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A la frontière gréco-bulgare, ces Ukrainiens qui "désertent" pour ne pas faire la guerre

Samedi 12 Mars 2022

A la frontière gréco-bulgare, ces Ukrainiens qui "désertent" pour ne pas faire la guerre
 À la frontière gréco-bulgare, dans les files d’attente gigantesques, femmes et enfants fuyant la guerre en Ukraine s’entassent dans les voitures. Mais quelques hommes qui refusent de prendre les armes cherchent aussi refuge en Grèce.
 
C’est le cas de Mykhaylo, 42 ans, rencontré par l’AFP au poste-frontière de Promachonas, dans le nord de la Grèce. Malgré la mobilisation générale déclarée en Ukraine et l’interdiction faite à tous les hommes âgés de 18 à 60 ans de quitter le pays, il a réussi à se faufiler dans la foule et à traverser la frontière entre l’Ukraine et la Roumanie.
 
« Je suis un homme d’affaires basé à Kiev. Je ne voulais pas m’engager dans l’armée. Je n’aime pas les armes, ni la guerre », confie-t-il sous le couvert de l’anonymat.
 
« Je suis un homme simple qui veut vivre en sécurité et en paix. C’est impensable ce qui se passe actuellement », s’exclame l’Ukrainien qui voyage avec sa femme de 35 ans dans une voiture de luxe. Le quadragénaire raconte avoir marché plusieurs kilomètres pour échapper aux contrôles à la frontière entre l’Ukraine et la Roumanie.
 
« Ma femme, qui a le droit de quitter le pays, a traversé la frontière en voiture », relate Mykhaylo.  Quant à lui, il a « été obligé de marcher plusieurs heures sur des petits chemins pour éviter les contrôles et me retrouver en sécurité en Roumanie ».
 
« De là, nous avons continué par la route en voiture vers la Grèce », précise l’homme d’affaires. Il ne se considère pas comme un traître et dit qu’il soutiendra son pays d’une autre manière, mais pas en combattant.  
 
« De quel droit ? »
 
« C’est inconcevable pour moi de devoir prendre les armes, et de devoir si nécessaire tuer quelqu’un. Je ne peux pas concevoir de faire une telle chose. Qui peut forcer une personne à cette action ? De quel droit ? », se demande-t-il.  
 
« Si nécessaire, je peux aider mon pays avec de l’argent ou d’une autre façon, mais pas en prenant les armes ou en participant aux combats », insiste-t-il.
L’entrepreneur va se rendre en Crète où vivent des amis.  
 
« Peu importe les sanctions que je peux encourir pour ma décision de quitter mon pays. Ce que je veux, c’est que toutes ces bêtises cessent au plus vite et qu’on recommence à vivre », espère-t-il.
 
Le couple « restera en Grèce aussi longtemps que nécessaire ». Mykhaylo exhorte à « pas ne s’habituer aux images de la guerre. Ce ne sont pas des jeux vidéo. Il y a des morts, de soldats, mais aussi des femmes et des enfants ».
 
Inimaginable « au 21e siècle »
 
Environ 7900 réfugiés ukrainiens sont arrivés en Grèce à ce stade, selon le ministère grec de la Protection du citoyen.  Ils logent en grande majorité chez des proches, et les camps préparés par le gouvernement grec restent vides.  
 
« Nous ne nous sentons pas comme des réfugiés », confie Marina Bodnar, 39 ans, à la frontière gréco-bulgare.  
 
Accompagnée de son fils de 7 ans, Timur, et de ses deux nièces, Angelina et Kyria, âgées de 17 et 10 ans, la mère de famille sera hébergée chez sa belle-mère à Athènes. « Jusqu’à la fin de la guerre puis nous retournons dans notre patrie. J’espère que ce cauchemar se terminera très bientôt », dit-elle à l’AFP.
 
Tetyana, 37 ans, a fait le voyage en voiture d’Odessa jusqu’à Thessalonique, dans le nord de la Grèce, où elle est hébergée chez un ami.  
 
« J’ai laissé derrière moi mon mari et mon fils de 19 ans qui n’ont pas le droit de partir », dit-elle les larmes aux yeux. « Qui aurait pensé que cela pourrait arriver au 21e siècle ? » (AFP)
 
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