Un médecin de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) qui a récemment visité la bande de Gaza tire la sonnette d'alarme sur les conditions de vie des habitants.
Dans une déclaration à la presse, Hanan Balkhy, directrice régionale de l’OMS pour la Méditerranée orientale, a décrit une situation "apocalyptique" dans l'enclave palestinienne assiégée par l'armée israélienne. Les résidents sont réduits à boire des eaux usées et à manger des aliments pour animaux en raison du manque de nourriture et d'eau potable. Les infrastructures détruites par les bombardements incessants ont laissé des milliers de personnes sans abri, vivant dans des tentes inondées par les eaux usées sous des températures dépassant les 30°C.
Selon la responsable de l’OMS, le blocus imposé par Israël et la fermeture du point de passage entre l'Égypte et Gaza depuis le 7 mai ont gravement limité l'entrée de vivres et de ressources. "Il y a des gens qui mangent désormais de la nourriture animale, de l’herbe, et boivent des eaux usées," rapporte Balkhy, en appelant à une augmentation immédiate de l’aide humanitaire.
L'ONU et plusieurs ONG ont régulièrement alerté sur un risque de famine généralisée dans l'enclave, les produits entrant en quantité très insuffisante par le passage de Kerem Shalom. La distribution de l’aide sur place est entravée par les conditions et les bombardements continus. L'ONU estime que plus d'un million de personnes à Gaza sont confrontées à des niveaux catastrophiques d'insécurité alimentaire.
Balkhy a également mis en lumière l'impact de la guerre sur les soins de santé, exhortant Israël à ouvrir ses frontières pour permettre l'entrée de matériel médical crucial comme des respirateurs et des produits chimiques pour purifier l'eau. Elle a souligné que 11 000 personnes gravement malades ou blessées nécessitant une évacuation médicale sont actuellement bloquées.
Les enfants de Gaza, premières victimes des traumatismes de la guerre, sont exposés à des maladies telles que la rougeole, la varicelle, la diarrhée et les infections respiratoires, a expliqué Balkhy. La situation risque d'avoir un impact énorme sur leur santé mentale, provoquant des syndromes de stress post-traumatique.
Les conditions sanitaires dans les camps de déplacés, notamment à Khan Younès et au camp d'Al-Maghazi, sont catastrophiques. Les eaux usées envahissent les tentes, obligeant les habitants à évacuer les eaux sales avec de petits récipients.
Un million de personnes pourraient mourir d'ici à juillet
Plus d'un million de personnes, soit presque la moitié de la population de Gaza, "devraient faire face à la mort et à la famine d'ici la mi-juillet", a déclaré l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) mercredi.
Dans un rapport intitulé « Hunger Hotspots Report » : la famine menace à Gaza tandis que le risque de famine persiste au Soudan, en Haïti, au Mali et au Soudan du Sud, la FAO a souligné les dangers que la crise israélo-palestinienne a engendrés.
"Le conflit en cours en Palestine devrait aggraver davantage des niveaux déjà catastrophiques de faim aiguë, avec des cas de famine et de mort déjà signalés, en plus du nombre de morts sans précédent, de la destruction généralisée et du déplacement de presque toute la population de la bande de Gaza – avertit le rapport", a déclaré la FAO.
"À la mi-mars 2024, la famine était prévue pour survenir d'ici la fin mai dans les deux gouvernorats nord de la bande de Gaza, à moins que les hostilités ne cessent, que l'accès complet ne soit accordé aux agences humanitaires et que les services essentiels ne soient rétablis", a-t-il noté.
L'agence a averti : "Plus d'un million de personnes – la moitié de la population de Gaza – devraient faire face à la mort et à la famine (Phase 5 de l'IPC) d'ici la mi-juillet".
La guerre israélienne contre Gaza, qui dure depuis le 7 octobre 2023, a fait plus de 118 000 morts et blessés Palestiniens, dont la plupart sont des femmes et des enfants, en plus d'environ 10 000 disparus, dans un contexte d'énormes destructions et de famine qui a déjà coûté la vie à un grand nombre d'enfants et personnes âgées.
Israël continue sa guerre en faisant peu de cas d'une résolution de l'ONU exigeant la fin immédiate des hostilités et des décisions de la Cour internationale de justice (CIJ) lui ordonnant de prendre des mesures pour prévenir un "génocide" et "améliorer la situation humanitaire" dans la bande de Gaza.
Le 26 mai, Israël a lancé une frappe aérienne contre un camp de personnes déplacées à Rafah, tuant au moins 45 personnes, pour la plupart des femmes et des enfants. Israël poursuit son offensive brutale sur la bande de Gaza (Palestine) depuis l'attaque du Hamas le 7 octobre, malgré une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU exigeant un cessez-le-feu immédiat. [AA]