Au moins 78 personnes ont péri dans le naufrage d’un bateau surchargé avec 278 passagers à bord sur le lac Kivu, jeudi, dans l’est du Congo, a annoncé un gouverneur local.
Selon Jean-Jacques Purusi, gouverneur de la province du Sud-Kivu, le bilan des morts est provisoire et pourrait s’alourdir. Il s’est entretenu par téléphone avec l’Associated Press quelques heures après la tragédie.
Le bateau, surchargé de passagers, a coulé alors qu’il tentait d’accoster à quelques mètres du port de Kituku, selon des témoins. Il se rendait de Minova, dans la province du Sud-Kivu, à Goma, dans la province du Nord-Kivu.
Plus tôt dans la journée, des témoins ont déclaré que 10 personnes avaient survécu et ont été transportées à l’hôpital local. Les autorités locales ont rapporté plus tard que jusqu’à 50 personnes avaient été secourues. Les efforts de recherche et de sauvetage se poursuivaient jeudi.
Il s’agit du plus récent accident de bateau mortel dans ce pays d’Afrique centrale, où la surpopulation des navires est souvent à blâmer. Les réglementations maritimes ne sont également souvent pas respectées.
Les autorités congolaises ont souvent mis en garde contre la surcharge et promis de punir ceux qui enfreignent les mesures de sécurité du transport maritime. Mais dans les zones reculées d’où viennent la plupart des passagers, beaucoup n’ont pas les moyens de se payer les transports publics en raison des rares routes disponibles.
En juin dernier, un bateau surchargé a coulé près de la capitale, Kinshasa, et 80 passagers ont perdu la vie. En janvier, 22 personnes sont mortes sur le lac Maî-Ndombe et en avril 2023, six ont été tuées et 64 ont disparu sur le même lac Kivu.
Des témoins de la tragédie de jeudi ont affirmé que le bateau était visiblement surchargé.
Les familles des victimes et les résidants de Goma se sont rassemblés au port Kituku, à Goma, accusant les autorités de négligence face à l’insécurité croissante dans la région.
Depuis que les combats entre les forces armées et les rebelles du M23 ont rendu impraticable la route entre les villes de Goma et Minova, forçant la fermeture du passage aux camions transportant des vivres, de nombreux commerçants ont recours au transport maritime sur le lac Kivu. Cette dernière solution est jugée plus sûre que le trafic routier, menacé par l’insécurité.
Mais selon Elia Asumani, un agent maritime qui travaille sur cette ligne, la situation est devenue dangereuse. « Nous avons peur, a-t-il déclaré à l’AP. Ce naufrage était prévisible. »
Bienfait Sematumba, 27 ans, a déclaré avoir perdu quatre membres de sa famille dans le naufrage. « Ils sont tous morts. Je suis seul maintenant, a-t-il raconté en sanglotant. Si les autorités avaient mis fin à la guerre, ce naufrage n’aurait jamais eu lieu. » [ASSOCIATED PRESS]