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Ukraine Moscou voit une « chance » de compromis avec l’Occident

Lundi 14 Février 2022

La Russie a jugé possible lundi un règlement diplomatique de la crise russo-occidentale autour de l’Ukraine et annoncé la fin de certaines manœuvres militaires, au moment où la crainte d’une invasion atteignait son pic.
 
« Je dois dire qu’il y a toujours une chance », a déclaré le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov, répondant à une question du président Vladimir Poutine, selon des images diffusées à la télévision.
 
« Nos possibilités sont loin d’être épuisées », a poursuivi le ministre, proposant même de « prolonger et d’élargir » le dialogue, des remarques bien moins offensives que celles qui ont émané de Moscou ces dernières semaines.
« Bien », lui a laconiquement répondu M. Poutine.
 
Dans la foulée, le ministre de la Défense Sergueï Choïgou a annoncé la fin de certaines manœuvres militaires, alors que les exercices terrestres et maritimes, aux frontières russo-ukrainiennes et en Biélorussie, nourrissent les craintes d’une escalade militaire.
 
« Des exercices ont lieu, une partie est terminée, une autre partie est en train de se terminer. D’autres se font encore étant donné (leur) taille », a-t-il dit à M. Poutine.  
 
La Russie, qui a déjà annexé la Crimée en 2014 et soutient des séparatistes prorusses dans l’est de l’Ukraine, a constamment nié toute velléité agressive.  
 
Elle se dit à l’inverse menacée par l’expansion des moyens de l’OTAN en Europe de l’Est et réclame pour une désescalade durable des « garanties de sécurité », notamment l’assurance que l’Ukraine n’adhérera jamais à l’OTAN et un retrait d’Europe de l’Est des infrastructures militaires de l’Alliance atlantique.
 
Proposition « constructives » -
 
Les Occidentaux ont jugé ces demandes inacceptables, mais ont proposé un dialogue accru sur d’autres sujets, comme le contrôle des armements.
 
M. Lavrov a dit à M. Poutine que certaines de ces propositions américaines étaient « constructives ».
 
Les déclarations des ministres russes à Poutine interviennent au moment où le chancelier allemand Olaf Scholz est à Kiev, avant un déplacement à Moscou le lendemain. Ce voyage arrive après celui il y a exactement une semaine d’Emmanuel Macron.  
 
« Nous attendons de Moscou des signes immédiats de désescalade », avait déclaré M. Scholz dans un tweet avant son arrivée en Ukraine, menaçant encore la Russie de « lourdes conséquences » en cas d’« agression militaire ».
 
À Kiev, il a exhorté Moscou à saisir les « offres de dialogue », tout en s’engageant à la poursuite de l’aide économique allemande.
 
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a pour sa part souligné qu’une appartenance de son pays à l’OTAN « garantirait » sa sécurité et que le gazoduc controversé russo-allemand Nord Stream 2, qui permet de contourner le territoire ukrainien, était « arme géopolitique ».
 
L’Ukraine a officiellement demandé à Moscou de s’expliquer sur le déploiement de dizaines de milliers de soldats à ses frontières. Et ce, conformément aux engagements que la Russie a pris dans le cadre de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe, dont une réunion est prévue pour mardi.
 
Les États-Unis, quant à eux, martèlent depuis des jours que l’armée russe pourrait envahir l’Ukraine « à tout moment » et nombre de pays ont appelé leurs ressortissants à quitter au plus vite son sol.
 
Déménager les ambassades de Kiev est « une grosse erreur », a à cet égard averti lundi M. Zelensky.
 
Creuser des tranchées
 
Dans le sud-est de l’Ukraine, à proximité de la ligne de front avec des séparatistes prorusses, la population se mobilise dans la perspective d’une attaque.
 
« Nous creusons des tranchées dans lesquelles les soldats ukrainiens pourront facilement sauter et se défendre », explique ainsi à l’AFP Mikhaïlo Anopa, 15 ans.
 
À Kiev, aucun signe de panique n’était visible. Mais Iouri Fedinski, un musicien de 46 ans, a choisi de quitter l’Est ukrainien pour les États-Unis avec sa femme enceinte et ses quatre enfants.
 
« Nous les emmenons apprendre l’anglais dans une école américaine […], une alternative à ce que Poutine voudrait pour l’Ukraine », a-t-il dit à l’AFP à l’aéroport de Kiev.
 
Faire des « réserves »
 
Les tensions sont à leur comble, avec plus de 100 000 militaires russes présents à proximité de la frontière orientale de l’Ukraine et d’autres engagés dans des manœuvres en Biélorussie, au nord, et en mer Noire, au sud.
 
L’Ukraine s’est néanmoins félicitée lundi de négociations « positives » avec Minsk.
Dans une conversation téléphonique dimanche soir, le président américain Joe Biden et son homologue ukrainien avaient convenu de poursuivre « diplomatie » et « dissuasion » face à Moscou. (AFP)
 
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