(…) Un regard moins partisan? Je m'excuse, mais qui fait preuve d'un esprit partisan dans cette affaire ? Monsieur le Premier Ministre Ousmane SONKO, qui n'a en rien soulevé ce problème, mais dont les propos sont extraits d'une réponse qu'il faisait à une question qui lui était posée, et la réponse est claire, nette et sans bavure, et ne souffre pas d'interligne qu'il faudrait décrypter en vertu de je ne sais quelle appartenance ? L'Etat, sous le magistère du Président Bassirou Diomaye FAYE, n'acceptera jamais une discrimination concernant les élèves, de quelque établissement qu'il soit, de quelque religion qu'il soit. C'est clair, net est précis. Refuser des élèves au motif qu'elles portent le voile est une discrimination scandaleuse, et qui plus est ridicule et provocatrice, dans un pays ou la religion musulmane représente 95% de la population. Et malgré cette supériorité en nombre, tous les Présidents qui se sont succédé, y compris le précédent qui est loin d'être exempt de tout reproche, mais pas sur ce plan là, se sont attachés à ne pas raisonner en pourcentage, mais en équilibre. C'est ça l'exception sénégalaise, aussi.
La première faute avait été commise par l'institution Jeanne d'Arc, en 2019: elle fut vite maitrisée par l'énoncé d'une ordonnance rappelant les règles fondamentales du pays, car je le répète, un règlement intérieur de quelque organisme que ce soit, mais plus encore de la part d'un établissement étranger qui n'est pas chez lui ici, mais accepté comme invité, ne peut en aucun cas suppléer les règles de la république. Un règlement intérieur se doit, c'est l'évidence même, d'être en adéquation avec les règles de la république, dans le cas contraire, il n'a aucune valeur.
Mais point n'est besoin, lorsque l'on prend connaissance, de cette ridicule missive d'un Abbé politicien et qui ne se cache pas derrière son petit doigt pour mépriser et à la limite insulter le Premier Ministre du Pays où il vit, dépassant par là la simple critique, si l'on y ajoute la sortie du Conseil du laïcat, cela s'apparente un peu comme une action commando, directement déclenchée depuis Marrakech. Il s'agit donc bien d'une tentative de déstabilisation, une manœuvre politique, et le clergé aurait tout intérêt à prendre ses distances avec la politique et les politiques, de quelque bord qu'ils soient.
Je pense que cet abbé, que je ne connais pas, aurait tout intérêt à lire l'entité de la réponse de Monsieur le Premier Ministre, faite à ce jeune de l'assistance, et dont est extraite, comme par hasard, cette seule et petite phrase jugée blasphématoire, et il comprendra vite, car l'homme me parait intelligent, qu'il a commis une grosse, grosse bêtise, qui laisserait supposer, qu'il n'est ni plus ni moins qu'un émissaire de l'ex Président en quasi fuite au Maroc, pour les raisons que lui connait, mais que nous révèle également, chaque jour ou presque, les organes de contrôle de l'état, qui eux, ont toujours fait preuve d'une impartialité totale.
Je pense que des excuses, de la part de cet impétueux Abbé, seraient le moins que l'on puisse attendre d'une personne soucieuse que son honnêteté intellectuelle soit reconnue.
En conclusion, je dirai tout simplement qu'il est extrêmement dangereux que la religion se mêle de la politique, surtout lorsqu'elle est, comme c'est souvent le cas, "politicienne".
Et pour en finir et être complet sur cette affaire, je précise que je ne suis en rien un supporter de Monsieur Ousmane SONKO. Avant sa sortie de prison, en sa qualité de prisonnier politique, j'avais des réserves, je suis toujours réservé. Mais lorsque l'homme et la fonction d'un Premier Ministre du pays qui m'a fait l'honneur de m’accueillir et où je vis toute l'année, participant à l'économie locale en dépensant la totalité de mes revenus ici, est attaqué d'une manière aussi injuste et scandaleuse, il serait hypocrite et lâche, de ma part, de rester dans mon coin et ne pas donner mon avis. Je n'appartiens à aucun mouvement social, aucun parti politique, j'observe simplement ce qui se passe dans le pays où je vis, et donne mon avis que j'essaie étayé par des faits précis: c'est le cas ici, car pour porter un jugement de valeur et se faire une opinion sur les idées de Monsieur le Premier Ministre, il faut lire (ou entendre, pour ceux qui étaient présents) la totalité de sa déclaration, et non pas en extraire quelques mots destinés à servir une cause dictée par une force bien connue, et qui se situe à quelques milliers de kilomètres au nord du SENEGAL. Suivez mon regard.
Des excuses de la part de cet Abbé, comme tous les organes officiels qui lui ont emboité le pas, certainement un peu rapidement, souvent sans même savoir de quoi il s'agissait, seraient à mon sens, non seulement bienvenues, mais éteindraient un incendie qui, si l'on n'y prend garde, deviendrait très compliqué à maitriser. Se tromper, c'est une erreur. Ne pas reconnaitre que l'on s'est trompé, et persister dans son ignorance est une faute, qui discrédite totalement son auteur.
Que chacun, en son âme et conscience, en tire les conclusions qui s'imposent.
Me François JURAIN