Loin des appréciations jugées très critiquables que portent certaines institutions économiques et financières internationales, il semble que le Sénégal puisse aussi être regardé dans ce qu’il est en réalité, sur le terrain de la vie quotidienne de ses populations par exemple.
Selon un document d’enquête estampillé «Confidentiel» et réalisé par un consortium d’experts pluridisciplinaires ayant travaillé sur les critères du bien-être établis par l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), «l’ampleur de la pauvreté, notamment dans les zones rurales, mine les possibilités de consommation des populations.» De fait, «l’amélioration du pouvoir d’achat passera, entre autres, par l’amélioration des conditions d’emploi.»
Cependant, poursuit la même source, «avec un faible nombre de création d’emplois, le marché de l’emploi est dominé par l’informalité, le sous-emploi et le chômage, notamment celui des jeunes diplômés.» Or, «une amélioration soutenue du stock de capital humain est nécessaire pour améliorer le niveau de conditions matérielles des populations dans la perspective de l’émergence.»
Le résultat est (presque) sans appel: «malgré une augmentation significative des ressources financières au cours de la dernière décennie, le Gouvernement n’a pas réussi à engager une réforme structurelle du secteur de l’éducation. Les défaillances du système de gouvernance, l’absence d’une politique de ressources humaines efficace et une organisation scolaire peu propice aux conditions d’apprentissage pénalisent durablement les performances éducatives du pays tant en termes d’accès que de qualité.»
Performances en termes de conditions matérielles
En partant du principe de réalité qui veut que «le développement d’un pays ne se cantonne pas à la croissance économique», l’étude juge «nécessaire de dépasser les indicateurs macroéconomiques traditionnels, tels que le PIB, pour considérer le développement comme un phénomène multidimensionnel qui affecte différents aspects de la vie quotidienne des individus.»
Cette rupture est d’autant plus souhaitée que non seulement «le PIB ne reflète pas la répartition des ressources entre les individus et les groupes sociaux», mais il «ne prend pas en compte les dimensions non monétaires du bien-être, comme l’état de santé et le niveau d’instruction de la population.»
Une population à 40% pauvre
En 2015, le revenu national brut par habitant du Sénégal a été évalué à 2390 dollars US. Une nette progression par rapport au niveau de l’année 1994 ou ce revenu national n’était que 1200 dollars. «Cependant, les niveaux de pauvreté restent très élevés avec près de 40% de la population vivant avec moins de 1,90 dollar par jour, contre 29% attendus compte tenu du niveau de développement du pays.» Dans les zones rurales, ce taux de pauvreté atteint 60%.
En gros, note l’institut Gallup cité dans l’étude, «près de 40% des Sénégalais estiment leurs ressources financières insuffisantes pour se nourrir et 7°% d’entre eux ne sont pas satisfaits de leur niveau de vie.» Le régime arrivé au pouvoir en 2012 a certes fait preuve de volontarisme avec des politiques visant à réduire certaines inégalités. Néanmoins, «la mise en place tardive des filets de protection sociale, et la croissance modérée sur la dernière décennie n’ont pas permis de faire diminuer les chiffres de la pauvreté depuis 2005.»
Pauvreté multidimensionnelle, niveau national et régional
«Sont considérés comme pauvres multidimensionnels les individus qui présentent des ‘privations’ sur plus d’un tiers (soit 33%) des indicateurs considérés. Au Sénégal, 52% de la population vit dans une pauvreté multidimensionnelle. Ce score est l’un des plus importants au sein des pays de l’échantillon.
L’intensité de la pauvreté multidimensionnelle est également élevée: la part de la population sénégalaise considérée comme pauvre multidimensionnelle présente des privations sur plus de 54% des indicateurs considérés. Les mauvaises performances du Sénégal en matière d’éducation concourent à hauteur de 44% dans l’indice de pauvreté multidimensionnelle, suivies par le niveau de vie.»
«Les régions les moins pauvres (Dakar, Thiès et Saint-Louis) sont également celles qui enregistrent les meilleures performances en termes de santé et d’éducation», indique l’étude. Ces mêmes régions sont celles qui ont les taux de pauvreté les plus faibles, soit 26.1 (Dakar), 39.5 (Thiès) et 41.3 (Saint-Louis).
Elles affichent par ailleurs les meilleurs taux de scolarisation dans le secondaire (45.5, 36.8 et 30.7), ceux concernant l’alphabétisation (68.9, 53.8 et 53.2), ainsi que les taux de mortalité infanto-juvénile les plus faibles (42 et 46 pour 100 000 naissances à Thiès et Dakar. (A suivre)
Selon un document d’enquête estampillé «Confidentiel» et réalisé par un consortium d’experts pluridisciplinaires ayant travaillé sur les critères du bien-être établis par l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), «l’ampleur de la pauvreté, notamment dans les zones rurales, mine les possibilités de consommation des populations.» De fait, «l’amélioration du pouvoir d’achat passera, entre autres, par l’amélioration des conditions d’emploi.»
Cependant, poursuit la même source, «avec un faible nombre de création d’emplois, le marché de l’emploi est dominé par l’informalité, le sous-emploi et le chômage, notamment celui des jeunes diplômés.» Or, «une amélioration soutenue du stock de capital humain est nécessaire pour améliorer le niveau de conditions matérielles des populations dans la perspective de l’émergence.»
Le résultat est (presque) sans appel: «malgré une augmentation significative des ressources financières au cours de la dernière décennie, le Gouvernement n’a pas réussi à engager une réforme structurelle du secteur de l’éducation. Les défaillances du système de gouvernance, l’absence d’une politique de ressources humaines efficace et une organisation scolaire peu propice aux conditions d’apprentissage pénalisent durablement les performances éducatives du pays tant en termes d’accès que de qualité.»
Performances en termes de conditions matérielles
En partant du principe de réalité qui veut que «le développement d’un pays ne se cantonne pas à la croissance économique», l’étude juge «nécessaire de dépasser les indicateurs macroéconomiques traditionnels, tels que le PIB, pour considérer le développement comme un phénomène multidimensionnel qui affecte différents aspects de la vie quotidienne des individus.»
Cette rupture est d’autant plus souhaitée que non seulement «le PIB ne reflète pas la répartition des ressources entre les individus et les groupes sociaux», mais il «ne prend pas en compte les dimensions non monétaires du bien-être, comme l’état de santé et le niveau d’instruction de la population.»
Une population à 40% pauvre
En 2015, le revenu national brut par habitant du Sénégal a été évalué à 2390 dollars US. Une nette progression par rapport au niveau de l’année 1994 ou ce revenu national n’était que 1200 dollars. «Cependant, les niveaux de pauvreté restent très élevés avec près de 40% de la population vivant avec moins de 1,90 dollar par jour, contre 29% attendus compte tenu du niveau de développement du pays.» Dans les zones rurales, ce taux de pauvreté atteint 60%.
En gros, note l’institut Gallup cité dans l’étude, «près de 40% des Sénégalais estiment leurs ressources financières insuffisantes pour se nourrir et 7°% d’entre eux ne sont pas satisfaits de leur niveau de vie.» Le régime arrivé au pouvoir en 2012 a certes fait preuve de volontarisme avec des politiques visant à réduire certaines inégalités. Néanmoins, «la mise en place tardive des filets de protection sociale, et la croissance modérée sur la dernière décennie n’ont pas permis de faire diminuer les chiffres de la pauvreté depuis 2005.»
Pauvreté multidimensionnelle, niveau national et régional
«Sont considérés comme pauvres multidimensionnels les individus qui présentent des ‘privations’ sur plus d’un tiers (soit 33%) des indicateurs considérés. Au Sénégal, 52% de la population vit dans une pauvreté multidimensionnelle. Ce score est l’un des plus importants au sein des pays de l’échantillon.
L’intensité de la pauvreté multidimensionnelle est également élevée: la part de la population sénégalaise considérée comme pauvre multidimensionnelle présente des privations sur plus de 54% des indicateurs considérés. Les mauvaises performances du Sénégal en matière d’éducation concourent à hauteur de 44% dans l’indice de pauvreté multidimensionnelle, suivies par le niveau de vie.»
«Les régions les moins pauvres (Dakar, Thiès et Saint-Louis) sont également celles qui enregistrent les meilleures performances en termes de santé et d’éducation», indique l’étude. Ces mêmes régions sont celles qui ont les taux de pauvreté les plus faibles, soit 26.1 (Dakar), 39.5 (Thiès) et 41.3 (Saint-Louis).
Elles affichent par ailleurs les meilleurs taux de scolarisation dans le secondaire (45.5, 36.8 et 30.7), ceux concernant l’alphabétisation (68.9, 53.8 et 53.2), ainsi que les taux de mortalité infanto-juvénile les plus faibles (42 et 46 pour 100 000 naissances à Thiès et Dakar. (A suivre)