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Procès Khalifa Sall : des questions, des certitudes et des risques

Mercredi 29 Novembre 2017

En compagnie de ses six co-inculpés et les inspecteurs du Trésor placés sous contrôle judiciaire, Khalifa Sall sera devant la barre du tribunal de grande instance de Dakar siégeant en matière correctionnelle à une date qui n’est plus très lointaine. Que risque le maire de Dakar ? La publication entrevue de la liste des bénéficiaires lui sera-t-elle utile ? Rien n’est moins sûr.


Par Ndiogou Cissé
 
En levant l’immunité parlementaire de Khalifa  Sall, l’Assemblée nationale a donc franchi un pas décisif pour l’enrôlement du dossier de la caisse d’avance de la mairie de Dakar. Avec  cette étape de la procédure franchie, l’organisation du procès devient  imminente. Ce dernier est depuis le 7 mars dernier en détention  à Rebeuss.
 
Accusé de détournement de deniers publics et d'association de malfaiteurs, il a été écroué en même temps que le directeur des affaires financières de la mairie, son adjointe, le chef de la division financière et comptable et trois autres personnes de la même collectivité locales.
 
Depuis cette soirée  du 7 mars 2017, avant et jusqu’à ce jour, Khalifa Sall  tente de se disculper des accusations qui pèsent sur l’utilisation, entre 2011 et 2015, des fonds de  la caisse d’avance, notamment d’une enveloppe de 30 millions de FCFA qui était mise à sa disposition pour les besoins de populations nécessiteuses.
 
En fait, c’est à la suite d’un rapport d’audit de l’Inspection générale d’État transmis à la Justice que les déboires de Khalifa Sall ont commencé. Si le maire de Dakar conteste en permanence avoir détourné ces sommes en se présentant devant le juge comme un ordonnateur de crédits, cela n’a pas arrêté la procédure, jusqu’à cette soirée du samedi 25 novembre où l’assemblée nationale a bouclé une boucle dans cette affaire.
 
Pendant que Khalifa et ses six collaborateurs croupissent en prison, les inspecteurs du trésor détachés à la mairie de Dakar ont eu plus de chance: ils ont été placés sous contrôle judiciaire. Il s’agit d’Ibrahima Touré, receveur-percepteur municipal de Dakar et de son prédécesseur, Mamadou Oumar Bocoum.
 
Pour rappel, Ibrahima Touré a succédé à Mamadou Oumar Bocoum en juillet 2015 après la nomination de ce dernier à la tête de l’Agence comptable des grands projets de l’Etat et du Plan Sénégal Émergent. Si Ibrahima Touré a eu à gérer la caisse en moins de 2 mois, son prédécesseur, Bocoum a occupé ce poste pendant plusieurs années en tant que collaborateur du maire de Dakar, Khalifa Sall.
 
En plus précis, Bocoum, ancien leader du mouvement étudiant à l’université de Dakar, a été  receveur percepteur municipal de Dakar pendant 10 ans, 5 mois et 17 jours. Au procès du maire de Dakar, lui et son successeur auront à s’expliquer sur leur rôle dans cette affaire.
 
Si le maire de Dakar, dans sa tentative ultime de se blanchir, approuvait avec son staff l’idée de publier la liste des bénéficiaires des fonds en question, la stratégie pourrait avoir un effet boomerang.
 
En effet, si dans ladite liste figurent des nécessiteux, des indiscrétions font état d’hommes politiques non besogneux qui ont été servis. Mais la divulgation de leurs identités ne servirait pas forcément la cause du député chef de file de la coalition Manko Taxawu Senegaal (MTS) aux législatives du 30 juillet dernier. Des personnes et personnalités loin du besoin ont-elles droit à bénéficier des fonds de la caisse d’avance ?
 
Khalifa Sall qui risque une lourde peine - ainsi que sa mise à mort politique – et ses co-inculpés sont sous le coup de plusieurs chefs d’accusation: escroquerie sur des deniers publics, détournement de deniers publics, association de malfaiteurs, blanchiments de capitaux. 
 
Pour le détournement de deniers publics qui est prévu par l’article 152 du Code pénal, le maire de la capitale encourt une peine entre 5 et 10 ans de réclusion, sans compter l’escroquerie sur des deniers qui est prévue par l’article 153 du code pénal avec la même peine citée supra.
 
Sur les autres infractions que le juge lui a collées, Sall et Cie sont passibles d’amende,  de la confiscation des biens en plus des dommages et intérêts à payer auxquels ils s’exposent. Mais le pire pour lui, c’est le risque de mort politique que porte cette affaire.  Dans  le  code pénal, figurent des dispositions prévoyant la perte des droits civiques pour les personnes condamnées.
 
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