L’Ukraine a affirmé vendredi tout faire pour « remporter la victoire cette année » contre la Russie, annonçant une contre-offensive prochaine, le jour du premier anniversaire de l’invasion du pays par l’armée russe.
À Moscou, le numéro deux du Conseil de sécurité russe Dmitri Medvedev a lui aussi juré la « victoire », y allant de sa menace, disant la Russie prête à aller jusqu’aux « frontières de la Pologne ».
Varsovie a de son côté annoncé avoir livré à l’Ukraine les premiers chars de combat Leopard 2 de fabrication allemande, attendus depuis des semaines.
Le président Volodymyr Zelensky, devenu dans le monde entier le visage de la résistance acharnée des Ukrainiens, a donc fixé pour objectif de vaincre le géant russe « cette année ».
« Nous sommes prêts à tout », a-t-il dit dans une vidéo en ligne.
« L’Ukraine a inspiré le monde. L’Ukraine a uni le monde », a-t-il ajouté, assis à un bureau dans un clair-obscur, vêtu d’un pull noir frappé des armoiries ukrainiennes, un trident jaune.
M. Zelensky a aussi juré de punir « les meurtriers russes […] Par un tribunal international, par le jugement de Dieu ou par nos soldats ».
Kyiv travaille « dur » à une contre-offensive, a ajouté son ministre de la Défense, Oleksiï Reznikov promettant de frapper la Russie dans « les airs, sur terre, en mer ».
Selon lui, l’Occident voit l’Ukraine comme son « bouclier » face à la Russie. Américains et Européens multiplient les livraisons d’armements, envoyant désormais des chars et des munitions de plus longue portée pour aider Kyiv à surmonter son déficit d’hommes et d’équipement avec des armes plus précises que celles des Russes.
Le président Zelensky a aussi rendu hommage aux soldats ukrainiens sur le front et ceux tombés au combat. « Nous sommes tous fiers de vous ! », a-t-il lancé sous un ciel gris lors d’une cérémonie de remise de décorations organisée dans la matinée au pied de la cathédrale Sainte-Sophie de Kyiv.
Petit frère à la guerre
Le drapeau national bleu et jaune y a été hissé, avant que ne résonne l’hymne ukrainien : « Ni la gloire ni la liberté de l’Ukraine ne sont mortes… »
M. Zelensky doit encore s’exprimer en recevant vendredi le premier ministre polonais Mateusz Morawiecki, puis donner une grande conférence de presse.
Des cérémonies sont prévues localement aussi, notamment à Boutcha, théâtre d’un massacre de civils imputé aux troupes russes.
Galyna Gamoulets, 64 ans, est une habitante de cette banlieue de Kyiv et y a vécu les premières semaines de la guerre : « c’était tellement effrayant que je ne veux pas me souvenir ». Elle se dit aujourd’hui « plus calme » maintenant que l’Ukraine a « des armes, de l’aide, et (son) armée ».
Mais « le petit frère de mon mari est à la guerre, à Bakhmout […] Il dit que c’est très dur », raconte-t-elle, en référence à cette ville de l’Est, théâtre d’une bataille acharnée depuis l’été.
Dans le monde, le ton était généralement à la solidarité avec l’Ukraine.
L’Assemblée générale de l’ONU a exigé jeudi dans une résolution votée à une majorité écrasante un retrait « immédiat » des troupes russes. Mais il y a eu des abstentions notables, à commencer par la Chine, alliée stratégique de la Russie.
L’OTAN s’est dite « résolue à aider l’Ukraine » et le G7 va lui appeler à s’abstenir d’envoyer de l’aide militaire à Moscou, alors que les Occidentaux suspectent Pékin de réfléchir à passer ce cap.
Le président Emmanuel Macron a assuré Kyiv de sa solidarité, tandis que le chancelier allemand Olaf Scholz a promis que Vladimir Poutine « n’atteindra pas ses objectifs impérialistes ».
À Paris, la tour Eiffel a été illuminée dès jeudi soir aux couleurs jaune et bleu du drapeau ukrainien. À Londres, une minute de silence et une prière en présence de députés et diplomates auront lieu avant une marche jusqu’à l’ambassade russe.
En plein cœur de Berlin, la carcasse d’un char russe en partie détruit a été installée devant l’ambassade de Russie.
Guerre par procuration
Les Occidentaux ont aussi prévu de renforcer les sanctions imposées depuis un an à Moscou. La Maison-Blanche a annoncé vendredi notamment réduire l’accès russe à des technologies sensibles comme les semi-conducteurs. Mais jusqu’ici, la Russie a su s’adapter.
À l’inverse, la Chine a appelé à tenir des pourparlers de paix russo-ukrainiens, évoquant à la fois le respect de l’intégrité territoriale ukrainienne et les revendications sécuritaires russes. Une équation jusqu’ici impossible.
Pékin « n’a pas beaucoup de crédibilité » concernant l’Ukraine, a commenté le chef de l’OTAN Jens Stoltenberg.
L’Ukraine est entrée vendredi dans sa deuxième année de grande guerre. Aidée des Occidentaux, elle a infligé des revers inattendus à Vladimir Poutine qui avait déclenché au petit matin du 24 février 2022 le pire conflit en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale.
Un an plus tard, des villes ukrainiennes ont été détruites, une partie du pays est occupé et les deux camps comptent chacun plus de 150 000 tués ou blessés, selon des estimations occidentales. Quelque huit millions d’Ukrainiens ont été déplacés.
Passé le choc initial, l’armée ukrainienne est parvenue à repousser l’envahisseur de Kyiv, du nord, du nord-est et dans le sud. Depuis l’hiver, le front s’est stabilisé, mais les deux camps préparent de nouvelles offensives.
Outre la Crimée annexée en 2014, la Russie revendique comme siennes quatre régions de l’est et du sud ukrainien.
Vladimir Poutine, qui n’a pas prévu de s’exprimer vendredi, a accusé toute la semaine l’Occident de mener une guerre par procuration pour anéantir la Russie et prétendu que l’Ukraine est dirigée par un régime néonazi génocidaire. Il a juré de poursuivre « méthodiquement » son offensive.
La Russie, face à l’étendue des pertes, a mobilisé depuis septembre des centaines de milliers de réservistes. Elle espère toujours au moins conquérir les quatre régions partiellement occupées qu’elle revendique.
Les combats se concentrent actuellement dans l’est, autour de la ville-forteresse de Bakhmout, où les forces russes avancent lentement depuis quelques semaines. Le patron du groupe paramilitaire russe Wagner a ainsi affirmé vendredi que ses troupes avaient pris le petit village de Berkhivka, voisin de Bakhmout. (AFP)