La victime (D) et le fronton de l'hôpital où a eu lieu le drame (Image: Le Quotidien, Sénégal)
C’est la grande émotion au Sénégal où le décès de la dame Astou Sokhna survenu à l’hôpital Amadou Sakhir Mbaye de Louga (au nord) alimente colères et incompréhensions dans l’opinion publique et jusqu’au sommet de l’Etat.
Déposée dans cette structure sanitaire pour accouchement au terme de sa grossesse, la jeune femme n’avait pas été prise en charge de 9h30 à 5h30 du matin, dans l’indifférence totale du personnel en poste, souligne le journal Libération qui a révélé le drame dans son édition du lundi 11 avril 2022.
Le lendemain, le ministère de la Santé et de l’Action sociale a annoncé l’ouverture d’une enquête administrative à l’hôpital Amadou Sakhir Mbaye aux fins de faire la lumière sur les circonstances de la mort d’Astou Sokhna, a déclaré le directeur des établissements publics de santé, Ousmane Dia, à la tête d’une équipe de 18 personnes. Les résultats de la mission seront remis au ministre de la Santé, Abdoulaye Diouf Sarr.
« Aucun manquement ne sera toléré » (Macky Sall)
L’ordre d’enquête est venue du président Macky Sall qui, sur le réseau Snapchat, dit avoir « appris avec la plus grande tristesse le décès de Mme Astou Sokhna à l’hôpital » et présenté ses condoléances émues » à la famille de la défunte.
« J’ai instruit les autorités compétentes de faire toute la lumière sur les causes du décès afin de situer les responsabilités. Aucun manquement ne sera toléré », a promis le chef de l’Etat.
« Nous avons entendu toute l’équipe administrative et l’équipe de la maternité, nous allons en tirer les conclusions qui nous permettront (…) de juguler ce genre de situation », a indiqué Ousmane Dia.
Selon le journal « Libération » les deux missions envoyées à Louga par le ministère de la Santé ont bien établi des dysfonctionnements internes qui ont conduit à la mort de la dame Astou Sokhna. Leurs rapports semblent même avoir été déjà transmis à la tutelle.
Il y a eu « un manque de coordination dans la prise en charge » de celle qui devait accoucher, mis finalement victime d’une mauvaise évaluation de sa situation et d’une faible sous-estimation des risques qu’elle encourait, rapporte notre confrère de Libération.
« Mauvaise évaluation des risques encourus… »
Une situation d’autant plus insupportable qu’Astou Sokhna était une vieille connaissance du personnel du même hôpital où elle disposait d’un dossier médical en bonne et due forme après y avoir perdu en 2019 une fille née prématurée.
Eu égard à ce qui semble être des faits constants, les investigations de la police criminelle devraient être en phase avec les conclusions des missions du ministère de la Santé, poursuit « Libération ».
La famille d’Astou Sokhna qui a mis en cause la maternité de l’hôpital en l’accusant de négligence a porté plainte contre l’établissement de santé.
Cependant, le directeur de l’établissement de santé, Dr Amadou Guèye Diouf, s’est défendu en défendant de la maternité qui « ont fait leur devoir dans (la) situation » qui s’est présentée à eux.
« En faisant un audit du décès, à aucun moment, il n’est ressorti qu’une césarienne d’urgence avait été indiquée, contrairement à ce qui est apparu dans la presse », a précisé le Dr Diouf lors d’une sortie diversement appréciée.
Toutefois, le directeur de l’hôpital s’est déclaré prêt à prendre « des mesures correctives » et à répondre des accusations de négligence dont il est l’objet.
« Pas de pitié ni complaisance »
Sur les réseaux sociaux enflammés par cette affaire, la démarche judiciaire est soutenue et même comprise. Les indignations y pleuvent.
« Dans ce pays, quand on va dans les structures publiques, il ne faut pas hésiter à taper du poing. Il n'y a que ce langage qu'il comprenne. Le Sénégalais ne respecte pas le Sénégalais. Donc ce respect il faut l'arracher. Yallah nako Yallah yeureum (Que Dieu ait pitié de lui, ndlr). Il faut sanctionner sévèrement. » (Twitter).
« Pas de Massla dafa doy (pas de négociations, y en a marre, ndlr). Ni des interventions de nos religieux pour yeureum Liii (avoir pitié des présumés fautifs, ndlr). C'est un crime qui doit être puni avec sévérité. Il est temps que ce pays devienne sérieux et c'est un mal qui est dans tous les secteurs malheureusement. Paix à son âme et courage à sa famille. »
« Au même moment, je suis à l’hôpital où je me fais accueillir par une dame qui se comporte comme si elle était ma propre maman. Je vous lis sur les cas au Sénégal et j’ai envie de pleurer. Ce que certains patients vivent au bled est une vraie catastrophe. Paix à son âme, Astou ! »
« Empathie et humanité pour les malades »
Pour nombre de Sénégalais, ce drame doit rappeler à des membres de corps de métiers particuliers un certain nombre de règles propres à leur spécificité.
« Comme j'ai l'habitude de dire: il n'y a pas plus nobles que les métiers de celui qui transmet le Savoir (l'Éducateur) et de celui qui sauve des vies (le Soignant). Mais ces deux métiers exigent de L'EMPATHIE et de L'HUMANITÉ. Tel n'est (presque) plus le cas...dans aucun des deux. »
Mais après la clameur populaire, il faudra bien se pencher la situation du système de santé en vigueur dans notre pays, ses faiblesses et manquements, le dénuement de certaines structures situées aussi bien dans les centres urbains qu’en zones rurales, sans oublier l’état de motivation des personnels.
« Le drame de Louga doit nous pousser à poser sur la place publique le débat sur l'éthique du travail. Travailler ne peut se résumer à percevoir un salaire ! C'est beaucoup plus. Malheureusement beaucoup ne voient en leur travail qu'une vulgaire source de revenus. Ça doit changer. »
Déposée dans cette structure sanitaire pour accouchement au terme de sa grossesse, la jeune femme n’avait pas été prise en charge de 9h30 à 5h30 du matin, dans l’indifférence totale du personnel en poste, souligne le journal Libération qui a révélé le drame dans son édition du lundi 11 avril 2022.
Le lendemain, le ministère de la Santé et de l’Action sociale a annoncé l’ouverture d’une enquête administrative à l’hôpital Amadou Sakhir Mbaye aux fins de faire la lumière sur les circonstances de la mort d’Astou Sokhna, a déclaré le directeur des établissements publics de santé, Ousmane Dia, à la tête d’une équipe de 18 personnes. Les résultats de la mission seront remis au ministre de la Santé, Abdoulaye Diouf Sarr.
« Aucun manquement ne sera toléré » (Macky Sall)
L’ordre d’enquête est venue du président Macky Sall qui, sur le réseau Snapchat, dit avoir « appris avec la plus grande tristesse le décès de Mme Astou Sokhna à l’hôpital » et présenté ses condoléances émues » à la famille de la défunte.
« J’ai instruit les autorités compétentes de faire toute la lumière sur les causes du décès afin de situer les responsabilités. Aucun manquement ne sera toléré », a promis le chef de l’Etat.
« Nous avons entendu toute l’équipe administrative et l’équipe de la maternité, nous allons en tirer les conclusions qui nous permettront (…) de juguler ce genre de situation », a indiqué Ousmane Dia.
Selon le journal « Libération » les deux missions envoyées à Louga par le ministère de la Santé ont bien établi des dysfonctionnements internes qui ont conduit à la mort de la dame Astou Sokhna. Leurs rapports semblent même avoir été déjà transmis à la tutelle.
Il y a eu « un manque de coordination dans la prise en charge » de celle qui devait accoucher, mis finalement victime d’une mauvaise évaluation de sa situation et d’une faible sous-estimation des risques qu’elle encourait, rapporte notre confrère de Libération.
« Mauvaise évaluation des risques encourus… »
Une situation d’autant plus insupportable qu’Astou Sokhna était une vieille connaissance du personnel du même hôpital où elle disposait d’un dossier médical en bonne et due forme après y avoir perdu en 2019 une fille née prématurée.
Eu égard à ce qui semble être des faits constants, les investigations de la police criminelle devraient être en phase avec les conclusions des missions du ministère de la Santé, poursuit « Libération ».
La famille d’Astou Sokhna qui a mis en cause la maternité de l’hôpital en l’accusant de négligence a porté plainte contre l’établissement de santé.
Cependant, le directeur de l’établissement de santé, Dr Amadou Guèye Diouf, s’est défendu en défendant de la maternité qui « ont fait leur devoir dans (la) situation » qui s’est présentée à eux.
« En faisant un audit du décès, à aucun moment, il n’est ressorti qu’une césarienne d’urgence avait été indiquée, contrairement à ce qui est apparu dans la presse », a précisé le Dr Diouf lors d’une sortie diversement appréciée.
Toutefois, le directeur de l’hôpital s’est déclaré prêt à prendre « des mesures correctives » et à répondre des accusations de négligence dont il est l’objet.
« Pas de pitié ni complaisance »
Sur les réseaux sociaux enflammés par cette affaire, la démarche judiciaire est soutenue et même comprise. Les indignations y pleuvent.
« Dans ce pays, quand on va dans les structures publiques, il ne faut pas hésiter à taper du poing. Il n'y a que ce langage qu'il comprenne. Le Sénégalais ne respecte pas le Sénégalais. Donc ce respect il faut l'arracher. Yallah nako Yallah yeureum (Que Dieu ait pitié de lui, ndlr). Il faut sanctionner sévèrement. » (Twitter).
« Pas de Massla dafa doy (pas de négociations, y en a marre, ndlr). Ni des interventions de nos religieux pour yeureum Liii (avoir pitié des présumés fautifs, ndlr). C'est un crime qui doit être puni avec sévérité. Il est temps que ce pays devienne sérieux et c'est un mal qui est dans tous les secteurs malheureusement. Paix à son âme et courage à sa famille. »
« Au même moment, je suis à l’hôpital où je me fais accueillir par une dame qui se comporte comme si elle était ma propre maman. Je vous lis sur les cas au Sénégal et j’ai envie de pleurer. Ce que certains patients vivent au bled est une vraie catastrophe. Paix à son âme, Astou ! »
« Empathie et humanité pour les malades »
Pour nombre de Sénégalais, ce drame doit rappeler à des membres de corps de métiers particuliers un certain nombre de règles propres à leur spécificité.
« Comme j'ai l'habitude de dire: il n'y a pas plus nobles que les métiers de celui qui transmet le Savoir (l'Éducateur) et de celui qui sauve des vies (le Soignant). Mais ces deux métiers exigent de L'EMPATHIE et de L'HUMANITÉ. Tel n'est (presque) plus le cas...dans aucun des deux. »
Mais après la clameur populaire, il faudra bien se pencher la situation du système de santé en vigueur dans notre pays, ses faiblesses et manquements, le dénuement de certaines structures situées aussi bien dans les centres urbains qu’en zones rurales, sans oublier l’état de motivation des personnels.
« Le drame de Louga doit nous pousser à poser sur la place publique le débat sur l'éthique du travail. Travailler ne peut se résumer à percevoir un salaire ! C'est beaucoup plus. Malheureusement beaucoup ne voient en leur travail qu'une vulgaire source de revenus. Ça doit changer. »