« L’examen du présent rapport intervient à une période d’une nouvelle donne de paix entre l’Érythrée et l’Éthiopie, mais aussi pour la sécurité et le développement dans la région », a dit le Représentant d’Asmara lors de cette session, en référence à la Déclaration de paix et de coopération signée entre les deux pays.
« Le rapprochement entre l’Érythrée et l’Éthiopie a créé un sentiment d’espoir pour les peuples de la Corne de l’Afrique », a déclaré l’Ambassadeur Tesfamichael Gerahtu et chef de la délégation érythréenne. Selon ce haut diplomate du Ministère des affaires étrangères, ces développements auront un effet positif considérable sur la paix, la sécurité, le développement économique et la promotion des droits de l’homme dans la région.
L'Examen périodique universel (EPU) est un mécanisme unique du Conseil des droits de l'homme ayant pour but d'améliorer la situation des droits de l'homme dans chacun des 193 États membres des Nations Unies.
A Genève et dans l’enceinte de la Salle des civilisations du Conseil des droits de l’homme, Asmara a indiqué son intention de saisir cette occasion historique pour redoubler ses efforts en matière de développement, de consolider les progrès réalisés et de relever les défis auxquels ont été confrontés le pays dans tous les secteurs « durant ces 20 dernières années difficiles ».
Le rapport national transmis avant la tenue de cette session insistait d’ailleurs sur le fait que cette normalisation a conduit à l’ouverture des frontières et à la libre circulation des personnes, des biens et des services. L’Érythrée et la Somalie ont également signé, en août 2018, un accord de paix et de coopération qui a abouti à la Déclaration tripartite Érythrée-Éthiopie-Somalie sur la paix et la coopération.
De façon générale, Asmara a voulu montrer que ce nouveau chapitre de coopération et de bon voisinage offrira de nouvelles perspectives de paix, de coopération et de développement dans la Corne de l’Afrique.
La jeunesse en priorité dans ce processus de normalisation
M. Gerahtu a ajouté que cette normalisation permettra de renforcer les efforts pour la population, notamment en direction de la jeunesse, « afin de garantir les transformations qui mènent au changement ».
« Dans le processus politique d’édification de la nation, le renforcement de l’administration de la justice par le biais du la mise en œuvre des nouveaux codes nationaux et le renforcement des capacités institutionnelles, ainsi que la consolidation des institutions et des fonctions fondamentales de la gouvernance », a fait valoir le diplomate érythréen.
Outre ce développement diplomatique positif dans la Corne de l’Afrique, l’examen du rapport de l’Erythrée a été aussi l’occasion pour Asmara de se pencher sur d’autres thèmes comme la sécurité alimentaire ; l’accès à l’éducation, l’autonomisation des femmes et des filles, la traite des personnes, le sort des handicapés, l’administration de la justice, les conditions de détention, la question des violences contre les femmes, la liberté d’expression et la lutte contre les mutilations génitales féminines entre autres.
Des pays comme l’Angola, l’Allemagne, le Royaume-Uni et les Etats-Unis ont envoyé par avance des questions écrites, notamment concernant les mesures prises par Asmara « pour limiter les effets négatifs de la durée indéterminée du Service National sur l’exercice du droit des femmes et des filles, en particulier ».
Le rapport du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) a rappelé la préoccupation exprimée par le Comité des droits de l’enfant par rapport à « la longue durée du service national ». En effet, les experts indépendants onusiens ont instamment invité l’Érythrée à limiter à dix-huit mois la durée du service national obligatoire, comme le prévoit la loi.
Combattre la traite des êtres humains
Si le Royaume-Uni a interpellé Asmara sur la faisabilité d’une « future amnistie ou un pardon pour les détenus politiques, journalistes et dirigeants religieux », la compilation d’informations fournies par les services de la Haut-Commissaire Bachelet s’est fait l’écho des inquiétudes des organes des traités onusiens sur les réfugiés érythréens.
Le Comité des droits de l’enfant a ainsi souligné que « les conditions de vie en Érythrée étaient si difficiles qu’un grand nombre d’enfants se sentaient contraints de quitter le pays ».
En réponse à ces questions, la délégation érythréenne a insisté sur les efforts qu’elle continue de mettre en œuvre pour « combattre et éradiquer la traite des êtres humains », notamment au niveau régional dans le cadre de l’Initiative de l’Union africaine pour la lutte contre la traite dans la Corne de l’Afrique.
« Les délits interdépendants de traite des êtres humains et de trafic de migrants posent de graves problèmes pour la sécurité et le développement de la Corne de l’Afrique », a-t-il admis, tout insistant sur le sort des jeunes qui continuent d’être victimes « de réseaux criminels de trafiquants d’êtres humains en tentant de migrer vers l’Europe et les pays du Moyen-Orient, créant ainsi un fossé générationnel ».
« Le gouvernement érythréen réclame depuis des années la création d’un organe international indépendant chargé d’enquêter sur les responsables et de les traduire en justice », a ajouté M. Gerahtu.
Dans tous les cas, l’Érythrée, en tant que nouveau membre du Conseil des droits de l’homme, a affiché sa détermination pour « apporter sa modeste contribution au renforcement de l’efficacité du système international des droits de l’homme ». (news.un.org)
| 28/11/2024 | 108 vues
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