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Transhumance, entre morale sociale et convictions politiques

Lundi 26 Février 2018

Transhumance, entre morale sociale et convictions politiques
Les élections  de 2019 qui approchent  à grands pas vont comme d’habitude ouvrir la saison marchande des petits et grands transhumants-ruminants. Le moment est propice pour certains entrepreneurs politiques de  se donner  au plus offrant.
 
Et le préposé à la transhumance pour justifier son revirement, convoquera le «  ndigueul du marabout » pour dire que c’est lui qui a ordonné sa nouvelle posture ; d’autres  diront qu’ils ont été impressionnés par la vision déclinée par le Chef de l’Etat suite à une audience. Les plus cyniques auront  ces mots qui  laissent pantois : « la politique s’arrête sur terre ; elle ne nous poursuivra pas jusqu’au paradis. Et puis…nous voulons vivre ».
 
Triste conception de la politique : mais que voulez vous ? Et l’autre n’avait pas tort quand il martelait dans son ouvrage : Une démocratie prise en otage par ses élites. Dés élites jouisseuses aux convictions très élastiques : suivez mon regard !
 
Ceci étant dit, un retour en arrière s’impose pour mieux éclairer la problématique qui nous occupe. La transhumance a véritablement débuté sous le magistère de Diouf mais il faut à la vérité  reconnaître  qu’il n’avait pas la gâchette aussi facile que son  successeur. S’y ajoute qu’il y mettait la forme !
 
C’est avec l’avènement du sopi que la transhumance a été érigée  en véritable  institution. Le second de WADE d’alors pour ne pas le nommer, IDRISSA SECK a théorisé, planifié et organisé cette transhumance hideuse. Des audits fort compromettants pour certains ont été utilisés pour les pousser  dans les prairies bleues.
 
 Quant à l’actuel chef de l’Etat lui-même, on l’a vu défendre il ya tout juste quelques semaines la transhumance! Écoutons-le : « la transhumance est un jeu tout à fait normal en politique. » ; alors que dans une autre vie, il la pourfendait avec hargne. Ne disait–il pas que l’engagement politique peut bien s’accommoder de l’éthique, de la morale et de la loyauté ? Allez comprendre la logique de nos politiciens ! C’est leurs intérêts qui priment sur toutes les autres considérations !
 
Ce que confirme Ismaïla Madior  : « L’Etat pour une large part, fonctionne selon une logique néo-patrimoniale et clientéliste. L’Etat est considéré dans notre pays comme une source d’enrichissement, c’est un gisement alimentaire. » Leçon bien assimilée par les transhumants.: ils ne vont que là où les herbes sont fraîches ! Tout cela pose un gros problème dans des pays  comme les nôtres !
 
Ce qui fait dire à Ibrahima SALL dans son ouvrage, Demain la République : « Une société qui n’a pas de principe, comme un individu qui n’en a pas, ne va ni droit ni loin. L’interdiction de se dédire ou de se contredire est fondatrice de tout ordre social qui se veut viable.La transhumance politique n’est pas une « ouverture politique. Elle va à l’encontre de la morale sociale et politique qui voudrait qu’on ne révoque pas une promesse, qu’on ne rétracte pas une profession de foi, qu’on ne revienne pas sur un engagement et que l’on n’ infirme pas son affirmation. »
 
Il poursuit, impérial dans une démonstration à laquelle on peut difficilement faire objection pour peu qu’on ait un brin d’honnêteté  intellectuelle. « Quand à la fidélité à nos convictions, elle inspire la confiance et nous épargne de vivre au jour le jour. C’est le propre des sociétés de méfiance de se construire sur l’instabilité, les humeurs et l’inconstance. Une société durable ne peut régler la conduite de ses membres sur la probable trahison des uns et des autres. »La messe est dite par une personne qui sait de quoi parler et ce que parler veut dire.
 
Hélas, Ibrahima,  cette trahison dont vous parlez a de beaux jours devant elle pour la bonne et simple raison que notre présent martyrisé par de dures conditions d’existence va pousser les plus faibles moralement à  continuer à monnayer leur militantisme.
 
Je termine par ces mots sublimes  de  Renan : « la révolution de l’avenir sera le triomphe de la morale politique. » (Cette chronique est parue dans le quotidien «Tribune» de ce lundi 26 février 2018).
 
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1.Posté par Me François JURAIN le 27/02/2018 11:06
J'ai découvert au SENEGAL, deux expressions que je toruve magnifiques (les expressions seulement): "Achat des consciences", et "transhumance".
Je les trouve magnifiques, car elles sont criantes de vérité, et extrèmement percutantes.
Je pense que si j'étais traité de "transhumant", ou si je me rendais coupable d'acte de "transhumance", il ne pourrait pas y avoir de suprême injure, et la honte m’envelopperait à tout jamais. Que penseraient mes pauvres parents là où ils sont, que penseraient mes propres enfants! QUELLE HONTE!!!
Qu'est ce que la "transhumance": le reniement de ses idées pour de l'argent. Cela veut simplement dire que pour de l'argent, je me laisserait acheter, remisant mes idées et mes convictions au vestiaire, uniquement pour de l'argent.
Mais alors, quelle différence entre le marché aux esclaves, c'est à dire, celui qui achète un être humain pour ses besoins personnels, et celui qui achète ma conscience et mes idées, lui pour ses besoins electoralistes, et moi qui vendrait ma conscience et mes idées, pour des besoins pécuniers?.
Le fait qu'un président de la république défende la transhumance en dit long sur sa propre morale ert sur la morale en politique en générale. il s'agit là ni plus ni moins d'une forme moderne de l 'esclavage et de ses nombreuses déviances modernes.
La politique était, avant tout et avant, une affaire d'état. Cela requérait que celui qui se faisait élire à la fonction suprème avait avant tout la stature, la morale, la conscience et la compétence d'un homme d'état.
De nos jours, les hommes d'état n'existent plus: il n'y a plus que des hommes politiques, qui se battent, non pas pour faire valoir et éclore des idées, non pas pour rendre leur peuples moins malheureux, mais uniquement pour pouvoir accéder au fauteuil suprème, afin de pouvoir s'enrichir énormément, dans des proportions scandaleuses, eux, leur famille, et les quelques amis (si ce mot là veut dire quelque chose pour eux), enfin, ceux qui les ont aidés à accéder à la corruption suprème, ou tout le moins ceux dont il est quasiment impossible de ne pas leur donner une part du gateau, tant ils sont eux mêmes également compromis..
Alors, le triomphe de la morale politique? je voudrais y croire, et pas seulement dans mes rêves... malheureusement, je pense que nous en sommes loin: seul compte aujourd'hui l'argent, celui qui n'a pas d'odeur, celui qui permet tous les coups, même et surtout les plus bas. Qu'un homme politique de quelque bord qu'il soit, change d'avis, au cours de sa vie, je peux parfaitement le comprendre, et il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis. Mais cela doit être le résultat d'une longue réflexion, et essentiellement motivé par des motifs nobles et généreux. et non pas pour le temps d'une élection, contre un gros 4x4 et une bourse bien pleine. Le fait que le Président de la république du SENEGAL, comprenne, accepte, pratique et défende la transhumance et l'achat des consciences (c'est d'ailleurs la même chose) en dit long sur la moralité en politique, et la hauteur des pratiques politiciennes.
Quelle tristesse, car vraiment, je suis convaincu que le peuple sénégalais mérite mieux.
Me François JURAIN

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