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RDC: Bemba s'est porté candidat à la succession de Kabila

Jeudi 2 Août 2018

L'opposant congolais Jean-Pierre Bemba s'est invité jeudi dans la course à la succession du président Joseph Kabila en République démocratique du Congo, en déposant sa candidature à la présidentielle du 23 décembre, au lendemain de son retour à Kinshasa où la foule lui a réservé un accueil triomphal.

"Je viens vous confirmer que j'ai eu effectivement la carte d'électeur, et j'ai déposé tous les dossiers" de candidature à la présidentielle "au niveau de la commission électorale indépendante" (Céni), a déclaré dans la soirée M. Bemba à la sortie d'une longue audience au siège de cette institution.

"Maintenant il appartient à la Céni de traiter toutes les candidatures. A mon niveau, j'ai déposé tout le dossier, il est en règle", a-t-il affirmé.

Le dépôt de candidature de M. Bemba à l'élection présidentielle - prévue le 23 décembre et qui doit organiser le départ du président Kabila - intervient à six jours de la date-butoir fixée par la Commission électorale, le 8 août.

M. Bemba, 55 ans, a retrouvé Kinshasa, une ville qu'il avait quittée le 11 avril 2007 après des combats meurtriers entre sa milice et l'armée de Kabila (environ 250 morts).

Depuis, le rival malheureux du président Kabila aux élections de 2006 a passé dix ans dans les prisons de la CPI, condamné en juin 2016 à une peine de 18 ans pour des exactions de sa milice en Centrafrique en 2002-2003.

Son acquittement-surprise en juin avait provoqué la joie de ses fidèles dans l'ouest de la RDC et une certaine mansuétude des "Katangais" du pouvoir, qui ont facilité son retour au pays.

Mercredi, de l'aéroport au centre-ville, des dizaines de milliers de personnes, l'ont accueilli pour son retour.

Il s'agit du rassemblement le plus important en RDC depuis deux ans et le retour d'un autre opposant, Étienne Tshisekedi, en juillet 2016.

Toute manifestation était interdite depuis les journées meurtrières de septembre et décembre 2016, où les forces de sécurité avaient tiré sur des manifestants qui demandaient le départ du président Kabila à la fin de son dernier mandat fin 2016.

En fin de journée de mercredi, M. Bemba a été empêché par la police de poser ses valises dans une propriété voisine de la résidence du président Joseph Kabila "pour des raisons d'ordre sécuritaire".

- Liesse populaire -

"Kabila oyebele (ndlr: méfie-toi), le mandat a pris fin", "Adieu Kabila", "Bemba rase lui cette barbe blanche...: tout au long du trajet, les manifestants n'ont pas fait mystère de leurs préférences politiques, à en juger par les slogans et chants entendus par les journalistes de l'AFP.

"Le dernier épisode de la série Kabila se joue aujourd'hui. Le film est à sa fin", a lancé une infirmière, Angélique.

Le chef de l’État, qui ne peut plus se représenter, affirme qu'il respectera la Constitution, mais il n'a toujours pas désigné de "dauphin" au sein de sa majorité présidentielle.

M. Kabila s'est rendu jeudi à Luanda pour une visite de deux jours à l'invitation de son homologue angolais Joao Lourenço.

"Nous avons abordé trois points : les relations commerciales, politiques et sociales", a déclaré M. Kabila sans plus de détails.

Le président angolais Joao Lourenço s'est dit "satisfait des mesures déjà données pour les élections prévues pour décembre".

Interrogé jeudi sur l'utilisation de la machine à voter (une sorte d'imprimante des bulletins dans les bureau de vote) dénoncée par l'opposition qui la qualifie de "machine à tricher", M. Bemba a dit : "Je ne vais pas jeter de l'huile sur le feu".

Pour la prochaine présidentielle "l'objectif est d'obtenir des élections tant transparentes que crédibles", a dit M. Bemba.

La manifestation de mercredi n'était ni formellement interdite par les autorités ni tout à fait autorisée comme le souhaitait les partisans de M. Bemba.

Le Mouvement de libération du Congo de M. Bemba a d'ailleurs dénoncé un "déni de droit" et même "la maltraitance que subit le sénateur Jean-Pierre Bemba".

En cause: le rythme du cortège. La police a tiré quelques gaz lacrymogènes et demandé au convoi d'accélérer en sortant de l'aéroport pour éviter des célébrations qui s'étirent dans la durée.

Après son dépôt de candidature, M. Bemba compte se rendre samedi dans son fief familial de Gemena (nord-ouest) sur la tombe de son père, un homme d'affaires qui a fait fortune à l'époque du maréchal Mobutu.

A Lubumbashi (sud-est), les proches d'un autre opposant en exil, Moïse Katumbi, ont invité la population à lui "réserver un accueil chaleureux" ce vendredi à 9h00 du matin à l'aéroport.

M. Katumbi risque de tomber sous le coup d'un mandat d'arrêt s'il revient en RDC où il est condamné à trois ans de prison dans une affaire de spoliation immobilière dont il conteste tout fondement.
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