandebourg. Elle est plus faible dans l'ouest du pays.
En Thuringe, c'est l'actuel chef du gouvernement régional, Bodo Ramelow, membre de la gauche radicale, qui est arrivé en tête, avec autour de 30% des suffrages, selon les télévisions, un score supérieur à celui qu'il avait enregistré cinq ans plus tôt.
Cet ancien syndicaliste a bâti son succès sur son ancrage local et une politique très pragmatique, où il n'hésite pas à privilégier des thématiques chères aux conservateurs, comme la sécurité, et à s'éloigner des slogans les plus radicaux de son parti à Berlin.
Il lui sera difficile toutefois de se maintenir au pouvoir car ses deux partenaires actuels de coalition, les sociaux-démocrates du SPD et les écologistes, ont fortement baissé, à respectivement environ 8% et 5,5% et ne sont plus en mesure de lui fournir une majorité.
Et dans le même temps, le parti conservateur refuse de gouverner tant avec la gauche radicale qu'avec l'extrême droite. Ce qui pourrait bloquer toute formation de coalition majoritaire.
Pour la CDU et les sociaux-démocrates, ce scrutin constitue une énième déconvenue de nature à fragiliser un peu plus le gouvernement fédéral d'Angela Merkel, où ces deux formations sont partenaires de coalition mais affichent de plus en plus leur désaccord, comme tout récemment sur la Syrie et la Turquie.
Ce repli est un désastre pour le SPD en particulier, qui lutte pour sa survie au plan national et qui doit en décembre décider du cap qu'il choisit, en même temps que de son futur président: rester ou pas dans la coalition. Les tenants d'une sortie pourraient s'en trouver renforcés.
Campagne tendue
La campagne de Thuringe s'est déroulée dans une atmosphère très tendue, avec accusations d'un côté envers la rhétorique de l'AfD, et de l'autre menaces de mort à l'encontre de candidats opposés à l'extrême droite.
Angela Merkel, elle-même cible régulière de l'ultra-droite pour sa politique généreuse d'accueil des migrants en 2015 et 2016, a exhorté après l'attentat de Halle les extrémistes à surveiller leurs «paroles» qui peuvent «se transformer en actes». (afp/nxp)