Connectez-vous

​Sénégal : Aucun Sénégalais n’est assuré de pouvoir exercer son droit de vote à la présidentielle de février 2024, à moins d’être... (Par Ndiaga Guèye)

Jeudi 13 Avril 2023

Electeurs en rangs pour voter au Sénégal (illustration)
Electeurs en rangs pour voter au Sénégal (illustration)
 
­La constitution du Sénégal  proclame dans son préambule l’inaltérabilité de la souveraineté nationale qui s’exprime à travers des élections transparentes et démocratiques. A cet effet, tous les nationaux sénégalais des deux sexes, âgés de 18 ans accomplis, jouissant de leurs droits civils et politiques, sont électeurs dans les conditions déterminées par la loi (Article 3, alinéa  4 de la constitution). 
 
Cependant, force est de constater que depuis la refonte partielle en 2016 du fichier électoral par le Gouvernement du Sénégal sur le fondement de motifs fallacieux, en falsifiant les conclusions du rapport de la mission d’audit du fichier électoral de 2010 (pages 7, 8, 9), être électeur et jouir de son droit de vote au Sénégal est jalonné d’obstacles, de plus en plus nombreux et difficiles à surmonter. En conséquence, l’exercice de la souveraineté est attribué à une minorité d’électeurs, contrairement à l’alinéa 2 de l’article 3 de la Constitution
 
Dans les pays de démocratie établie, pour être électeur, soit on est versé automatiquement dans les listes électorales à la majorité, en général à 18 ans, soit il n’y a pas de périodes d’inscription, si bien qu’on peut s’inscrire à tout moment de l’année sur les listes électorales.
 
Au Sénégal, la loi qui détermine le droit d’être électeur est soit violée soit modifiée pour empêcher l’inscription massif de Sénégalais sur les listes électorales.  Ces modifications unilatérales du code électoral, sans concertation, ni consensus, avec les acteurs et organisations politiques de l’opposition, sont telles que le droit d’être électeur n’est plus garanti par la loi. Désormais, ce droit est dépendant de la volonté d’une seule personne : Le président du Sénégal, par ailleurs président de la coalition politique au pouvoir, homme politique partisan. 
 
Ainsi, des révisions ordinaires des listes électorales ne s’organisent plus, plutôt des révisions exceptionnelles qui sont encadrés par un décret présidentiel, dont la durée est de plus en plus courte. Celle en cours en vue de la présidentielle de 2024 se déroulera du 6 avril au 2 mai 2023, soit 1 mois, au moment où il y a environ deux millions d’électeurs potentiels à inscrire. 
 
Pour rappel, à l’élection présidentielle de 2012, qui a permis au président actuel d’arriver au pouvoir, la révision exceptionnelle des listes électorales s’est déroulée sur une période de 8 mois, exactement du 3 janvier au 16 août 2011. 
 
Cette révision 2023 de courte durée se déroule actuellement avec moult difficultés relayées par la presse nationale et les réseaux sociaux. Non seulement, il faut plusieurs heures d’attente, et parfois plusieurs allers et retours avant de pouvoir s’inscrire sur les listes électorales, etc. 
 
En sus, de ces difficultés le portail en ligne  qui permet de vérifier sa présence sur le fichier électoral et de consulter sa situation électorale afin de s’assurer de sa conformité avec sa carte d’électeur n’est plus fonctionnel. Toute tentative de consultation affiche le résultat suivant : « Aucun résultat ne correspond à votre recherche sur le fichier électoral. Réessayez, vérifier les informations saisies  » (Dernière consultation le 11 avril 2023  à 13H42). En outre, le numéro vert 800-00-2017 du centre d’appel est désactivé. 
 
Pour renforcer ce dispositif qui prive les Sénégalais d’informations sur leur situation électoral, le lien de connexion au portail en ligne qui se trouvait à la page d’accueil du site de la Direction Générale des Élections  (DGE) a été supprimé. Ainsi, on ne peut plus accéder au portail via le site web de la DGE, désormais, on ne peut le consulter qu’en connaissant l’adresse : https://elections.sec.gouv.sn/  Elle sera certainement modifiée sous peu afin qu’il ne soit plus accessible.
 
Aucun motif technique avéré ne peut être invoqué pour justifier l’arrêt de la fourniture de ce service aux citoyens. Tout système informatique dispose toujours d’un plan immédiat de reprise de service après un sinistre ; donc les motifs sont autres que techniques.
 
Ce portail en ligne permet d’abord, d’avoir la confirmation qu’on est bien inscrit sur les listes électorales et ensuite de vérifier la conformité des informations entre la carte d’électeur et celles sur le fichier électoral. Si des incohérences sont décelées, elles peuvent être corrigées durant les périodes de révision des listes électorales. Un outil incontournable pour le suivi de la situation électorale de chaque citoyen dans une démocratie. 
 
Aussi, le Gouvernement du Sénégal jusqu’en 2012, dans sa volonté d’assurer la transparence du processus électoral avait mis à la disposition des Sénégalais un moteur de recherche  www.elections2012.sn  pour consulter le fichier électoral en vue de l'élection présidentielle de 2012. Une telle initiative, qui était accompagnée d’un effort considérable d’information et de sensibilisation des électeurs, remonte aux élections locales de 2009 avec la mise en ligne de www.elections.sn. Adresse qui a été modifiée en 2010 pour devenir www.elections2010.sn.
 
Le Gouvernement actuel du Sénégal devrait s’inspirer des pratiques du Gouvernement de 2012 afin que les citoyens puissent s’inscrire, se réinscrire ou rectifier des erreurs d’inscription.
 
Même s’il n’y a aucune disposition du code électoral qui donne le droit à un citoyen de consulter le fichier électoral sur internet, l’actuel Gouvernement du Sénégal devrait s’inspirer des pratiques du Gouvernement de 2012 afin que les citoyens puissent s’inscrire, se réinscrire ou rectifier des erreurs d’inscription. Si le Gouvernement actuel est tant soit soucieux d’une élection démocratique et transparente en février 2024, cet acquis démocratique ne doit pas être remis en question.
 
Dans le même ordre d’idées, il est à noter qu’au moment où la vie des Sénégalais se numérise de plus en plus, le numérique n’a pas été mis à profit pour faciliter l’inscription des citoyens via un formulaire dont la mise en place est un travail informatique très basique. De même, les listes provisoires des électeurs ne seront certainement pas aussi mises sur internet. Elles seront, sans nul doute, affichées devant les commissions administratives d'inscription rendant plus difficile leur consultation par les citoyens concernés. 
 
Il est à ajouter, à tout ce qui est déjà exposé, qu’il n’a pas été constaté l’implémentation d’une campagne de communication de masse, ni par la Commission Électorale Nationale Autonome (CENA), ni par la DGE pour inciter les potentiels électeurs à se mobiliser pour l’exercice de leurs droits électoraux.
 
Enfin, il est à noter que l’obtention d’un récépissé d’inscription ne signifie nullement qu’on sera effectivement présent sur les listes électorales. Il y a aussi les aléas liés aux omissions qui peuvent avoir pour origine le défaut de remontée des inscriptions au niveau de la Direction de l'Automatisation du fichier, et des rejets pour divers motifs, y compris pour défaut de signature du représentant de la CENA. A tout cela s’ajoute une période contentieuse très courte de 15 jours (du 1er au 15 juin 2023)  pour traiter toutes les éventuelles réclamations.
 
Au regard de tout ce qui précède, malgré l’expérience d’organisation de 11 élections présidentielles depuis son indépendance en 1960, jouir du droit d’être électeur au Sénégal est toujours un véritable parcours du combattant. Une opération dont les difficultés sont démultipliées depuis 2016, de l’inscription jusqu’à la récupération la carte d’électeur. 
 
Il apparaît ainsi que la révision des listes électorales en perspective de la présidentielle de 2024, ne permettra pas de refléter la réalité de la population électorale en rendant le fichier électoral le plus proche possible de l’électorat potentiel qui est d’environ 9 millions de citoyens en 2023. 
  
Dès lors, l’enjeu, ne se trouve pas dans une augmentation du nombre d’inscrits au fichier électoral. Il se trouve plutôt dans l’électorat actuel au nombre de 7 036 466 inscrits. Pour gagner la présidentielle de 2024, il faut travailler à faire voter environ 65 à 70% de cet électorat. 
 
 D’abord, il est à constater et à faire constater une abstention record de 3 757 356 électeurs lors des élections législatives du 31 juillet 2022  sur un électorat de 7 036 466 inscrits. Aussi, se pose la question de savoir si la non-participation de ces électeurs à ce scrutin, est volontaire ou involontaire. En d’autres termes, cette abstention, est-elle choisie ou subie? Pour répondre à ces questions, une enquête doit être menée d'urgence. Elle visera, d’une part, à identifier les causes ayant conduit à cette abstention record, et d’autre part, à proposer des mesures correctives afin qu’ils puissent exercer leur droit de vote. Entreprendre une telle action pour faire voter plus de 50 % des 3 757 356 électeurs des législatives de 2022, est la clé de voûte de l’élection présidentielle du 26 févier 2024 au Sénégal pour tout candidat.
 
Cette est hypothèse d’autant plus avérée que le nombre de nouveaux inscrits de la révision en cours n’atteindra certainement pas le tiers des abstentionnistes, en considérant les résultats des révisions précédentes des listes électorales. Par conséquent, cette révision ne permettra pas de modifier sensiblement le fichier électoral. Le focus doit être ainsi mis sur les abstentionnistes. 
 
Ce postulat est, en outre, vérifié par le lancement depuis novembre 2022, d’une opération d’identification et d’enrôlement de 1 500 000 abstentionnistes  par le parti politique au pouvoir, sous le prétexte d’une vente de cartes de membre. Leur plateforme de collecte de données  à l’adresse www.aprnet.sn  visitée le 12 avril 2023 à 9h n’était pas fonctionnelle. Elle a été certainement modifiée depuis notre dernière visite en date du 28 janvier 2023. 
 
Enfin, cette abstentionnisme record non élucidé, révèle que s’inscrire sur le fichier électoral ne garantit pas de pouvoir voter au Sénégal. En effet, il y a encore trois obstacles à surmonter pour pouvoir exercer son droit de vote. Premièrement, récupérer la carte d’électeur en espérant y trouver des informations électorales qui semblent être correctes, deuxièmement, pouvoir localiser son lieu de vote, et troisièmement, prier pour être sur les listes d’émargement le jour du scrutin. Tout ceci sans compter, avec les probables difficultés liées à l’identification (Nous y reviendrons).
 
Il est à rappeler que le fichier électoral et la carte électorale sont modifiables à tout instant par ses administrateurs et toute modification à l’insu de l’électeur lui fait perdre son droit de vote. Aussi, la non obtention par l’électeur d’informations actualisées, à cause de la non publication via des médias de communication de masse de la carte électorale, prive de vote de nombreux électeurs. 
 
Toutes ces anomalies et défaillances sur le processus électoral ne rapprochent pas, en définitive, le nombre de suffrages exprimés de l’électorat, conduisant à une élection au suffrage censitaire. C’est ainsi que c’est une minorité d’électeurs qui élit les représentants du peuple sénégalais depuis 2016. La dernière élection législative en est l’illustration avec un taux de participation de 46,6%. C’est le retour du Sénégal à la démocratie au suffrage censitaire de l’époque coloniale.
 
Ce processus électoral biaisé, qui ne favorise pas un scrutin démocratique et transparent, donne au pourvoir en place qui a l'administration sous son contrôle, détient les ressources financières et une justice inféodée, les moyens de programmer d’avance sa victoire ou d’atténuer sa défaite à chaque élection au Sénégal, et ce depuis 2016. Ainsi, les manquements et dysfonctionnements ont été nombreux lors de l’élection présidentielle de 2019, si bien que les critères essentiels qui permettent de qualifier ce scrutin de démocratique et transparent tels que stipulés dans la constitution du Sénégal ont été remis en cause. 
La liste de ces derniers est longue, on en cite quelques-uns sans être exhaustif :
 
** Collecte illégale et en catimini d’au moins 3 500 000 parrains par la coalition politique au pouvoir  ;
 
** Un nombre important de 1 730 808 Sénégalais non-inscrits sur les listes électorales, parmi eux, 1 104 157 jeunes âgés de 18-25  ;
 
** La rareté ou l’éloignement des sites des commissions administratives chargées de la révision des listes électorales et de la distribution des cartes d’électeurs ;
 
** Une distribution chaotique et sélective des cartes d’électeurs. Face notamment au nombre substantiel d’électeurs ne parvenant pas à retirer leurs cartes, ces derniers ont été autorisés à faire des demandes de duplicata sans avoir à produire de certificat de perte. Aucun chiffre n’a été communiqué sur les demandes et l es retraits de duplicatas. Combien de duplicatas ont été distribués ? Manque de traçabilité et opacité totale. Une autre porte ouverte à la fraude électorale ; 
 
** La modification de dernière heure de la carte électorale et la création de nouveaux bureaux de vote et la délocalisation de certains à l’insu des électeurs ;
 
** Des difficultés d’information et d’orientation pour le retrait des duplicatas pour les électeurs affectés par les changements de la carte électorale publiée 30 jours avant le scrutin ;
 
** Un nombre potentiellement significatif d’électeurs empêchés de voter à cause erreurs entre les listes électorales et leurs cartes d'électeurs;
 
** Les listes électorales non consultables en ligne ; Etc.
(Source : Rapport Union Européenne sur la présidentielle de 2019)
 
 En définitive, les nombreux manquements et dysfonctionnements ont permis d’élire l’actuel président du Sénégal par une minorité d’électeurs. En effet, pour être Président du Sénégal, élu au 1er tour à l’élection du 24 Février 2019, le candidat de la coalition politique au pouvoir a obtenu 2 555 426 voix sur un fichier électoral de 6 683 043, soit 38,23% de l’électorat. Tandis que, si on considéré l’électorat potentiel, estimé à 8 413 851 en 2019, en se fondant sur le rapport de février 2020 sur la population du Sénégal en 2019 de l’Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie, le Président actuel, serait élu à 30,37%. Ainsi, presque 70% de la population électorale n’a pas participé à cette élection.
 
En considérant tout ce qui précède, aucun Sénégalais n’a la certitude de pouvoir exercer son droit de vote à l’élection présidentielle du 25 février 2024, à moins d’être un électeur potentiel pour le pouvoir politique en place. En effet, pour tout Sénégalais, la seule et l’unique alternative pour s’assurer de la jouissance de son droit de vote, est d’être identifié et enrôlé comme électeur potentiel de la coalition de partis et mouvements politiques au pouvoir depuis 2012. 
 
Cette stratégie électorale a été théorisée et portée à la connaissance de l’opinion publique nationale par l’ancien Ministre de l’intérieur du Sénégal, le 25 février 2018, soit 1 an avant l’élection présidentielle de 2019. Au cours d’une émission de télévision l’ancien Ministre fit la déclaration suivante:
 
« J'ai la ferme intention de travailler pour que le Président Macky Sall gagne au 1er tour de l'élection présidentielle du 24 février 2019. Pour cela, d'abord je ferai inscrire tous ceux qui veulent voter pour Macky Sall. Je m'emploierai pour qu'ils récupèrent leurs cartes d'électeurs et je les aiderai à aller voter pour Macky Sall  ».
 
Il est aussi à comprendre de tels propos, que quiconque qui ne veut pas voter pour leur candidat, ne sera pas aidé par les autorités du Ministère en charge des élections, à s’inscrire, à récupérer sa carte et aller voter, et par conséquent, il pourrait ne plus jouir de son droit d’être électeur et de son droit de vote, garanti par l’article 3 de la Constitution du Sénégal. Ainsi donc, il faut désormais justifier une certaine allégeance à la coalition politique au pouvoir depuis 2012 pour avoir la confirmation d’être admis à voter. Rupture d’égalité des citoyens opérée par le pouvoir politique en place au Sénégal.
 
Cette transformation du droit de vote en propriété privée par la coalition politique au pouvoir qui accorde sa jouissance selon la couleur politique, est à déconstruire en perspective de la présidentielle de 2024. Ce travail ne saurait tarder, il doit débuter dès maintenant. 
 
Il est à remarquer que la collecte à l’échelle nationale des incidents électoraux qui peuvent être des preuves du manque de sincérité d’une élection demande des ressources humaines et financières dont ne disposent pas les organisations politiques et citoyennes du Sénégal. Certes, des initiatives citoyennes et politiques ont été tentées en vue de l’élection présidentielle de 2019. « La Plateforme opérationnelle de sécurisation des élections (Pose)  » visait à recenser les électeurs qui peinaient à récupérer leur carte d’électeur. Tandis que le « Pôle des 4  » initiée par les 4 candidats de l'opposition avait pour objectif la sécurisation du vote. Cependant, à l’heure de l’évaluation de l’élection présidentielle, aucune de ces initiatives n’a présentée des résultats qui révèlent que leurs objectifs ont été atteints, malgré leur dénonciation de la manipulation de l’élection.
 
La cruciale mobilisation citoyenne et politique est à démarrer dès à présent pour bloquer et prévenir la mise en œuvre d’un processus électoral qui exclue du vote plus de 50 % de l’électorat potentiel. L’objectif est qu’au moins 90 % de la population électorale, d’environ 9 millions de citoyens, puissent avoir l’opportunité d’exprimer leur volonté par un processus électoral transparent et démocratique.
 
A cet effet, il est donc impératif de mener et sans tarder les actions suivantes :
 
++ Mobiliser les citoyens pour exiger de la Direction générale des élections  un accès immédiat à une plateforme fonctionnelle de consultation en ligne du fichier électoral, un numéro vert d’appel, et ce jusqu’au jour du scrutin, le 25 février 2024. Les messages sont à poster sur leurs comptes Facebook  et Twitter.
 
++ Réclamer une prolongation d’au moins 5 mois de la révision exceptionnelle des listes électorales. Celle de 2012, a duré 8 mois. A cet effet, il faudra inviter les citoyens à poster tous les jours des messages dans ce sens sur tous les comptes de réseaux sociaux de la Présidence et du Président du Sénégal (Facebook, Twitter, etc.). Ça doit être une forte demande citoyenne, le nombre de messages postés en sera l’indicateur.

++ Documenter tous les manquements et dysfonctionnements. A cet effet, on peut dès à présent citer :
 ► Aucune investigation sur l’abstention record aux législatives de juillet 2022 de 3 757 356 électeurs sur un fichier électoral de de 7 036 466 inscrits soit 53,4 % de l'électorat afin d’identifier les causes et prendre des mesures correctives avant la préside ntielle de 2024 ;
► Démarchage de 1 500 000 électeurs par le parti politique au pouvoir sous couvert d'une vente de cartes de membres. Une atteinte à la sincérité du scrutin de 2024 ;
► Collecte illégale de données personnelles de 1 500 000 électeurs par le parti politique au pouvoir au vu et au su de l’autorité de protection des données ;
► Organisation d'une révision des listes électorales d'1 mois, plutôt que 6 mois, au moins, empêchant ainsi l’électoral potentiel d'environ 2 millions de citoyens de pouvoir exprimer en masse leur volonté en 2024  ;
► Mise à l’arrêt du service de consultation du fichier électoral en ligne et par numéro vert, ainsi aucun sénégalais n’est en mesure d'avoir des informations sur sa situation électorale avant la présidentielle de 2024. 
 
++ Alerte continue à l’échelle nationale et internationale par une campagne massive de communication sur ces incidents électoraux qui sapent déjà la sincérité du scrutin de 2024.
 
A défaut d’une prise en charge immédiate du processus électoral biaisé qui faussent le suffrage universel au profit d’un suffrage censitaire, la présidentielle de 2024 sera à nouveau une élection de faire valoir démocratique à l’image de celle de 2019. Et l’opposition continuera de parler d’élections truquées au Sénégal, sans convaincre personne.
 
Fait à Dakar, le 12/ 04 / 2023 
Ndiaga Gueye 
Doctorant en Sciences de l'Information et de la Communication 
Chercheur en marketing politique à l'ère du big data,
Laboratoire: LARSIC,  École Doctorale: ED-ETHOS, Université Cheikh Anta Diop de Dakar domukajoor@domukajoor.org  

 
Nombre de lectures : 555 fois


1.Posté par Me François JURAIN le 13/04/2023 09:36
La constitution, c'est la lecture que l'on donne au peuple pour lui faire oublier qu'il n'a rien à manger. Lorsque l'on voit l'usage qu'en fait le supposé gardien et garant de la constitution, lorsque l'on constate, en se demandant s'il faut rire au pleurer, l'application qu'en fait un conseil constitutionnel, complètement discrédité, lorsque l'on entend, abasourdi, les masturbations intellectuelles d'un ministre de la justice, de surcroit garde des sots (non, ce n'est pas une faute d'orthographe!) pour essayer d'expliquer qu'il n'y a pas de différence entre ce qu'il disait il y a quelques années, et aujourd'hui (le contraire, d'après lui, n'étant pas une différence), et que ce n'est qu'un simple problème de circonstances qui ont changées, on ne peut que rester interloqué et pantois, devant une telle pratique de la politique, qui ne trouve ses semblables qu'en Chine, en Turquie, en Corée du Nord ou en Russie.

Une constitution, ce n'est pas un instrument de pouvoir, c'est une règle absolue, à laquelle immanquablement tout le monde doit s'y soumettre. Et pour garantir son respect, PAR TOUS, il y a un gardien et un garant, c'est le Président de la République, et au dessus, il y a ce qu'il est convenu d'appeler un conseil des sages, c'est à dire un Conseil Constitutionnel, regroupement divers membres, choisis en partie par le Président de la République, pour une autre partie par le Président de l'Assemblée Nationale, et une autre partie par le Sénat, lorsqu'il y en a un. Ces membres sont choisis pour leur parfaite connaissance du droit, par un parcours intellectuel et professionnel sans faille et sans faute, et unanimement reconnus pour leur intégrité morale. Tout le monde doit pouvoir faire confiance au Conseil Constitutionnel.

Au Sénégal, le problème est un peu différent: Déjà, le garant et gardien de la Constitution que devrait être le Président de la République n'est pas tout à fait Président de la République, puisqu'il est à la fois Président de la République, issu pour un premier mandat, d'un vote incontestable, puis pour un deuxième et dernier mandat, ainsi que le prévoit la constitution, mais que prévoyais déjà l'ancienne constitution, sous le régime duquel se trouvait le premier mandat , n'en déplaise à Monsieur le Garde des sots (voir plus haut), ainsi que le troupeau de moutons bêlants, qui font pipi dans leur culotte, rien qu'à l'idée de voir disparaitre les avantages considérables qu'ils ont pu obtenir de ce Président populiste et clientéliste à souhait, et qu'ils n'auraient jamais pu obtenir de par leur cursus scolaire ou universitaire, ou leur valeur personnelle, qui voudrait nous faire croire que le premier mandat était en fait un "électron libre", ne répondant à aucune norme, aucun droit, en fait un vrai faux mandat qui n'a jamais existé!, et un deuxième mandat, issu d'élections dont le processus électoral a été largement bidouillé.

Mais ce Président porte également une deuxième casquette, inadmissible dans toute démocratie qui se respecte, celle, conjointe, de chef d'un parti politique, le sien, à savoir l'APR. Fâcheuse confusion des genres, puisque cet homme n'hésite même pas à provoquer des réunions de l'APR au Palais Présidentiel, ce qui est la démonstration même que cet homme est avant tout Président de l'APR, la fonction de Président de la République n'étant là que pour servir les desseins d'un parti politique. Partant de ce principe qui ne résulte que de simples constatations vérifiables et vérifiées tous les jours qui passent, ce Président déroule son plan tel que prévu:

Première phase: on impose le troisième mandat en venant expliquer qu'il est parfaitement légitime, et que de toutes les façons, c'est le peuple qui le réclame. Ce qui est totalement faux, car les militants apéristes, auxquels on peut rajouter le reste du troupeau de moutons bêlants, n'arrivent à peine qu'à 40% du nombre des votants (statistiques personnelles et qui n'engagent que moi). Ensuite, comme dit plus haut et sans vouloir le répéter, cette interprétation de la constitution est totalement fausse et éronnée, tous les Professeurs de droits sérieux, c'est à dire ceux qui ne se sont pas laissé corrompre pour raconter n'importe quoi, c'est à dire encore, l'immense majorité d'entre eux, ont déjà dit et continueront de le dire, que cette candidature est parfaitement illégale, illicite, contraire tant au droit constitutionnel qu'à la morale républicaine.

Deuxième phase: élimination des candidats gênants: mission quasiment remplie, le coup de grâce sera porté vraisemblablement devant la Cour d'Appel, le lundi 17 avril prochain, où ultérieurement si mise en délibéré. Des manifestations suivront, sanglantes, ce qui n'a aucun espèce d'importance pour le principal intéressé, ayant passé les deux dernières années à se sur-armer, afin de réprimer dans le sang toutes velléités populaires, fussent elles légitimes et fort compréhensibles.

Troisième phase: le bidouillage électoral. Ça, c'est un grand classique, qui revient à chaque élection. On a déjà tout vu depuis dix ans, les cartes d'électeurs non distribuées, les votes des morts et/ou des enfants à naître, les déplacements d'électeurs...La nouveauté pour 2024, c'est la mise à jour des listes électorales, dont chacun sait que dans ce pays, cela peut prendre plusieurs mois: pour 2024, vous n'avez que quelques semaines, avec des bureaux la plupart du temps fermés ou "débordés": normal, le but du jeu est d’empêcher surtout les jeunes de venir s'inscrire, d'autant qu'il parait que ces jeunes là ne sont pas particulièrement pro-Macky. Il eut été plus franc, et honnête (deux mots qui ne font pas partie du vocabulaire APR) de leur dire: je ne veux pas de vous comme électeurs, donc restez chez vous! Au moins, tous ces braves citoyens désireux d'accomplir un acte hautement civique ne perdraient pas leur temps et se dispenseraient d'espoirs déçus.

Quatrième phase: l'élection elle-même. Là, c'est un peu l'inconnue. Beaucoup de candidats dans l'opposition, ce qui risque de provoquer un deuxième tour, le tour de tous les dangers. Car si un axe se dessine, Mimi TOURE-Guy Marius SAGNA, avec un leader charismatique à déterminer, et que l'opposition, comme un seul homme, se range derrière celui ci, le pire est à craindre pour le Président de l'APR. Donc, il faudra éviter le deuxième tour. Problème, l'écart est trop grand pour pouvoir être comblé par un bidouillage du processus électoral. Il est donc à craindre de voir fleurir, le moment venu, les faux Procés verbaux, ou les rendre incontrôlables comme cela s'est déjà vu par le passé, ou procéder aux bourrages d'urnes.

Bon, mais, premier ou deuxième tour, il faut que ce Président de l'APR soit élu. C'est une nécessité absolue, pour lui, sa famille et son clan, faute de risquer de connaître, à une plus grande échelle, le même sort que Karim WADE ou Khalifa SALL! ce qui serait quand même, convenons en un comble dirons les uns, un simple retour de flamme dirons les autres. A chacun sa vérité.

Pour satisfaire la curiosité des quelques uns qui lisent ces lignes, le résultat: il est assez simple, Macky SALL élu avec 54% des suffrages exprimés...et dès le premier tour! Deuxième tour, on peut monter jusqu'à 59% (chiffrage personnel et qui n’engage que moi)
A moins que...

Karim WADE, qui tient les rênes du PDS, et qui a les moyens aussi bien financiers que psychologiques, décide de prendre sa revanche sur son bourreau, et le laisse tranquillement mordre la poussière, en maintenant son parti dans l'opposition, et indique à voter contre Macky SALL;

Karim ADE, à ce jour, occupe un poste important au QATAR, il est devenu riche, très riche, et pour une fois, grâce à ses compétences personnelles et professionnelles. Comme diraient les jeunes, il s'éclate dans son travail, et on ne voit pas pourquoi, mais alors vraiment pas pourquoi il viendrait se fourvoyer dans une élection Présidentielle d'un pays qui ne lui a attiré que des ennuis! Qui plus est, l'homme a "la dent dure", Idrissa SECK en sait quelque chose, et pouvoir prendre sa revanche sur un Macky SALL qui fut son bourreau n'est certainement pas fait pour lui déplaire, qui plus est avec panache et mépris: cette chance lui est offerte sur un plateau d'or, saura t-il la saisir? Personnellement, je pense que oui, mais c'est un homme d'affaires, et la devise et l'obsession d'un homme riche, c'est "toujours plus".

Et dans cette affaire là, Macky SALL est capable de faire outrageusement monter les enchères, d'abord, parce qu'il a trop à perdre, et ensuite, parce que les sommes allouées ne sortirons pas de sa poche! Mais les principes n'ont jamais que la valeur qu'on leur attribuent, et là, seul Karim WADE peut répondre. Sauf bien sur si son père se mèle à la discussion, problème de génération...

En résumé, pour Macky SALL, eux obstacles, qui ne sont pas insurmontables: le premier, Karim WADE, se laissera t-il acheter? Le deuxième, l'union des oppositions: qui trahira en premier, contre espèces sonnantes et trébuchantes?

Je maintiens ce que j'ai déjà souvent dis et écris: l'année 2023 sera passionnante!
Me François JURAIN


Nouveau commentaire :












Inscription à la newsletter