Après plusieurs mois d'incertitudes, c’est finalement le Tchadien Moussa Faki Mahamat qui a été élu président de la Commission de l'Union africaine aujourd’hui à Addis Abeba en marge du 28e sommet de l’organisation continentale. Celui qui est encore ministre des Affaires étrangères du Tchad a obtenu 39 voix sur 54 au dernier tour de scrutin, face à son adversaire, la chef de la diplomatie kenyane, Amina Mohamed.
Les trois autres candidats ont été éliminés dès les trois premiers tours de scrutin. Il s’agit du Sénégalais Abdoulaye Bathily, de la Botswanaise Pelonomi Venson-Moitoi et de l’Equato-guinéen Agapito Mba Mokuy.
Pendant trois tours de scrutin, les deux finalistes n’ont jamais pu être départagés. Il a fallu recourir à un septième tour pour voir le poulain du président Idriss Deby Itno s’imposer assez largement.
Pour l’ancien ministre sénégalais Abdoulaye Bathily, la solidarité Cedeao n’a visiblement pas fonctionné. Le Nigeria avait du reste annoncé la couleur il y a quelques semaines en faisant fuiter son intention de soutenir la candidate du Kenya. Selon certaines indiscrétions, le Niger, le Togo et la Guinée ont pris leur distance avec le Sénégal lors du vote.
Moussa Faki Mahamat est le ministre des Affaires étrangères du Tchad depuis neuf ans, une longévité appréciable qui lui a permis de constituer un solide réseau d’amitiés sur le continent. Agé de 56 ans, ce qui lui tenait lieu de slogan de campagne (« Mon village, c’est le Tchad, mon pays, c’est l’Afrique ») a peut-être fait tilt au niveau de quelques chancelleries africaines.
Son élection traduit quelque part l’influence grandissante du Tchad et de son chef à travers la lutte contre le terrorisme dans le bassin du Lac Tchad contre Boko Haram, mais aussi dans l’espace Sahélien malien où plusieurs milliers de ses soldats jouent un rôle important contre les mouvements terroristes et criminels.