Les trois partis de la coalition de centre-gauche du chancelier allemand Olaf Scholz ont accusé une sévère défaite dimanche lors d'élections dans deux grandes régions, bastions des conservateurs, qui montrent aussi une poussée de l'extrême droite, selon les premières estimations.
Les sociaux-démocrates (SPD) de M. Scholz, les Verts et les libéraux du FDP sont en recul dans les deux scrutins qui ont eu lieu en Bavière (sud), le plus grand Etat allemand en superficie, et en Hesse (ouest) où se trouve Francfort, le siège de la Banque centrale européenne (BCE).
En Bavière, le FDP n'aurait pas atteint les 5% nécessaire pour rester au parlement.
A mi-mandat, le gouvernement d'Olaf Scholz est ainsi sanctionné dans des élections où l'inquiétude de la population face à la crise industrielle traversée par la première économie européenne et la résurgence de la question migratoire ont joué un rôle central.
- "Punition"
Selon les estimations, les conservateurs ont remporté comme attendu les deux élections et le parti d'extrême droite Alternative pour l'Allemagne (AfD) pourrait prendre la seconde place.
"Nous sommes sur la bonne voie", a rapidement réagi la co-cheffe de l'AfD Alice Weidel, interprétant les résultats comme "une punition" pour le gouvernement et "un vote pour un changement".
Ce parti anti-immigration, qui critique aussi les mesures de protection du climat assimilées à la cherté et à la contrainte, a ainsi confirmé son envolée dans les sondages au niveau national où il recueille plus entre 20 et 22% des intentions de vote, derrière la droite.
Il a profité du fait que la campagne s'est largement focalisée sur les critiques à l'encontre de la coalition au pouvoir depuis décembre 2021, minée par des querelles incessantes.
Autre enjeu de campagne: les craintes d'une nouvelle crise migratoire comme celle de 2015, en raison d'une hausse des arrivées de demandeurs d'asile, en provenance notamment de Syrie et d'Afghanistan, via la Pologne, l'Autriche et la République tchèque voisines.
- "Résultats décevants"
L'invasion russe de l'Ukraine en février 2022 avait favorisé une période d'unité au sein du gouvernement.
Mais les frictions se sont ensuite multipliées sur tous les sujets, de la réduction des dépenses budgétaires aux mesures de lutte contre le réchauffement climatique.
En Hesse, le SPD mené par le ministre de l'Intérieur Nancy Faeser en a fait les frais: le parti arriverait en quatrième position seulement (15,2%), après l'AfD (16,8%) et les Verts (15,5%), et loin derrière l'Union chrétienne-démocrate (CDU) menée par un inconnu, Boris Rhein, qui décroche 34,7%, en nette hausse comparé à 2018 (27%), selon les premières estimations.
"Nous n'avons hélas pas réussi à nous imposer avec nos thèmes. C'est une performance très décevante", a réagi la ministre un poids-lourds du gouvernement qui entend conserver son portefeuille de l'Intérieur.
En Bavière, le tonitruant chef du gouvernement Markus Söder a certes remporté le scrutin, mais avec un résultat en légère baisse (36,7%) et le plus mauvais depuis plus de 70 ans pour son parti Union chrétienne-sociale (CSU), avatar régional de la CDU.
Ce score pourrait fragiliser ses velléités présumées de devenir chancelier.
L'AfD (15,8%) et les Verts (15,6%) sont au coude à coude pour la deuxième place en Bavière, tandis que le SPD, chroniquement faible dans ce Land, perd encore des suffrages (8,5%).
M. Söder devrait reconduire sa coalition avec les Electeurs Libres (Freie Wähler), parti très conservateur implanté dans les campagnes qui récolte 14% des voix.
La popularité de cette formation n'a pas souffert, au contraire, de la polémique cet été autour d'un tract à caractère antisémite attribué à leur chef, Hubert Aiwanger (52 ans), et remontant au temps de son adolescence. Son frère en a finalement revendiqué la paternité. [AFP]