Le président turc Recep Tayyip Erdogan a exprimé vendredi son hostilité à l’adhésion de la Finlande et de la Suède à l’OTAN, au risque de bloquer l’ensemble du processus qui requiert l’unanimité des membres de l’Alliance atlantique.
« Nous n’avons pas un avis positif », a déclaré M. Erdogan, disant ne pas vouloir voir « se répéter la même erreur que celle commise au moment de l’adhésion de la Grèce », un voisin avec lequel la Turquie entretient historiquement des relations compliquées.
Le chef de l’État turc a notamment reproché à ces deux pays nordiques de servir d’« auberge aux terroristes du PKK », le Parti des travailleurs du Kurdistan, considéré comme une organisation terroriste par Ankara, mais aussi par l’Union européenne et les États-Unis.
Ces déclarations jettent un froid sur un processus appuyé jusqu’ici par la plupart des membres de l’OTAN et par son secrétaire général, Jens Stoltenberg, qui s’est dit prêt à les accueillir « à bras ouverts ».
Une fois la décision prise par un pays tiers d’adhérer, les États appartenant à l’Alliance doivent en effet accepter à l’unanimité de l’inviter à les rejoindre.
La Suède et la Finlande ont simultanément fait savoir qu’elles souhaitaient continuer de discuter de la situation avec la Turquie, au cours de la réunion ce week-end des ministres des Affaires étrangères des membres de l’OTAN à Berlin.
Rendez-vous à Berlin
La cheffe de la diplomatie suédoise Ann Linde a déclaré à l’AFP qu’elle aurait « l’occasion de discuter » pendant cette rencontre avec son homologue turc Mevlut Cavusoglu, qui a confirmé sa participation.
Le président américain Joe Biden s’est quant à lui entretenu vendredi un peu plus d’une demi-heure avec la première ministre suédoise Magdalena Andersson et le président finlandais Sauli Niinistö, a annoncé Washington.
La porte-parole de la Maison-Blanche Jen Psaki avait répété jeudi que les États-Unis soutiendraient une demande d’adhésion de la Suède et de la Finlande.
La secrétaire d’État américaine adjointe chargée de l’Europe, Karen Donfried, a quant à elle assuré vendredi qu’il existait « un fort soutien » à l’entrée de ces deux pays nordiques dans l’Alliance et que le nécessaire serait fait pour « clarifier la position de la Turquie » sur le sujet.
Helsinki avait exprimé sa confiance dans le soutien turc : après s’être entretenu début avril avec M. Erdogan, son homologue finlandais, Sauli Niinistö, avait alors estimé sur Twitter que « la Turquie sout[enait] les objectifs de la Finlande ».
La candidature finlandaise, défendue par le président et la première ministre, doit être officialisée par le tandem à la tête de l’exécutif dimanche, après la réunion d’un conseil gouvernemental.
Vendredi, un rapport officiel suédois a ouvert la voie à l’adhésion de la Suède à l’OTAN, multipliant les conclusions favorables avant la décision de ce pays et de son voisin finlandais dans les jours suivants.
Moscou avait par avance dénoncé une décision qui « assurément » constituerait une menace contre la Russie et aurait des « conséquences […] pour l’architecture sécuritaire européenne dans son ensemble ».
Dès avant de déclenchement par la Russie de l’invasion de l’Ukraine, la Turquie a pour sa part tout fait pour maintenir de bonnes relations avec les deux pays, dont dépend étroitement son économie et bien qu’elle fournisse des drones de combat à Kyiv.
Elle a même accueilli par deux fois en mars, à Antalya (sud), puis à Istanbul, des pourparlers entre les deux belligérants.
Pour Soner Cagaptay, un analyste du Washington Institute sollicité par l’AFP, l’attitude de la Turquie sur la Suède et la Finlande « risque de la faire apparaître au sein de l’OTAN comme un pays prorusse, à l’image de la Hongrie en Europe ».
« Ses raisons sont peut-être légitimes, mais cela risque de détériorer son image au sein de l’OTAN », a-t-il ajouté, jugeant que ces objections « auraient dû se négocier à huis clos ».
Pour d’autres, la Turquie cherche avant tout à profiter d’un avantage tactique.
« Le président Erdogan est un tacticien intelligent et il sait que c’est une opportunité d’avoir quelque chose en échange de la part des membres de l’OTAN […] des avions de combat F-35, par exemple », dit à l’AFP Elisabeth Braw, de l’American Enterprise Institute.
Après des décennies hors des alliances militaires, la Suède et la Finlande, toutes deux non alignées, sont prêtes à annoncer officiellement leur candidature à l’adhésion à l’Alliance atlantique, conséquence directe de l’attaque par la Russie de l’Ukraine.
Selon les derniers sondages, la moitié des quelque 10 millions de Suédois sont désormais favorables à une entrée dans l’alliance, les deux tiers si les Finlandais la rejoignent également.
Et en Finlande, qui a 1300 kilomètres de frontière avec la Russie, ce sont plus des trois quarts de ses 5,5 millions d’habitants qui veulent rejoindre le parapluie de l’OTAN. (AFP)
« Nous n’avons pas un avis positif », a déclaré M. Erdogan, disant ne pas vouloir voir « se répéter la même erreur que celle commise au moment de l’adhésion de la Grèce », un voisin avec lequel la Turquie entretient historiquement des relations compliquées.
Le chef de l’État turc a notamment reproché à ces deux pays nordiques de servir d’« auberge aux terroristes du PKK », le Parti des travailleurs du Kurdistan, considéré comme une organisation terroriste par Ankara, mais aussi par l’Union européenne et les États-Unis.
Ces déclarations jettent un froid sur un processus appuyé jusqu’ici par la plupart des membres de l’OTAN et par son secrétaire général, Jens Stoltenberg, qui s’est dit prêt à les accueillir « à bras ouverts ».
Une fois la décision prise par un pays tiers d’adhérer, les États appartenant à l’Alliance doivent en effet accepter à l’unanimité de l’inviter à les rejoindre.
La Suède et la Finlande ont simultanément fait savoir qu’elles souhaitaient continuer de discuter de la situation avec la Turquie, au cours de la réunion ce week-end des ministres des Affaires étrangères des membres de l’OTAN à Berlin.
Rendez-vous à Berlin
La cheffe de la diplomatie suédoise Ann Linde a déclaré à l’AFP qu’elle aurait « l’occasion de discuter » pendant cette rencontre avec son homologue turc Mevlut Cavusoglu, qui a confirmé sa participation.
Le président américain Joe Biden s’est quant à lui entretenu vendredi un peu plus d’une demi-heure avec la première ministre suédoise Magdalena Andersson et le président finlandais Sauli Niinistö, a annoncé Washington.
La porte-parole de la Maison-Blanche Jen Psaki avait répété jeudi que les États-Unis soutiendraient une demande d’adhésion de la Suède et de la Finlande.
La secrétaire d’État américaine adjointe chargée de l’Europe, Karen Donfried, a quant à elle assuré vendredi qu’il existait « un fort soutien » à l’entrée de ces deux pays nordiques dans l’Alliance et que le nécessaire serait fait pour « clarifier la position de la Turquie » sur le sujet.
Helsinki avait exprimé sa confiance dans le soutien turc : après s’être entretenu début avril avec M. Erdogan, son homologue finlandais, Sauli Niinistö, avait alors estimé sur Twitter que « la Turquie sout[enait] les objectifs de la Finlande ».
La candidature finlandaise, défendue par le président et la première ministre, doit être officialisée par le tandem à la tête de l’exécutif dimanche, après la réunion d’un conseil gouvernemental.
Vendredi, un rapport officiel suédois a ouvert la voie à l’adhésion de la Suède à l’OTAN, multipliant les conclusions favorables avant la décision de ce pays et de son voisin finlandais dans les jours suivants.
Moscou avait par avance dénoncé une décision qui « assurément » constituerait une menace contre la Russie et aurait des « conséquences […] pour l’architecture sécuritaire européenne dans son ensemble ».
Dès avant de déclenchement par la Russie de l’invasion de l’Ukraine, la Turquie a pour sa part tout fait pour maintenir de bonnes relations avec les deux pays, dont dépend étroitement son économie et bien qu’elle fournisse des drones de combat à Kyiv.
Elle a même accueilli par deux fois en mars, à Antalya (sud), puis à Istanbul, des pourparlers entre les deux belligérants.
Pour Soner Cagaptay, un analyste du Washington Institute sollicité par l’AFP, l’attitude de la Turquie sur la Suède et la Finlande « risque de la faire apparaître au sein de l’OTAN comme un pays prorusse, à l’image de la Hongrie en Europe ».
« Ses raisons sont peut-être légitimes, mais cela risque de détériorer son image au sein de l’OTAN », a-t-il ajouté, jugeant que ces objections « auraient dû se négocier à huis clos ».
Pour d’autres, la Turquie cherche avant tout à profiter d’un avantage tactique.
« Le président Erdogan est un tacticien intelligent et il sait que c’est une opportunité d’avoir quelque chose en échange de la part des membres de l’OTAN […] des avions de combat F-35, par exemple », dit à l’AFP Elisabeth Braw, de l’American Enterprise Institute.
Après des décennies hors des alliances militaires, la Suède et la Finlande, toutes deux non alignées, sont prêtes à annoncer officiellement leur candidature à l’adhésion à l’Alliance atlantique, conséquence directe de l’attaque par la Russie de l’Ukraine.
Selon les derniers sondages, la moitié des quelque 10 millions de Suédois sont désormais favorables à une entrée dans l’alliance, les deux tiers si les Finlandais la rejoignent également.
Et en Finlande, qui a 1300 kilomètres de frontière avec la Russie, ce sont plus des trois quarts de ses 5,5 millions d’habitants qui veulent rejoindre le parapluie de l’OTAN. (AFP)