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TCHAD : le Parlement européen condamne le Conseil militaire de transition et réclame un retour rapide à l’ordre constitutionnel

Vendredi 21 Mai 2021

Emmanuel Macron en compagnie de Mahamat Idriss Deby à Ndjamena lors des obsèques d'Idriss Deby Itno.
Emmanuel Macron en compagnie de Mahamat Idriss Deby à Ndjamena lors des obsèques d'Idriss Deby Itno.
 
Le Parlement européen a condamné ce jeudi 20 mai « la prise du pouvoir par le Conseil militaire de transition » au Tchad et dénoncé « la suspension de la constitution tchadienne (ainsi que) la dissolution du gouvernement qui ont suivi. » Dans une résolution adoptée par 635 députés, contre 27 et 31 abstentions, les députés de Bruxelles demandent « au Conseil militaire de transition d’assurer un retour sans entrave et rapide à l’ordre constitutionnel et de veiller au respect des valeurs démocratiques. » A cet égard, « la récente nomination d’un gouvernement de transition civil incluant des membres de certains groupes de l’opposition représente un premier pas dans cette direction », indique la même source. Néanmoins, le parlement « déplore le meurtre du Président Idriss Déby et les récentes violences et pertes de vies humaines du fait d’attaques de groupes armés dans la région. »
 
Successeur de son père, Mahamat Idriss Déby, chef du Conseil militaire de transition, a nommé le 2 mai dernier un gouvernement transitoire dirigé par Albert Pahimi Padacké. Ce dernier, déjà premier ministre de 2016 à 2018, est arrivé deuxième à l’élection présidentielle du 11 avril officiellement remporté par feu Idriss Déby Itno dont il était l’un des plus proches collaborateurs. Le Parlement européen souligne cependant qu’une « véritable transition et réforme démocratique doit être menée par des civils et permettre la participation pleine et active des organisations de la société civile, des femmes et des jeunes, des partis d’opposition et de la presse libre, qui devraient être en mesure d’œuvrer sans violence, intimidation ou restrictions. »
 
C’est pourquoi, les députés européens estiment que « les divisions actuelles au sein de la société tchadienne ne peuvent être résolues par des moyens militaires. » Aussi, invitent-ils « toutes les parties à s’abstenir de toute action violente, à s’engager dans un dialogue politique et à préserver les vies de la population civile », lit-on dans la résolution citée plus haut.
 
Après avoir constaté que « l’exercice du pouvoir par le président Déby se caractérisait par des violations systématiques et persistantes des droits de l’homme », le Parlement européen note également que « la période préélectorale récente a été marquée par la persécution et les arrestations arbitraires de plus de 112 adversaires politiques et défenseurs des droits de l’homme » avec utilisation à leur encontre de la force de répression, de « manière disproportionnée et illégitime ».
 
Cette position du Parlement européen tranche d’avec le soutien massif que le nouveau pouvoir du fils Déby a reçu de la France, le principal soutien militaire du Tchad depuis plusieurs années. Au nom de la stabilité du pays et de la lutte anti-terroriste dans le Sahel, Emmanuel Macron a assisté aux obsèques d’Idriss Déby Itno à Ndjamena pour réaffirmer une certaine doctrine française qui place les impératifs sécuritaires partagés par plusieurs pays dont ceux du G5-Sahel au dessus des règles de gouvernance démocratique. La même doctrine semble prévaloir également au sein de l’Union africaine dont le Conseil de paix et de sécurité (CPS) envisage d’accompagner la junte militaire et le gouvernement civil dans une période de transition de dix huit mois, préalable au retour à l’ordre constitutionnel.
 
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