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Amende d'un milliard contre Wells Fargo pour pratiques illicites

Vendredi 20 Avril 2018

Amende d'un milliard contre Wells Fargo pour pratiques illicites
La banque américaine Wells Fargo a écopé vendredi d'une amende d'un milliard de dollars, la plus grosse jamais infligée à une société sous l'ère Trump, pour des pratiques commerciales illicites, dont des primes d'assurance automobile superflues.

L'établissement "s'est engagé dans des pratiques imprudentes et risquées en maintenant des polices d'assurance collatérales sur des crédits auto et en récoltant des frais qui y étaient associés", a notamment fustigé le régulateur bancaire OCC (Office of the Comptroller of the Currency), une des deux autorités ayant puni Wells Fargo.

L'OCC ajoute avoir découvert que la banque, qui exploite 8.200 agences aux Etats-Unis et emploie environ 265.000 personnes, avait surfacturé certains emprunteurs immobiliers.

Il s'agit de la plus grosse pénalité financière contre une banque depuis l'arrivée à la Maison-Blanche de Donald Trump, dont l'administration a considérablement assoupli la règlementation financière mise en place par la loi Dodd-Frank après la crise financière de 2008.

"Je vais réduire la règlementation mais durcir les pénalités (financières) si (un établissement) est pris en train de tricher", avait tweeté le 8 décembre le président américain, qualifiant au passage les pratiques commerciales de Wells Fargo de "mauvais agissements ".

- Graves manquements -

Le montant de l'amende reflète "la gravité des manquements et violations de la loi, les dégâts financiers causés aux consommateurs et l'incapacité de la banque à corriger ses déficiences", a justifié l'OCC.

"Nous avons toujours dit que nous appliquerions la loi et c'est ce que nous avons fait en l'espèce", a ajouté Mick Mulvaney, le patron très contesté du Bureau de la protection financière des consommateurs (CFPB), agence créée après la crise.

L'OCC et le CFPB ont ordonné à la banque californienne de restituer aux clients lésés les sommes qui leur ont été indûment prélevées et de renforcer son programme de gestion des risques.

"Nous avons fait des progrès pour ce qui est de renforcer nos procédures opérationnelles et nos contrôles internes", a réagi Tim Sloane, le PDG. Mais "nous avons encore beaucoup à faire", a-t-il reconnu.

Dans l'immédiat, cette amende n'aura pas de gros impact financier sur Wells Fargo, si ce n'est de réduire de 800 millions de dollars son bénéfice net au premier trimestre, à 4,7 milliards. A ce niveau, l'établissement reste une des entreprises américaines les plus rentables.

A Wall Street, le titre a gagné 1,98% vendredi.

- Réputation entachée -

Cette affaire écorne toutefois la réputation de Wells Fargo, considérée encore il y a peu comme la grande banque américaine la mieux gérée. Non seulement l'essentiel de ses activités porte sur le financement de l'économie réelle, au travers des prêts accordés aux ménages et aux PME, mais elle est aussi faiblement exposée aux marchés financiers.

Mais depuis 2016, l'établissement est englué dans une série de scandales dont le plus retentissant est l'ouverture de 3,5 millions de comptes fictifs au nom de clients à leur insu.

A la suite de ces malversations, quelque 5.300 employés ont été licenciés et Wells Fargo a déjà écopé d'une amende de 185 millions de dollars. John Stumpf, le PDG de l'époque, a dû démissionner.

La banque s'est en outre vu interdire par la Réserve fédérale américaine (Fed) toute expansion jusqu'à ce qu'elle prenne des mesures destinées à corriger ses erreurs, une décision sans précédent aux Etats-Unis pour un établissement de cette taille.

La Fed a également exigé le remplacement de quatre membres du Conseil d'administration. L'assemblée générale des actionnaires, prévue mardi, s'annonce par conséquent comme un test difficile pour la direction.

L'amende contre Wells Fargo est de nature à neutraliser temporairement les critiques des élus démocrates, qui accusent l'administration Trump de faire le jeu des banques en détricotant la régulation.

"Depuis que vous êtes arrivé à l'agence, vous avez annoncé que vous ne feriez pas usage de vos pouvoirs pour faire cesser les escroqueries", avait par exemple lancé la semaine dernière à Mick Mulvaney la sénatrice démocrate Elizabeth Warren, égérie de la lutte contre les excès de Wall Street.

"Nous avons plus de 100 enquêtes en cours", avait répondu M. Mulvaney. Mais depuis qu'il a pris la tête du CFPB, il a institué un gel des embauches et minimisé une enquête sur l'agence de crédit à la consommation disgraciée Equifax. (AFP)
 
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