Connectez-vous

TCHAD : Idriss Deby dissout l’office national de radio et télévision

Mardi 27 Septembre 2016

N'DJAMENA, 27 septembre (Xinhua) -- Face à la crise financière qui frappe le pays, le gouvernement tchadien a décidé récemment, entre autres mesures, la dissolution de l'Office national de radio et télévision (ONRTV). Dans les rangs du personnel, c'est l'incompréhension et la colère.
 
Le 15 septembre, le président Idriss Déby Itno a abrogé, par ordonnance, la loi n°7 du 27 février 2006 créant l'ONRTV. C'est l'une des seize mesures d'urgence annoncées fin août par le gouvernement pour faire face à la crise financière. L'Office est désormais remplacé par une direction générale, rattachée au ministère de la Communication.
 
Raisons évoquées : procéder à une restructuration profonde de la radiotélévision publique, améliorer son management, fixer un autre cadre plus strict des objectifs clairs et un personnel restreint plus qualificatif. Dans la foulée, un comité de gestion provisoire des activités a été mis en place par la ministre de la Communication, Madeleine Alingué. Il est dirigé par le secrétaire général dudit ministère, Dieudonné Djonabaye.

Selon M. Djonabaye, la dissolution de l'ONRTV a été envisagée plusieurs mois avant les mesures d'urgence prises par le gouvernement.

"Il faut revoir le problème de management institutionnel, assainir les finances et revoir la convention d'établissement. Voilà pourquoi l'Office a été dissout. Une réflexion a été menée avant l'annonce des mesures", a expliqué M. Djonabaye.
 
Dans les rangs du personnel, le malaise est profond et l'inquiétude grandissante. Chaque employé, stagiaire ou contractuel, médite le sort que lui réserve cette mesure de crise. Beaucoup reconnaissent pourtant que l'Office compte un effectif pléthorique, alors qu'un nombre infime travaille réellement.
 
Lors d'une première réunion tenue le 22 septembre, M. Djonabaye a tenu à ses confrères de la radio et télévision nationale "le langage de vérité imposé par la crise financière". Il les a prévenus qu'avec la politique de la migration au tout numérique, l'Office ne doit pas être le dépotoir des cancres. Il a annoncé qu'un test sera organisé à l'effet de sélectionner des agents compétents qui répondront aux besoins des auditeurs et téléspectateurs, le tout dans la même indépendance garantie par les textes instituant l'ONRTV.
 
"C'est une fuite en avant. S'il y a des incompétents, qui les a recrutés? Dans ce cas qu'on vienne les dégager et qu'on donne des moyens à ceux qui sont compétents pour bien travailler. Sinon le rattachement d'une nouvelle direction générale au ministère n'est qu'un argument pour museler les journalistes", s'insurge Mme Rémadji Adèle, secrétaire générale du Syndicat national des professionnels de l'Office de radio et télévision du Tchad (Synaport).
 
A l'ONRTV, l'on reconnaît unanimement que les maux qui minent son épanouissement sont la gestion des ressources humaines, financières et du matériel. "Ce sont ces problèmes-là qu'il faille regarder objectivement. Il faut mettre le doigt sur la plaie et non chercher des faux-fuyants", a-t-elle insisté.

"Sur la base de la convention d'établissement, le personnel a réclamé une meilleure condition de travail et, puisqu'ils sont incapables de répondre aux différentes réclamations, font disparaître tout l'Office pour qu'on ne parle plus de convention. Même si on renvoie aujourd'hui tout le personnel de l'Office, le nouveau personnel de la direction générale, rattachée soit-elle au ministère, va réclamer les même conditions de travail. On déshabille juste Paul pour habiller Pierre", ajoute-t-elle.
 
En juillet dernier, le personnel de l'ONRTV avait observé une longue grève pour revendiquer l'application intégrale de la convention d'établissement de l'institution.

Le paysage audiovisuel au Tchad est dominé par l'ONRTV. Depuis quelques années, deux autres télévisions privées sont arrivées sur le marché, mais elles font face à de nombreuses difficultés. Les subventions prévues par l'Etat à l'ONRTV pour l'année en cours s'élèvent à 700 millions de F CFA, sans compter les autres ressources affectées, notamment la redevance audiovisuelle. L'Office affiche également un déficit en banque de plus de 5 milliards de F CFA. Autant d'économies que le gouvernement compte réaliser par ces temps de vaches maigres
 
 
Nombre de lectures : 205 fois

Nouveau commentaire :












Inscription à la newsletter