Depuis un an et demi, la force Barkhane est accusée dans au moins trois cas d’avoir bombardé des civils. Des chercheurs soupçonnent la France de mener, comme les États-Unis au Moyen-Orient, des « frappes signatures », fondées sur une interprétation très contestée du droit de la guerre.
Il y a les annonces. Et puis il y a la réalité. Le 10 juin, Emmanuel Macron a décrété « la fin de l’opération Barkhane en tant qu’opération extérieure » et sa transformation en « opération d’appui, de soutien et de coopération aux armées des pays de la région ». Mais l’armée française n’a pas encore quitté la bande saharo-sahélienne. Loin de là.
« Nous ne partons pas, il ne s’agit pas d’un désengagement », précise une source militaire, qui évoque un « allègement » progressif, lequel pourrait débuter en fin d’année, d’abord avec la fermeture de bases situées au nord du Mali, ensuite avec une diminution au compte-gouttes du contingent, qui pourrait passer de 5 100 soldats actuellement à 2 500 à l’horizon 2023. Reste à savoir comment l’exécutif français compte articuler la nouvelle architecture, qui est toujours en discussion.
Les forces spéciales, installées à Ouagadougou depuis plus de dix ans, et qui agissent en parallèle des forces conventionnelles, auront-elles un rôle accru ? Et quid de la composante aérienne, pour l’heure basée à Niamey et à N’Djamena : les drones et les avions de chasse continueront-ils à mener des frappes ?
Pour un certain nombre d’observateurs, notamment des défenseurs des droits humains et des chercheurs, cette dernière question est cruciale : il ne leur a pas échappé que l’inflation des bombardements aériens a coïncidé avec la multiplication des accusations de « bavures ».
Cette inflation remonte à l’année dernière. Selon un décompte dévoilé par le journaliste Jean-Marc Tanguy, 206 bombes ont été tirées en 2020 par les avions de chasse de la force Barkhane – largement plus qu’en 2019 : 83 frappes – et peut-être autant par les drones, qui sont armés depuis décembre 2019.
Trois accusations sérieuses
Auparavant, rares étaient les allégations faisant état de victimes « collatérales » à la suite des frappes venues du ciel. La plus étayée concernait un raid mené en octobre 2017 contre un camp du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), situé dans le nord-est du Mali. Cette opération avait provoqué la mort de onze soldats maliens qui y étaient détenus après avoir été faits prisonniers par les djihadistes.
Depuis lors, Mediapart a documenté trois accusations sérieuses faisant état de victimes civiles après une frappe aérienne.
Il y eut tout d’abord la frappe de Fatawada, dans le Gourma (Mali), en février 2020. Une enquête du site Sahelien.com récemment mise en ligne a étayé les informations de Mediapart de septembre 2020 faisant état de victimes parmi les habitants de la zone.
Lire la suite dans : https://www.mediapart.fr/journal/international/280621/sahel-les-frappes-de-l-armee-francaise-dans-le-collimateur
Il y a les annonces. Et puis il y a la réalité. Le 10 juin, Emmanuel Macron a décrété « la fin de l’opération Barkhane en tant qu’opération extérieure » et sa transformation en « opération d’appui, de soutien et de coopération aux armées des pays de la région ». Mais l’armée française n’a pas encore quitté la bande saharo-sahélienne. Loin de là.
« Nous ne partons pas, il ne s’agit pas d’un désengagement », précise une source militaire, qui évoque un « allègement » progressif, lequel pourrait débuter en fin d’année, d’abord avec la fermeture de bases situées au nord du Mali, ensuite avec une diminution au compte-gouttes du contingent, qui pourrait passer de 5 100 soldats actuellement à 2 500 à l’horizon 2023. Reste à savoir comment l’exécutif français compte articuler la nouvelle architecture, qui est toujours en discussion.
Les forces spéciales, installées à Ouagadougou depuis plus de dix ans, et qui agissent en parallèle des forces conventionnelles, auront-elles un rôle accru ? Et quid de la composante aérienne, pour l’heure basée à Niamey et à N’Djamena : les drones et les avions de chasse continueront-ils à mener des frappes ?
Pour un certain nombre d’observateurs, notamment des défenseurs des droits humains et des chercheurs, cette dernière question est cruciale : il ne leur a pas échappé que l’inflation des bombardements aériens a coïncidé avec la multiplication des accusations de « bavures ».
Cette inflation remonte à l’année dernière. Selon un décompte dévoilé par le journaliste Jean-Marc Tanguy, 206 bombes ont été tirées en 2020 par les avions de chasse de la force Barkhane – largement plus qu’en 2019 : 83 frappes – et peut-être autant par les drones, qui sont armés depuis décembre 2019.
Trois accusations sérieuses
Auparavant, rares étaient les allégations faisant état de victimes « collatérales » à la suite des frappes venues du ciel. La plus étayée concernait un raid mené en octobre 2017 contre un camp du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), situé dans le nord-est du Mali. Cette opération avait provoqué la mort de onze soldats maliens qui y étaient détenus après avoir été faits prisonniers par les djihadistes.
Depuis lors, Mediapart a documenté trois accusations sérieuses faisant état de victimes civiles après une frappe aérienne.
Il y eut tout d’abord la frappe de Fatawada, dans le Gourma (Mali), en février 2020. Une enquête du site Sahelien.com récemment mise en ligne a étayé les informations de Mediapart de septembre 2020 faisant état de victimes parmi les habitants de la zone.
Lire la suite dans : https://www.mediapart.fr/journal/international/280621/sahel-les-frappes-de-l-armee-francaise-dans-le-collimateur