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Stratégie présidentielle: Touba, le cœur d’Idrissa Seck pour 2019

Jeudi 15 Mars 2018

Déstabilisateur de la mouvance présidentielle depuis quelques semaines, incisif, chirurgical et impitoyable contre le chef de l’Etat, Idrissa Seck a choisi de faire de Touba l’épicentre de sa conquête du pouvoir en 2019, là où la défiance contre Macky Sall est la plus remarquable à l’intérieur du pays. En s’appuyant sur des figures respectables qui montent en puissance dans la hiérarchie du pouvoir local.


On le disait il y a une quinzaine de jours: la campagne électorale du candidat Idrissa Seck en direction de l’élection présidentielle du 24 février 2019 était lancée et ne risquait plus de s’arrêter en chemin. Depuis, l’agenda du probable principal challenger de Macky Sall a été transformé en turbo avec déplacements, rencontres, retraites, déclarations ciblées, etc.
 
Le Sénégal sera évidemment l’objectif de tous les postulants au palais de l’avenue Senghor, mais encore une fois Touba, capitale du mouridisme, sera une des grandes attractions de la compétition électorale en vue. Il le sera d’autant plus que la majorité présidentielle y a subi un cuisant échec lors des législatives du 30 juillet 2017, littéralement balayée par la coalition hétéroclite constituée autour du Pds placé sous la férule d’un Abdoulaye Wade revanchard et fringant.
 
Mais entre ces législatives de 2017 et la présidentielle de 2019, de l’eau aura coulé sous les ponts électoraux de la République. Wade, qui ne sera pas candidat, s’accroche à son fils comme le messie devant rendre aura et prestige à une «maison libérale» sans cesse dévastée depuis la chute de 2012.
 
De fait, à un an de l’échéance, le Pds et ses alliés n’ont pas encore une tête de file extirpée des contraintes légales qui valident les candidatures. A moins qu’ils aient un «plan B» au cas où Karim Wade ne serait pas en mesure de porter l’étendard laissé libre par le pape du sopi.
 
Le grand boulevard ainsi déserté est une aubaine de taille, inestimable quant à sa valeur politique et électorale. Le chef de Rewmi le sait. Et même s’il doit composer avec un probable retour du Pds  dans le jeu présidentiel local, il fait en sorte de prendre de l’avance sur ses concurrents potentiels.
 
D’où sa présence médiatique et politique dans l’espace mouride depuis quelques semaines, aux côtés de chefs religieux considérés comme des réceptacles significatifs en termes de voix et d’autorité. La commune de Touba concentre environ 80% des électeurs du département de Mbacké auquel elle est rattachée. Ce n’est pas rien!
 
Pour Idrissa Seck, la nouvelle aventure avec la cité fondée Cheikh Ahmadou Bamba a démarré après sa «conversion» au mouridisme, vraisemblablement entre 2013 et 2014. L’acte est d’ordre privé dans une certaine mesure, il pose néanmoins des questions au sujet de conclusions qu’il aurait tirées entre ses performances électorales en tant que «talibé Tidiane» et celles escomptées en tant que «talibé Mouride». Affilié à Tivaouane, il n’a pu être Président de la République; rallié à Touba, il espère le devenir un jour, par exemple au soir du 24 février de l’année prochaine.
 
Le choix d’Idrissa Seck de faire de Touba le cœur de sa campagne présidentielle semble avoir été bien calculé. Il est le résultat brut d’une analyse concrète du phénomène partisan dans la cité religieuse mouride au cours des dernières consultations. Le rejet populaire et la défiance quasi mystérieuse qui y frappent le régime de Macky Sall est une donnée fondamentale de cette vision, en dépit des enrôlements massifs de chefs religieux plus ou moins crédibles, et chez qui venir demander du soutien les mains vides est presque un sacrilège.
 
Si Touba est, à l’intérieur du pays, le talon d’Achille du futur président sortant, il est raisonnablement pour l’ex-maire de Thiès l’épicentre d’une conquête du pouvoir appelée à se substituer à une traversée du désert qui a trop duré.
 
Pour Idrissa Seck, l’arrivée à Rewmi du marabout El Hadj Fallou Mbacké alias Serigne Galass Kaltoum et la montée en puissance de son ami Serigne Moussa Nawel Mbacké dans l’entourage du nouveau khalife général des Mourides constituent à cet égard deux espoirs destinés à lui assurer un ancrage vainqueur à Touba, compétitif tout au moins au soir du premier tour de la présidentielle. C’est l’effet boule de neige qui est espéré grâce à la démultiplication des réseaux de sympathies autour de ces deux têtes de pont.
 
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