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Theresa May annonce son départ avant les prochaines législatives

Mercredi 12 Décembre 2018

Theresa May a annoncé mercredi son intention de quitter ses fonctions de Première ministre avant les prochaines législatives de 2022, pour tenter de contrer un vote de défiance organisé par son Parti conservateur, hostile à son accord de Brexit conclu avec Bruxelles.

"Elle a dit qu'elle n'avait pas l'intention de mener (la campagne) pour les élections de 2022", a déclaré le député conservateur Alec Shelbrooke à la presse.

La dirigeante s'exprimait devant le Comité 1922, responsable de l'organisation interne des conservateurs, avant un vote de défiance déclenché par 48 députés conservateurs, soit 15% du groupe, seuil requis pour ce scrutin.

Le vote a commencé vers 18H00 GMT et les résultats devraient être annoncés vers 21H00, une heure après sa clôture.

"Je pense que la Première ministre gagnera haut la main", a pronostiqué son ministre pro-Brexit de l'Environnement Michael Gove, juste avant le vote, soulignant qu'elle partirait "quand elle le décidera elle-même".

Dans une courte déclaration devant Downing Street en matinée, Theresa May s'est montrée combative, annonçant qu'elle se battrait "de toutes ses forces" pour rester en place et "finir le travail" sur le Brexit.

Si elle devait quitter Downing Street, son remplaçant choisi au sein des conservateurs "n'aurait pas le temps de renégocier" avec l'UE et cela risquerait de "retarder, voire d'arrêter le Brexit", prévu le 29 mars 2019, a-t-elle averti.

Comme Michael Gove, plusieurs membres de son gouvernement se sont rapidement rangés derrière elle, multipliant les témoignages publics de soutien, y compris ceux dont le nom est évoqué pour lui succéder.

Un décompte de la BBC affirmait qu'elle était assurée de l'appui de la moitié des voix plus une nécessaires pour rester en place, soit 159 voix, ce qui a fait remonter la livre.

- Casse-tête -

Le patron du groupe de députés conservateurs eurosceptiques ERG, Jacob Rees-Mogg, a lui affirmé que "le pays a besoin d'un nouveau chef".
 
Jeremy Corbyn, chef de l'opposition travailliste, le 21 novembre 2018 à la Chambre des Communes de Londres / © PRU/AFP/Archives / HO
Si elle gagne le vote, Theresa May ne pourra plus être contestée comme cheffe des Tories pendant un an. Mais une courte victoire constituerait un sérieux camouflet. Et le casse-tête du Brexit n'en serait pas pour autant terminé.

Mme May tente désespérément d'arracher aux dirigeants européens des concessions sur l'accord de Brexit qui pourraient contenter le Parlement britannique, vent debout contre le texte.

Adam Wager, du centre de réflexion "The UK in a changing Europe", évoque "un moment de vérité" pour Mme May. "Si elle remporte" le vote, "elle pourrait potentiellement défendre une autre sorte de Brexit doux susceptible d'attirer des soutiens aux Communes. Si elle perd, alors la partie est en quelque sorte finie pour elle, et nous aurons (...) un Brexit beaucoup plus dur".

L'accord de Brexit est vilipendé tant par les "Brexiters" craignant un arrimage permanent du Royaume-Uni à l'UE que par les europhiles espérant encore pouvoir faire marche arrière.

- Pas de renégociation -

Les Brexiters conservateurs, comme l'allié nord-irlandais de Theresa May, le petit parti unioniste DUP, contestent en particulier la solution dite de "backstop" ou "filet de sécurité" qui doit créer provisoirement un "territoire douanier unique", englobant l'UE et le Royaume-Uni, pour éviter le retour d'une frontière physique entre l'Irlande et l'Irlande du Nord après le Brexit.

L'exécutif est également sous la menace du dépôt d'une motion de censure par le Parti travailliste, principale formation d'opposition. Son chef Jeremy Corbyn, furieux, a accusé Theresa May de mépriser le Parlement lors de la séance hebdomadaire de questions au chef du gouvernement.

Mme May a rencontré mardi plusieurs dirigeants européens, dont la chancelière allemande Angela Merkel, le président du Conseil européen Donald Tusk et celui de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, pour tenter d'obtenir des "assurances" que le backstop était "temporaire".

Mercredi, à la veille d'un sommet européen qui doit encore tourner autour du Brexit, Mme Merkel a déclaré avoir toujours "l'espoir" qu'un terrain d'entente soit trouvé pour permettre une sortie "ordonnée" du Royaume-Uni, mais prévenu que l'accord trouvé ne serait pas modifié. Paris est sur la même longueur d'ondes: pas question de renégocier. (AFP)
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