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Quatorzième législature : la fin d’une Assemblée nationale corrompue

Vendredi 13 Septembre 2024

Il y a tendance à l’oublier mais ce ne serait pas raisonnable. Les conditions dans lesquelles cette Assemblée nationale de la 14e législature a été fabriquée par la « Fraud Team » de Macky Sall et imposée aux Sénégalais le 31 juillet 2022 resteront gravées dans la mémoire politique de la République. La saga qui a entouré les « erreurs » sur les listes de candidats des deux grandes coalitions de l’époque, Benno Bokk Yaakaar (BBY, alors au pouvoir) et Yewwi Askan Wi (YAW, alors dans l’opposition) et les sanctions que la justice constitutionnelle a appliquées étaient en soi une première indication sur la nature de la légitimité de la 14e législature, toutes tendances partisanes confondues. Le sauvetage politique forcé de la liste des candidats députés titulaires de BBY et le purgatoire infligé à la liste des candidats titulaires de YAW ont enfanté une originalité dans l’histoire parlementaire du Sénégal : une liste de candidats députés suppléants est invitée à prendre la place d’une liste de candidats députés titulaires aux législatives du 31 juillet 2022. 

 

L’ordre politique était diffus mais assumé : Macky Sall était prêt à tout pour s’éviter tout blocage dans ce qu’il lui restait de temps au pouvoir. Il espérait encore le miracle d’un retournement de situation et de contexte pour s’offrir cet insaisissable troisième mandat tapi au coeur d’une aventure présidentielle dont la suite était déjà largement compromise. La violence systématique qui accompagne ses actes politiques contestables allait se traduire également par une autre première : le débarquement de plusieurs dizaines de gendarmes dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale le jour de l’installation des députés et de l’élection du président de l’institution. Il était question pour lui d’acter définitivement la 14e législature dans le schéma institutionnel. 

 

Sa course contre la montre ne devait jamais s’arrêter. Elle installa une gouvernance de crises et de répressions qui fit boire à la démocratie sénégalaise le calice jusqu’à la lie. En chemin, celle qui fut la tête de liste de BBY aux législatives et qui lui donna une courte majorité, l’ancienne première ministre Aminata Touré, fut déchue de son mandat parlementaire aux premières heures de la législature pour rébellion contre la dictature du Tsar. L’oukaze ad hoc fabriqué par le palais fut prestement exécuté par le groupe mécanique de la Place Soweto. 

 

Cette Assemblée nationale enfin mise à mort aura porté jusqu’au bout les stigmates d’une institution misérablement corrompue, de sa conception jusqu’au dernier souffle qu’il libéra le 12 septembre de l’an 2024. Dans une synchronisation savamment orchestrée avec le palais en février 2024, elle imposa le report de l’élection présidentielle du 25 février 2024 à décembre 2024. La loi du report fut votée sur la base de suppositions aussi ridicules que mafieuses que Macky Sall s’était empressé de clamer au soir du 3 février dernier avec une inconsistance indigne de ses responsabilités suprêmes. Mais le fin mot de cette histoire rocambolesque revint au peuple sénégalais.  

 

Aujourd’hui, la seule et unique lettre de noblesse que cette Assemblée nationale croupion pourra revendiquer devant l’histoire, ce ne serait même pas d’avoir corrigé - en y étant contrainte - les tripatouillages de son propre Règlement intérieur. C’est d’avoir fondamentalement enclenché le début de la fin d’un pouvoir tyrannique et obsolète dont tous les leviers et argumentaires convergeaient ‘’systémiquement’’ vers ses capacités de répression contre l’adversité politique et citoyenne qui lui faisait face. 

 

La guérilla parlementaire dans laquelle les députés de Benno Bokk Yaakaar voulaient se spécialiser pour sauver les résidus de leurs propres turpitudes était le baroud d’horreur qui faisait le lit de la guillotine qui attendait. C’était de l’agitation politicienne prélude à un retour devant le peuple souverain. La réponse - dissolution de l’Assemblée nationale - était inscrite à la fois dans le temps politique et dans l’ordre légal dans lesquels fonctionne notre démocratie. 

 

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