(Par Momar DIENG)
La crise ouverte par la rupture des relations diplomatiques entre l’émirat du Qatar et des puissances arabes conduites par l’Arabie Saoudite déborde des frontières du Golfe arabo-persique pour poser ses stigmates en Afrique. Et comme souvent, le Sénégal n’est pas en reste. Notre pays vient en effet de rappeler son ambassadeur au Qatar «pour consultations».
La durée de l’absence de son Excellence Mamadou Sall au poste n’a pas été précisée dans le tweet rendu publique par le service de communication de la présidence sénégalaise.
Cette mesure diplomatique paraît quelque peu surprenante car Dakar entretenait jusqu’ici d’excellents rapports avec l’émirat gazier. Les deux Etats ont en effet signé récemment plusieurs accords de coopération bilatérale dont un relatif à la promotion des droits humains en Afrique. Une démarche qui avait d’autant intrigué que l’émirat n’est pas spécialement connu pour être un samaritain du respect des droits de l’Homme.
Par ailleurs, le Qatar avait accepté le 23 juin 2016 l’exfiltration de Karim Wade. C’est nuitamment que le fils de l’ancien chef d’Etat sénégalais Abdoulaye Wade avait été extrait de la prison de Rebeuss pour être acheminé à Doha à bord d’un avion-business de l’émirat, sous les yeux du procureur général de Qatar venu à Dakar pour la circonstance.
Toutefois, c’est l’Arabie Saoudite qui passe pour être le véritable allié du Sénégal dans cette région du monde particulièrement agitée. A cet égard, il n’est pas impossible que la décision du président Macky Sall soit la réponse positive à une requête du Roi Salmane.
C’est la vieille amitié saoudienne qui avait également poussé le Sénégal à soutenir les armées de la coalition arabo-américano-israélienne contre les Outhi, des chiites soutenus par l’Iran dans leur volonté de conquérir le pouvoir au Yémen. Après l’intervention du ministre des Affaires étrangères à l’assemblée nationale, rien n’avait filtré sur un éventuel départ de troupes militaires vers Ryad… Un compte-rendu de presse sur les préparatifs de l’engagement militaire sénégalais avait même amené ses auteurs devant le tribunal.
Au Qatar, il se passe toujours quelque chose en juin
L’engagement sénégalais a pu être conforté par Donald Trump, chef de l’Administration américaine, qui a violemment accusé le Qatar de «soutenir les extrémistes musulmans» de l’entité appelée «Etat Islamique». Le Sénégal aurait-il été convaincu par les arguments défendus par l’axe Ryad-Washington ? Il semble bien que oui.
Au-delà du cas des «extrémistes musulmans», Américains et Saoudiens veulent surtout étouffer en premier lieu la résistance palestinienne dont la plupart des cadres dirigeants sont réfugiés au Qatar afin d’échapper aux assassinats ciblés dont Israël s‘est rendu expert. C’est le cas de l’ex-numéro 1 du Hamas, Khaled Mechaal, qui vit dans l’émirat depuis plusieurs années. Ismael Haniyeh, son successeur élu par vote il y a quelques semaines, a lui choisi de rester dans la Bande de Gaza, en dépit des risques encourus.
Ce nouveau désordre créé par les Saoudiens, outre qu’il cherche à asseoir définitivement la suprématie du régime Wahabite dans cette région ultra-stratégique du monde où passe une bonne partie de l’approvisionnement du monde en pétrole, veut mettre au pas les autres petites monarchies-satellites de Ryad.
Dans le même registre, des organes d’information alternatifs comme le site voltairenet.org annonçaient il y a quelques jours l’imminence d’actes terroristes en Iran. Ce mercredi 7 juin, le parlement iranien et le mausolée de l’imam Khomeiny, fondateur de la république islamique, aurait été attaqués en simultané par des «jihadistes» non identifiés, selon le site voltaire.
Il est intéressant de constater que cette subite montée des tensions intervient deux semaines seulement après la visite de Donald Trump à Ryad. A cette occasion – un sommet Etats-Unis et pays de la Oumma islamique - le président Us avait appelé à l’isolement de l’Iran, ennemi juré de l’alliance américano-saoudienne qui s’est repositionné comme une puissance incontournable depuis sa sortie du «conflit nucléaire» avec le groupe des six pays occidentaux et l’Agence internationale de l’énergie atomique (Aiea). Ici, repose un autre grief contre Qatar, ses relations amicales avec Téhéran.
Israël se frotte les mains dans la réorganisation des alliances
La situation va peut-être revenir à la normale dans les prochaines semaines. Mais en attendant, les risques d’une conflagration généralisée dans cette zone pétro-gazière ne sont pas à écarter. Le Yémen est déjà à feu et à sang en raison de la volonté des autorités saoudiennes de ne pas accepter un pouvoir proche de l’Iran, celui des Outhis.
Par souci de circonscrire les dégâts d’un potentiel front guerrier, les Saoudiens pourraient chercher à soutenir un coup d’Etat contre l’émir régnant, Cheikh Tamim Al Thani, qui vient tout juste de boucler ses 37 ans. Arrivé au trône en juin 2013, il avait organisé une révolution douce au terme de laquelle il avait démis son propre père pour s’installer à sa place.
De fait, le chaos dans la région profite singulièrement à l’Etat d’Israël dont les relations avec l’Arabie Saoudite sont loin d’être mauvaises et qui, avec l’arrivée de Trump à la Maison Blanche, a repris sa politique de colonisation des terres palestiniennes sans grande pression américaine.
Selon le géo-politologue Thierry Meyssan, c’est une réorganisation totale des alliances qui se dessine dans cette partie du monde.
Question: le Qatar qui censé parrainer les "extrémistes musulmans" pourrait-il exercer des représailles contre le Sénégal sur son sol?
La crise ouverte par la rupture des relations diplomatiques entre l’émirat du Qatar et des puissances arabes conduites par l’Arabie Saoudite déborde des frontières du Golfe arabo-persique pour poser ses stigmates en Afrique. Et comme souvent, le Sénégal n’est pas en reste. Notre pays vient en effet de rappeler son ambassadeur au Qatar «pour consultations».
La durée de l’absence de son Excellence Mamadou Sall au poste n’a pas été précisée dans le tweet rendu publique par le service de communication de la présidence sénégalaise.
Cette mesure diplomatique paraît quelque peu surprenante car Dakar entretenait jusqu’ici d’excellents rapports avec l’émirat gazier. Les deux Etats ont en effet signé récemment plusieurs accords de coopération bilatérale dont un relatif à la promotion des droits humains en Afrique. Une démarche qui avait d’autant intrigué que l’émirat n’est pas spécialement connu pour être un samaritain du respect des droits de l’Homme.
Par ailleurs, le Qatar avait accepté le 23 juin 2016 l’exfiltration de Karim Wade. C’est nuitamment que le fils de l’ancien chef d’Etat sénégalais Abdoulaye Wade avait été extrait de la prison de Rebeuss pour être acheminé à Doha à bord d’un avion-business de l’émirat, sous les yeux du procureur général de Qatar venu à Dakar pour la circonstance.
Toutefois, c’est l’Arabie Saoudite qui passe pour être le véritable allié du Sénégal dans cette région du monde particulièrement agitée. A cet égard, il n’est pas impossible que la décision du président Macky Sall soit la réponse positive à une requête du Roi Salmane.
C’est la vieille amitié saoudienne qui avait également poussé le Sénégal à soutenir les armées de la coalition arabo-américano-israélienne contre les Outhi, des chiites soutenus par l’Iran dans leur volonté de conquérir le pouvoir au Yémen. Après l’intervention du ministre des Affaires étrangères à l’assemblée nationale, rien n’avait filtré sur un éventuel départ de troupes militaires vers Ryad… Un compte-rendu de presse sur les préparatifs de l’engagement militaire sénégalais avait même amené ses auteurs devant le tribunal.
Au Qatar, il se passe toujours quelque chose en juin
L’engagement sénégalais a pu être conforté par Donald Trump, chef de l’Administration américaine, qui a violemment accusé le Qatar de «soutenir les extrémistes musulmans» de l’entité appelée «Etat Islamique». Le Sénégal aurait-il été convaincu par les arguments défendus par l’axe Ryad-Washington ? Il semble bien que oui.
Au-delà du cas des «extrémistes musulmans», Américains et Saoudiens veulent surtout étouffer en premier lieu la résistance palestinienne dont la plupart des cadres dirigeants sont réfugiés au Qatar afin d’échapper aux assassinats ciblés dont Israël s‘est rendu expert. C’est le cas de l’ex-numéro 1 du Hamas, Khaled Mechaal, qui vit dans l’émirat depuis plusieurs années. Ismael Haniyeh, son successeur élu par vote il y a quelques semaines, a lui choisi de rester dans la Bande de Gaza, en dépit des risques encourus.
Ce nouveau désordre créé par les Saoudiens, outre qu’il cherche à asseoir définitivement la suprématie du régime Wahabite dans cette région ultra-stratégique du monde où passe une bonne partie de l’approvisionnement du monde en pétrole, veut mettre au pas les autres petites monarchies-satellites de Ryad.
Dans le même registre, des organes d’information alternatifs comme le site voltairenet.org annonçaient il y a quelques jours l’imminence d’actes terroristes en Iran. Ce mercredi 7 juin, le parlement iranien et le mausolée de l’imam Khomeiny, fondateur de la république islamique, aurait été attaqués en simultané par des «jihadistes» non identifiés, selon le site voltaire.
Il est intéressant de constater que cette subite montée des tensions intervient deux semaines seulement après la visite de Donald Trump à Ryad. A cette occasion – un sommet Etats-Unis et pays de la Oumma islamique - le président Us avait appelé à l’isolement de l’Iran, ennemi juré de l’alliance américano-saoudienne qui s’est repositionné comme une puissance incontournable depuis sa sortie du «conflit nucléaire» avec le groupe des six pays occidentaux et l’Agence internationale de l’énergie atomique (Aiea). Ici, repose un autre grief contre Qatar, ses relations amicales avec Téhéran.
Israël se frotte les mains dans la réorganisation des alliances
La situation va peut-être revenir à la normale dans les prochaines semaines. Mais en attendant, les risques d’une conflagration généralisée dans cette zone pétro-gazière ne sont pas à écarter. Le Yémen est déjà à feu et à sang en raison de la volonté des autorités saoudiennes de ne pas accepter un pouvoir proche de l’Iran, celui des Outhis.
Par souci de circonscrire les dégâts d’un potentiel front guerrier, les Saoudiens pourraient chercher à soutenir un coup d’Etat contre l’émir régnant, Cheikh Tamim Al Thani, qui vient tout juste de boucler ses 37 ans. Arrivé au trône en juin 2013, il avait organisé une révolution douce au terme de laquelle il avait démis son propre père pour s’installer à sa place.
De fait, le chaos dans la région profite singulièrement à l’Etat d’Israël dont les relations avec l’Arabie Saoudite sont loin d’être mauvaises et qui, avec l’arrivée de Trump à la Maison Blanche, a repris sa politique de colonisation des terres palestiniennes sans grande pression américaine.
Selon le géo-politologue Thierry Meyssan, c’est une réorganisation totale des alliances qui se dessine dans cette partie du monde.
Question: le Qatar qui censé parrainer les "extrémistes musulmans" pourrait-il exercer des représailles contre le Sénégal sur son sol?