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Ukraine/corruption : remise en liberté du fils du ministre de l'Intérieur

Mercredi 1 Novembre 2017

Le président ukrainien, Petro Porochenko
Le président ukrainien, Petro Porochenko
Kiev - Un tribunal de Kiev a ordonné mercredi la libération du fils du ministre de l'Intérieur, placé la veille en détention provisoire dans une affaire de détournement présumé de près de 500.000 euros de fonds publics.

En ordonnant sa mise en liberté conditionnelle avec bracelet électronique, le juge Vitaly Oukraïnets a ainsi rejeté la requête de l'accusation qui plaidait en faveur de l'arrestation pour 60 jours d'Olexandre Avakov, le fils unique, âgé de 29 ans, du très influent ministre de l'Intérieur Arsen Avakov.

Pendant l'audience, à laquelle plusieurs députés proches de son père et des hommes en tenue camouflage ont assisté, le jeune homme a qualifié de "politiques" les poursuites engagées contre lui.

"Je considère que cette affaire est politique et qu'elle n'a rien à voir avec la primauté de la loi", a-t-il lancé.

Selon l'accusation, Olexandre Avakov, placé en détention provisoire mardi à Kiev, est impliqué dans l'achat en 2015 de sacs à dos militaires pour le ministère de l'Intérieur à un prix "dépassant considérablement celui du marché", ce qui a infligé à l'Etat des dommages d'un montant supérieur à 14 millions de hryvnias (environ 463.000 euros).

Deux autres suspects - un ex-vice-ministre de l'Intérieur, Sergui Tchebotar, et le patron du groupe ayant fourni les sacs à dos, Volodymyr Lytvyne, ont également été écroués mardi dans le cadre de cette affaire, a annoncé le parquet spécialisé dans la lutte contre la corruption, le SAP.

D'après l'accusation, Olexandre Avakov a servi d'intermédiaire entre son ami Volodymyr Lytvyne et M. Tchebotar, "incitant" ce dernier à faire de l'entreprise de M. Lytvyne le fournisseur de ces sacs.

Les trois hommes ont été inculpés de "détournement de biens par le moyen d'un abus du pouvoir" et risquent jusqu'à 12 ans de prison, selon un communiqué du SAP.

L'interpellation de M. Avakov a été précédée de perquisitions à son domicile à Kharkiv (est) réalisées par le Bureau national anticorruption ukrainien (NABU).

Le ministère de l'Intérieur dirigé par son père a dénoncé ces perquisitions, accusant le NABU d'avoir "des activités politiques" dans cette affaire.

Le ministre Avakov, un ancien richissime homme d'affaires, compte parmi les membres les plus influents du gouvernement. Il contrôle la police, la Garde nationale et les gardes-frontières dont les effectifs totaux sont comparables à ceux des forces armées nationales que chapeaute le président Petro Porochenko.

Cette affaire a provoqué, affirment des médias, de vives tensions au sein de la coalition pro-occidentale au pouvoir formée par le parti du président et le mouvement Front populaire de l'ex-Premier ministre Arseni Iatseniouk, dont M. Avakov est un proche.

Selon les médias, les dirigeants du Front populaire soupçonnent le NABU d'avoir agi contre Oleksandre Avakov sur l'ordre du chef de l'Etat.

Les autorités ukrainiennes sont souvent critiquées pour leurs efforts jugés insuffisants dans la lutte contre la corruption endémique en Ukraine, une ex-république soviétique qui ambitionne d'entrer dans l'Union européenne.

Si plusieurs services anticorruption comme le NABU et le SAP ont été créés, des militants ukrainiens d'ONG et les Occidentaux réclament à Kiev la mise en place d'un tribunal indépendant chargé des affaires de corruption. Le président Porochenko s'est engagé à le créer l'année prochaine.

L'Ukraine est classée à la 131e place sur 176 dans le classement mondial annuel de perception de la corruption établi en 2016 par l'ONG Transparency International.
 
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