En apposant leurs signatures au bas d’un document qui semble leur avoir été soumis pour apporter leur onction d’ancien président de la République au putsch anti-constitutionnel du 3 février 2024, Diouf et Wade se rendent complices actifs de la violation des droits inaliénables du peuple sénégalais á un libre exercice du droit de vote, au nom d’intérêts partisans.
De leur retraite dorée parisienne respective, deux portés disparus des affaires politiques sénégalaises décident de se rappeler aux bons (et mauvais) souvenirs de leurs compatriotes en venant à la rescousse d’un successeur empêtré dans de saugrenues combines politiciennes qui ont fini par être le sceau indélébile de son pouvoir et de ses méthodes de gouvernance.
Abdou Diouf et Abdoulaye Wade, s’arrogeant le titre de « pères de la démocratie sénégalaise » aux cotés de Léopold Sédar Senghor, demandent aux Sénégalais d’accepter le fait accompli du coup d’Etat anti-constitutionnel perpétré par Macky Sall et ses députés, de se lancer dans un « dialogue national » et de se projeter dans une élection présidentielle décrétée au forceps pour le 15 décembre 2024. Pour qui se prennent ces deux anciens présidents de la République?
Dans cette « déclaration conjointe du 11 fevrier 2024 », toutes leurs fumisteries débitées sur les événements actuels provoqués par Macky Sall á partir de son discours du 3 février accablent insidieusement tous ceux et toutes celles qui, au Sénégal, subissent depuis plusieurs années les affres d’une sanglante répression d’Etat impitoyablement mise en oeuvre par des bras judiciaire et sécuritaire soumis. Cette orientation assumée et soutenue par une grande détermination politique est á l’origine de la mort violente de plusieurs dizaines de nos compatriotes pour lesquels le minimum de considération n’a jamais été respecté: zéro enquête, zero coupable.
Silence et tristesse
Le cynisme et l’hypocrisie de ces deux ex-compères du marigot politique sénégalais des années 80 à 2000 heurte toute conscience témoin de leur silence permanent devant l’enchaînement mécanique et méthodique des fourberies meurtrières développées par le régime en place depuis 2012 pour rendre irréversible sa conservation du pouvoir.
Abdou Diouf et Abdoulaye Wade peuvent bien exprimer leur « tristesse » de février 2024 pour les trois pauvres jeunes tués entre vendredi et samedi à Saint-Louis, Dakar et Ziguinchor parce qu’ils manifestaient pacifiquement pour la tenue de la présidentielle du 25 février à date échue. Les autres, apparemment, ils s’en fichent !
Abdou Diouf revient sur sa « déclaration conjointe » avec Abdoulaye Wade
Ceux dont les vies ont été emportées par la machine de répression et dont les âmes doivent hanter les pavés du pouvoir. Ceux dont les corps portent à jamais les stigmates de la torture physique et émotionnelle en milieu carcéral. Ceux contre qui des charges et des délits ont été inventés et fabriqués de toutes pièces afin que « force reste á la loi » dans le cadre de règlements de comptes politiques inities par ceux qui ont capturé l’Etat et corrompu ses institutions. A tous ceux-ci et à tous ceux-là, Diouf et Wade n’ont jamais manifesté l’once de solidarité ou de compassion qui aurait été digne de leurs fonctions naguère prestigieuses.
Pourquoi déresponsabiliser Macky Sall ?
Pour qui se prennent Abdou Diouf et Abdoulaye Wade? L’un restera sans doute l’un des plus parfaits « produits » coloniaux dont la France ait pu disposer dans la défense de ses intérêts au Sénégal durant une très longue période. L’autre est un vieux aigri qui ne s’est jamais remis de sa défaite cuisante de 2012 après avoir été désarçonné par l’incapacité du fils prodigue á prendre le relai d’une présidence programmée pour enfanter une dynastie affairiste.
Mais sont-ce là des raisons suffisantes pour qu’en février 2024, ensemble, ils en arrivent à synchroniser tant de mépris et d’arrogance á l’endroit des Sénégalais restés au pays et supportant les violences politiques et institutionnelles du commanditaire de leur « déclaration conjointe »?
Pour qui se prennent Abdou Diouf et Abdoulaye Wade ? L’un a fait des choix existentiels qui ne regardent que lui car c’est son droit le plus absolu : vivre en France et pour la France, jusqu’à la mort sans doute (longue vie Monsieur le President!), loin des réalités du pays. L’autre ne peut ignorer que le fils pour lequel il voyait grand vient d’être pris en flagrant délit de mensonge à un moment T des opérations de parrainage relatives à la présidentielle annulée du 25 février 2024.
Si la situation actuelle du Sénégal les préoccupe tant, la moindre des démarches politiques aurait été de prendre langue avec tous les acteurs essentiels de la crise sénégalaise, bien avant ces instants de désespoir qui font paniquer au sommet du pouvoir. Leur tort qui est en même temps une faute politique et morale insupportable, c’est d’avoir gravement déresponsabilisé le président Macky Sall en reprenant sa réthorique éculée et ses antiennes, en fait de vieilles ficelles avec lesquelles il a patiemment construit l’impasse politique et institutionnelle dans laquelle il s’est fourré, lui avec son oligarchie.
« Débrouille-toi ! »
Enfin, pour qui se prennent Abdou Diouf et Abdoulaye Wade pour nous vendre les engagements du président Macky Sall? Son premier mandat de 7 ans, il devait le ramener á 5 ans. A-t-il tenu parole ? Non. Malgré son référendum de mars 2016 á travers lequel il se vantait d’avoir résolu une fois pour toutes la question du nombre de mandats, il persiste encore á penser qu’il a droit à un 3e mandat : il l’a dit et répété dans le fameux discours du 3 juillet 2023 cité par les deux compères.
En février 2024, Abdou Diouf et Abdoulaye Wade n’auraient dû avoir qu’un seul message pour Macky Sall :
« Cher président Macky, c’est dur pour nous de te le dire ainsi, mais c’est pour ton bien. Tu as détruit tous les acquis démocratiques que nous avons obtenus, nous deux bien sûr, après de gros sacrifices du peuple sénégalais, pendant plusieurs années. Maintenant, débrouille-toi car tu n’as pas le droit de faire moins que nous. Le 2 avril 2024 n’est plus très loin. »