KHARTOUM (Reuters) - Le chef de la commission d'enquête soudanaise sur la dispersion violente du campement de l'opposition devant le ministère de la Défense à Khartoum, le 3 juin, a avancé samedi le chiffre de 87 morts et 168 blessés.
Fath al Rahman Saïd a précisé que 17 personnes avaient été tuées sur la place où les opposants étaient rassemblés pour demander le transfert du pouvoir aux civils, et que 48 autres présentaient des blessures par balles.
Le précédent bilan officiel, fourni par le ministère de la Santé, était de 61 victimes. Des médecins liés à l'opposition ont avancé de leur côté le chiffre de 127 morts et plus de 400 blessés.
Le chef de la commission d'enquête a reconnu que les forces de sécurité avaient ouvert le feu sur les protestataires mais il a justifié leur intervention par le fait qu'un campement établi dans le quartier dit de Colombie, en marge du principal sit-in de l'opposition devant le ministère de la Défense, constituait une "menace pour la sécurité".
Des officiers qui avaient reçu la consigne de "nettoyer" le quartier de Colombie ont cependant "outrepassé les ordres, pénétré sur le site du sit-in et ouvert le feu au hasard", a déclaré Fath al Rahman Saïd.
Selon lui, l'ordre d'intervention des Forces de soutien rapide, l'unité paramilitaire qui a mené la répression, a été donné par un général dont il n'a fourni que les initiales, A.A.M., mais pas par le Conseil militaire au pouvoir.
Ce général et sept autres officiers dont il a également tenu l'identité cachée ont été inculpés de crime contre l'humanité, une charge passible de la peine de mort, a ajouté le chef de la commission d'enquête.