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SENEGALAIS FORMES A POLYTECHNIQUE PARIS: Talla Guèye, optimiseur de champs pétroliers offshore

Mercredi 12 Octobre 2016

Mon été 2016 fût riche en rencontres, échanges et découvertes. Parmi ces découvertes, des Sénégalais formés à Polytechnique Paris en font partie. Naturellement, quand on voit les siens accéder aux meilleures filières du monde, on se pose au moins ces deux questions : qui sont-ils ? Et que font-ils à la sortie de ces filières ? Ici, on parle de Talla Guèye.
 
Par Aminata THIOR (mondoblog.org)
 
Dans une famille, il y a souvent parmi les enfants, le réglo, le bosseur, le gentil, le meilleur dans la conduite. Celui que les parents désignent toujours comme l’exemple. Au lycée Limamoulaye, avec la promotion 2005, c’était Talla Gueye, le modèle à suivre. Les élèves de Terminale de la seule S1 de cet établissement de la banlieue dakaroise et de la classe pilote S2F (à l’époque il existait le système de classe pilote où le lycée Limamoulaye mettait les meilleurs élèves de chaque série dans une classe) se souviendront de lui. Tous les professeurs de maths, physique et chimie rappelaient sans cesse son génie aux élèves.

Quand on lui rappelle cette anecdote, Talla ne tarde pas à préciser qu’il y en avait de plus intelligents que lui, mais qui ont été distraits en cours de route par le football ou contraints de travailler pour subvenir aux besoins de leurs familles. “Ma chance, je pense, c’est d’avoir été le premier de la famille à avoir fait l’école française et d’avoir eu des parents qui m’ont poussé vers le haut. Par la suite c’est par vocation et passion que je me suis entièrement consacré aux études.” conclut-il, d’une voix posée et assez gênée.

Si Talla avait directement rejoint Paris 6 après son Bac, c’est parce qu’il a eu ce qu’il appelle un “éclaireuret cet éclaireur n’est personne d’autre que Thierno Ly (voir Nouvel Hebdo n°23). « Thierno est l’une de ces personnes qui, non seulement réussissent, mais aident également les autres à réussir. Il m’a énormément apporté dans ma vie scolaire, tout comme Cheikh Tidiane Diagne, cet autre aîné qui m’a fourni de prestigieux conseils sur mon parcours professionnel. Nous étions nombreux à bénéficier de leur aide lorsque nous étions au lycée », confie-t-il, enthousiaste.
 
Compromis entre études et exigences familiales
A 18 ans, Talla Guèye avait déjà une vision claire de ce qu’il voulait faire : un doctorat en mathématiques et devenir enseignant. Au fil des ans et face à une certaine situation familiale, il opta pour un compromis entre sa passion - les mathématiques - et l’opportunité de finir rapidement les études et d’accéder à une très bonne situation pour aider les siens. Donc, avant d’intégrer l’X, il avait passé et réussi le concours d’entrée à l’Ecole Normale Supérieure (ENS) de Paris pour devenir enseignant. Il s’est retiré de l’ENS pour intégrer l’X en plein mois d’avril 2007.
Aujourd’hui, lui et Thierno se sont retrouvés salariés chez Total par le plus grand des hasards.
 
Ce n’est ni le cadet qui a suivi l’aîné, ni l’éclaireur qui a conseillé son poulain. Juste un heureux concours de circonstances. Pour Talla, la filière d’ingénieur à l’X lui permettait de travailler toutes les matières qu’il aimait : mathématiques, mécanique, physique, chimie, informatique… « Je ne me suis pas du tout ennuyé à Polytechnique car je touchais à tout et je voulais retrouver cet aspect multi-discipline dans mon futur job. Le domaine du pétrole répondait à ces exigences et Total est l’un des meilleurs dans le secteur », argumente-t-il. En effet, rejoindre le major français lui permettait d’appliquer toutes ces disciplines scientifiques dans son travail de tous les jours.
 
Au groupe Total depuis six ans
« De plus, je voulais évoluer dans un environnement international et Total m’offrait l’opportunité de changer de pays tous les 3 ans en moyenne », poursuit-il. Il a fait 2 ans à Paris et depuis 4 ans, il évalue et optimise la production de champs offshore (des réserves de pétrole) au Nigéria. Il réalise également des travaux de développement et de prévision de la production de pétrole d’ici 20 ans. Dans quelques mois, il s’envolera au Moyen Orient, à Abu Dhabi, pour dit-il, être au cœur  de la zone disposant de la plus grande réserve de pétrole au monde, mais aussi être davantage sur le terrain pour approfondir ses connaissances et compétences. « Plus tard, je souhaiterais utiliser ces expériences acquises sur le terrain pour servir le Sénégal. Et ce, dès que l’opportunité se présentera. »


 
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