(Mexico) L’Église catholique a réclamé lundi aux autorités mexicaines un arrêt total de la violence et de la corruption dans le Chiapas (sud), après l’assassinat dimanche du prêtre indigène et défenseur des droits de la personne Marcelo Pérez, dans la ville de San Cristobal de las Casas.
« Nous exigeons des trois niveaux de gouvernement un arrêt total de la violence sévissant dans notre État, fruit de l’impunité, de la complicité et de la corruption », a écrit dans un communiqué le diocèse de San Cristobal de las Casas, auquel appartenait le prêtre.
Dans sa déclaration adressée au gouvernement et à la société civile, le diocèse a également demandé que le crime soit élucidé « jusqu’à arriver aux véritables auteurs intellectuels et matériels ».
M. Pérez, 51 ans, a été tué par balle dimanche après avoir terminé une messe. Ennemi des narcotrafiquants, il bénéficiait de mesures de protection préventive de la part de la Commission Interaméricaine des Droits de la personne.
Originaire de l’ethnie maya Tzotzil, le prêtre avait reçu des menaces, prétendument en raison de ses dénonciations de la vente de drogue et de la violence qui secoue le Chiapas, théâtre d’une lutte entre groupes criminels organisés.
En raison de son activisme, M. Pérez a subi « une longue période de menaces, de persécution, de harcèlement, de calomnie, de diffamation et même un mandat d’arrêt infondé », a dénoncé le diocèse. Lundi matin, la présidente du Mexique Claudia Sheinbaum a déclaré que l’enquête sur le meurtre était menée en collaboration avec les autorités ecclésiastiques et le gouvernement du Chiapas.
« Nous nous coordonnons pour faire avancer l’enquête afin que ce crime ne reste pas impuni », a-t-elle déclaré lors de sa conférence de presse quotidienne.
Des centaines de personnes ont rendu hommage lundi à Marcelo Pérez, beaucoup d’entre elles en pleurant, lors d’une cérémonie à San Andrés Apostol, à environ 24 kilomètres au nord de San Cristobal de las Casas.
« Que soient désarmés ces groupes qui font tant de mal, partout. C’est un reflet du pays entier », a appelé face à des journalistes le cardinal Felipe Arizmendi, évêque émérite de San Cristobal de las Casas.
Neuf religieux ont été assassinés au Mexique au cours des cinq dernières années, selon l’Église catholique. En juin 2022, l’assassinat des prêtres jésuites Javier Campos Morales et Joaquin César Mora Salazar par un chef criminel dans leur paroisse de l’État de Chihuahua (nord) avait provoqué une indignation nationale et internationale.
Depuis le lancement controversé de la guerre contre le narcotrafic en 2006, le Mexique a enregistré plus de 450 000 homicides et 100 000 disparitions, selon les chiffres officiels. [AA]
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