Soit l’information est passée sous les radars du Service de renseignement, soit la police n’a pas réagi. Mais dans tous les cas «les services de sécurité ont failli à anticiper les soulèvements» qui ont fait plus d’une centaine de morts.
Le soupçon a enflé, enflé, jusqu’à être confirmé vendredi de la bouche du président Cyril Ramaphosa: les violences qui ont secoué l’Afrique du Sud cette semaine ont été préparées, orchestrées. Et ni la police, ni l’armée, ni le renseignement n’ont pu les empêcher.
Les destructions ont méthodiquement ciblé entrepôts, usines et centres commerciaux du Kwazulu-Natal (KZN, Est) et de Johannesburg. Des marées de Sud-Africains, pauvres pour la plupart, ont mis à sac au moins 800 commerces, selon les organisations professionnelles. Et fait trembler le pays. Plus de 120 personnes ont trouvé la mort, des corps continuent à être découverts dans les décombres. Et la destruction des centres commerciaux suscite déjà des pénuries et la peur de manquer.
Une surprise?
Les autorités ont été «prises au dépourvu», dit simplement le spécialiste en sécurité de l’Institute for Security Studies (ISS), Gareth Newham. De deux choses l’une: soit le renseignement n’avait pas d’information, soit la police n’a pas réagi. Mais dans tous les cas, selon lui, les services de sécurité ont failli à «anticiper l’ampleur des violences».
Pourtant, les experts s’accordent aujourd’hui à dire qu’il y a eu des signes avant-coureurs. Les premiers incidents ont éclaté le 9 juillet, bénins et localisés dans le KZN, au lendemain de l’emprisonnement de l’ancien président Jacob Zuma dans la région qui est son bastion. Quelques camions brûlés et des routes bloquées.
Le weekend précédent, lors d’un dernier baroud d’honneur de Jacob Zuma dans son fief de Nkandla, le leader charsimatique, comme ses plus fervents soutiens, avaient prévenu que s’il partait en prison, le pays plongerait dans l’instabilité.
Mais la menace était tombée comme feuille morte la nuit du 7 juillet quand il avait finalement décidé de se livrer à la prison d’Estcourt (KZN). La poignée de soutiens restés jusqu’à la dernière heure et qui avaient juré de faire barrage de leur corps si les autorités s’en prenaient à l’ex chef d’Etat, s’était soudain volatilisée.
Signaux ignorés
Pour l’ancien ministre de la Sécurité Sydney Mufamadi, ces menaces brandies à Nkandla auraient dû être prises au sérieux. «Il y a eu des signaux d’alerte précoces avec la montée de la tension à Nkandla», dit-il à l’AFP. Les forces de sécurité avaient «largement le temps de prendre les devants», fustige-t-il en dénonçant la «myopie» des appareils de sécurité de l’État.
Pour Gareth Newham, «il est clair que la violence a été déclenchée par des gens très organisés». Comme certains responsables gouvernementaux ces derniers jours, l’expert pointe une campagne politique orchestrée par des partisans de Jacob Zuma, et notamment des anciens membres du MK, la branche armée de l’ANC à l’époque de l’apartheid.
Les troubles «ont été provoqués, il y a des gens qui les ont planifiés et coordonnés», a déclaré vendredi le président Cyril Ramaphosa, en déplacement dans le KZN.
La ministre de la Défense Nosiviwe Mapisa-Nqakula a admis que le renseignement sur des attaques contre des centres commerciaux est arrivé «trop tard». «Nous n’avions pas cette information», a-t-elle déclaré, «et de ce que je sais, même la police n’avait pas cette information».
Dans ce pays qui est un des plus violents au monde, la police, en sous-effectif notoire, est régulièrement accusée d’être corrompue et inefficace. Une infime part des meurtres, qui atteignent des chiffres record et sont constamment en hausse dans le pays, sont élucidés. «Nous aurions pu faire mieux, nous avons été débordés par la situation», a reconnu Cyril Ramaphosa.
Les autorités ont déclaré enquêter sur 12 personnes, dont une déjà arrêtée, qui sont soupçonnées d’être les cerveaux de ce qui est désormais considéré comme une tentative de déstabilisation du pays. Le pays connaît depuis jeudi une certaine accalmie, avec des poches de résistance en pays zoulou, où Jacob Zuma conserve une grande influence et un puissant réseau de partisans. (avec AFP)
Le soupçon a enflé, enflé, jusqu’à être confirmé vendredi de la bouche du président Cyril Ramaphosa: les violences qui ont secoué l’Afrique du Sud cette semaine ont été préparées, orchestrées. Et ni la police, ni l’armée, ni le renseignement n’ont pu les empêcher.
Les destructions ont méthodiquement ciblé entrepôts, usines et centres commerciaux du Kwazulu-Natal (KZN, Est) et de Johannesburg. Des marées de Sud-Africains, pauvres pour la plupart, ont mis à sac au moins 800 commerces, selon les organisations professionnelles. Et fait trembler le pays. Plus de 120 personnes ont trouvé la mort, des corps continuent à être découverts dans les décombres. Et la destruction des centres commerciaux suscite déjà des pénuries et la peur de manquer.
Une surprise?
Les autorités ont été «prises au dépourvu», dit simplement le spécialiste en sécurité de l’Institute for Security Studies (ISS), Gareth Newham. De deux choses l’une: soit le renseignement n’avait pas d’information, soit la police n’a pas réagi. Mais dans tous les cas, selon lui, les services de sécurité ont failli à «anticiper l’ampleur des violences».
Pourtant, les experts s’accordent aujourd’hui à dire qu’il y a eu des signes avant-coureurs. Les premiers incidents ont éclaté le 9 juillet, bénins et localisés dans le KZN, au lendemain de l’emprisonnement de l’ancien président Jacob Zuma dans la région qui est son bastion. Quelques camions brûlés et des routes bloquées.
Le weekend précédent, lors d’un dernier baroud d’honneur de Jacob Zuma dans son fief de Nkandla, le leader charsimatique, comme ses plus fervents soutiens, avaient prévenu que s’il partait en prison, le pays plongerait dans l’instabilité.
Mais la menace était tombée comme feuille morte la nuit du 7 juillet quand il avait finalement décidé de se livrer à la prison d’Estcourt (KZN). La poignée de soutiens restés jusqu’à la dernière heure et qui avaient juré de faire barrage de leur corps si les autorités s’en prenaient à l’ex chef d’Etat, s’était soudain volatilisée.
Signaux ignorés
Pour l’ancien ministre de la Sécurité Sydney Mufamadi, ces menaces brandies à Nkandla auraient dû être prises au sérieux. «Il y a eu des signaux d’alerte précoces avec la montée de la tension à Nkandla», dit-il à l’AFP. Les forces de sécurité avaient «largement le temps de prendre les devants», fustige-t-il en dénonçant la «myopie» des appareils de sécurité de l’État.
Pour Gareth Newham, «il est clair que la violence a été déclenchée par des gens très organisés». Comme certains responsables gouvernementaux ces derniers jours, l’expert pointe une campagne politique orchestrée par des partisans de Jacob Zuma, et notamment des anciens membres du MK, la branche armée de l’ANC à l’époque de l’apartheid.
Les troubles «ont été provoqués, il y a des gens qui les ont planifiés et coordonnés», a déclaré vendredi le président Cyril Ramaphosa, en déplacement dans le KZN.
La ministre de la Défense Nosiviwe Mapisa-Nqakula a admis que le renseignement sur des attaques contre des centres commerciaux est arrivé «trop tard». «Nous n’avions pas cette information», a-t-elle déclaré, «et de ce que je sais, même la police n’avait pas cette information».
Dans ce pays qui est un des plus violents au monde, la police, en sous-effectif notoire, est régulièrement accusée d’être corrompue et inefficace. Une infime part des meurtres, qui atteignent des chiffres record et sont constamment en hausse dans le pays, sont élucidés. «Nous aurions pu faire mieux, nous avons été débordés par la situation», a reconnu Cyril Ramaphosa.
Les autorités ont déclaré enquêter sur 12 personnes, dont une déjà arrêtée, qui sont soupçonnées d’être les cerveaux de ce qui est désormais considéré comme une tentative de déstabilisation du pays. Le pays connaît depuis jeudi une certaine accalmie, avec des poches de résistance en pays zoulou, où Jacob Zuma conserve une grande influence et un puissant réseau de partisans. (avec AFP)