Par Momar DIENG
(Reportage) Macky Sall n’était pas présent dans la salle des tapis à bagages de l’aéroport flambant qu’il a inauguré aux forceps à la date fétiche du 7 décembre 2017. Endurant, il se serait difficilement sorti du procès nocturne que des centaines de passagers livrés à eux-mêmes ont intenté contre lui, dans un espace où les tribunes libres se sont multipliées pour étaler frustrations et exaspérations. Explosion de colère de passagers arrivés à destination, mais pris en otage dans un espace où pas une seule autorité n’a pointé le bout du nez ou de la…langue pour calmer la furia.
Ces lieux étaient devenus une forêt touffue: de valises, sacs, sacoches, cartons, emballages divers, trainant dans ce qui était devenu un no man’s land, attendant leurs propriétaires; de tapis roulants implorant qu’on les décharge de leurs fardeaux; de centaines de Sénégalais et d’étrangers s’échinant à dénicher leurs colis; d’enfants semi-endormis ou éveillés accrochés aux basques de parents au bord de la rupture psychique. Sur les visages, énervement, exaspération…et un peu de résignation chez certains en attendant le miracle.
Dans le fourmillement incandescent des lieux, une consœur, Ndèye Khady Lô, revenus de Londres, semble en compétition avec des moulins à vents qu’elle ne voyait même pas. Un confrère, Pape Ismaïla Dieng, arrivé de Casablanca, la mine nerveuse et affairée, donne, lui, l’impression d’être en guerre…
En service, une maigre poignée d’agents –entre 3 et 5 ?– stoïques mais archi-débordés par l’immensité des tâches, en dépit de l’aide apportée par des passagers compréhensifs et généreux face aux critiques acerbes de quelques «radicaux» peu enclins à la mansuétude. «Ces jeunes gens n’y sont pour rien», s’écrie, agacé, un homme en colère contre les autorités, très vite soutenu par d’autres voix. «Nous savons tous ici que c’est la précipitation à ouvrir cet aéroport qui n’était pas prêt qui a engendré ces problèmes. C’est vraiment de l’incompétence.»
L’échange d’informations entre passagers –se connaissant ou pas- a semblé fonctionner. Des «liens sociaux dédiés» naissent sur place, les uns aidant les uns les autres par le renseignement, ceux-ci orientant ceux-là dans leurs recherches. Une des «stars» de cette soirée du 16 au 17 décembre est une jeune femme au style libéré, cheveux aux vents, dans un accoutrement très «in». La voix grave et forte, elle avait jeté son dévolu sur son punching-ball préféré: le président de la République.
«Quand on est aussi incompétent, on doit avoir le courage de laisser tomber et de changer de métier. Président de la République, je suis désolé, ce n’est pas un métier mais il faut être compétent pour l’être et le rester», lâche-t-elle sous un tonnerre d’applaudissements, les bras gesticulant de manière désordonnée, les pas fuyant. Elle n’avait pas que des supporters.
«Elle se prend vraiment au sérieux, celle-là», ironise une jeune étudiante débarquée de Paris, de grosses lunettes sur le nez, avant de s’écrier: «ma sœur, il faut chaud… », sans être entendue dans le brouhaha ambiant. Revenue au milieu de ses fans, la harangueuse décoche encore ses flèches. «Ce à quoi nous assistons ici et maintenant ressemble à du sabotage contre notre pays, son image…», dit-elle tout en furie. Autour d’elle, un autre se pose la question suivante: «pourquoi notre président fait-il souffrir ses propres compatriotes même quand il est dans l’intention de faire du bien ?»
Juste derrière ce centre d’attraction, un pro et un anti-Macky se déchirent avec des amabilités auras des pâquerettes. «Arrêtez de tout rejeter sur le président. Soyez positif en sachant que cet aéroport démarre peut-être avec ses difficultés mais qu’il reste le patrimoine de la nation», souligne le premier. «Quand on est incapable de faire démarrer un aéroport, on doit dégager», grommelle le second. Sans l’intervention des «spectateurs», il y aurait eu échanges de coups de poings. Dans la foulée, des Européens réunis en petits comités se firent un plaisir de se raconter les galères de leurs proches ou amis il y a quelques jours…
Présent dans la foule, en civil ou en tenue, des policiers ne semblaient pas attirer par cette explosion libérée du discours dans cette partie de l’aéroport, préférant se concentrer sur les missions qui sont les leurs. Comme surveiller avec discrétion les allées et venues…Sait-on jamais. «En tout cas, il faut souhaiter que tout cela change et que les impairs soient rapidement corrigés», plaide un passager en attente de trouver ses affaires.
Des impairs à corriger ? Il y en a beaucoup et pas des moindres. Des passagers dont votre serviteur sont sortis de l’aéroport international Blaise Diagne avec leurs sacs ou valises sans que personne ne vérifie qu’ils en sont propriétaires…
(Reportage) Macky Sall n’était pas présent dans la salle des tapis à bagages de l’aéroport flambant qu’il a inauguré aux forceps à la date fétiche du 7 décembre 2017. Endurant, il se serait difficilement sorti du procès nocturne que des centaines de passagers livrés à eux-mêmes ont intenté contre lui, dans un espace où les tribunes libres se sont multipliées pour étaler frustrations et exaspérations. Explosion de colère de passagers arrivés à destination, mais pris en otage dans un espace où pas une seule autorité n’a pointé le bout du nez ou de la…langue pour calmer la furia.
Ces lieux étaient devenus une forêt touffue: de valises, sacs, sacoches, cartons, emballages divers, trainant dans ce qui était devenu un no man’s land, attendant leurs propriétaires; de tapis roulants implorant qu’on les décharge de leurs fardeaux; de centaines de Sénégalais et d’étrangers s’échinant à dénicher leurs colis; d’enfants semi-endormis ou éveillés accrochés aux basques de parents au bord de la rupture psychique. Sur les visages, énervement, exaspération…et un peu de résignation chez certains en attendant le miracle.
Dans le fourmillement incandescent des lieux, une consœur, Ndèye Khady Lô, revenus de Londres, semble en compétition avec des moulins à vents qu’elle ne voyait même pas. Un confrère, Pape Ismaïla Dieng, arrivé de Casablanca, la mine nerveuse et affairée, donne, lui, l’impression d’être en guerre…
En service, une maigre poignée d’agents –entre 3 et 5 ?– stoïques mais archi-débordés par l’immensité des tâches, en dépit de l’aide apportée par des passagers compréhensifs et généreux face aux critiques acerbes de quelques «radicaux» peu enclins à la mansuétude. «Ces jeunes gens n’y sont pour rien», s’écrie, agacé, un homme en colère contre les autorités, très vite soutenu par d’autres voix. «Nous savons tous ici que c’est la précipitation à ouvrir cet aéroport qui n’était pas prêt qui a engendré ces problèmes. C’est vraiment de l’incompétence.»
L’échange d’informations entre passagers –se connaissant ou pas- a semblé fonctionner. Des «liens sociaux dédiés» naissent sur place, les uns aidant les uns les autres par le renseignement, ceux-ci orientant ceux-là dans leurs recherches. Une des «stars» de cette soirée du 16 au 17 décembre est une jeune femme au style libéré, cheveux aux vents, dans un accoutrement très «in». La voix grave et forte, elle avait jeté son dévolu sur son punching-ball préféré: le président de la République.
«Quand on est aussi incompétent, on doit avoir le courage de laisser tomber et de changer de métier. Président de la République, je suis désolé, ce n’est pas un métier mais il faut être compétent pour l’être et le rester», lâche-t-elle sous un tonnerre d’applaudissements, les bras gesticulant de manière désordonnée, les pas fuyant. Elle n’avait pas que des supporters.
«Elle se prend vraiment au sérieux, celle-là», ironise une jeune étudiante débarquée de Paris, de grosses lunettes sur le nez, avant de s’écrier: «ma sœur, il faut chaud… », sans être entendue dans le brouhaha ambiant. Revenue au milieu de ses fans, la harangueuse décoche encore ses flèches. «Ce à quoi nous assistons ici et maintenant ressemble à du sabotage contre notre pays, son image…», dit-elle tout en furie. Autour d’elle, un autre se pose la question suivante: «pourquoi notre président fait-il souffrir ses propres compatriotes même quand il est dans l’intention de faire du bien ?»
Juste derrière ce centre d’attraction, un pro et un anti-Macky se déchirent avec des amabilités auras des pâquerettes. «Arrêtez de tout rejeter sur le président. Soyez positif en sachant que cet aéroport démarre peut-être avec ses difficultés mais qu’il reste le patrimoine de la nation», souligne le premier. «Quand on est incapable de faire démarrer un aéroport, on doit dégager», grommelle le second. Sans l’intervention des «spectateurs», il y aurait eu échanges de coups de poings. Dans la foulée, des Européens réunis en petits comités se firent un plaisir de se raconter les galères de leurs proches ou amis il y a quelques jours…
Présent dans la foule, en civil ou en tenue, des policiers ne semblaient pas attirer par cette explosion libérée du discours dans cette partie de l’aéroport, préférant se concentrer sur les missions qui sont les leurs. Comme surveiller avec discrétion les allées et venues…Sait-on jamais. «En tout cas, il faut souhaiter que tout cela change et que les impairs soient rapidement corrigés», plaide un passager en attente de trouver ses affaires.
Des impairs à corriger ? Il y en a beaucoup et pas des moindres. Des passagers dont votre serviteur sont sortis de l’aéroport international Blaise Diagne avec leurs sacs ou valises sans que personne ne vérifie qu’ils en sont propriétaires…