Les Pakistanais votaient mercredi pour des élections législatives sous haute tension qui pourraient voir l'ex-champion de cricket Imran Khan accéder au pouvoir, mais ont été endeuillées par un sanglant attentat-suicide.
L'attaque, revendiquée par le groupe Etat islamique (EI), a fait au moins 31 morts et 70 blessés près d'un bureau de vote de Quetta, dans la province du Baloutchistan (sud-ouest).
"J'irai assurément voter. Ce qui s'est produit ne peut pas empêcher les gens de voter", a déclaré à l'AFP Ali Khan, 30 ans, à l'hôpital de Quetta où il était venu aider des proches.
A Islamabad, le chef de la mission d'observation de l'Union européenne aux élections, Michael Gahlmer, a condamné une attaque "lâche" visant à "miner le processus démocratique".
L'attentat a encore assombri un scrutin marqué par de précédentes attaques et de lourdes accusations d'interférence de l'armée dans la campagne électorale, ainsi que par une visibilité accrue des partis religieux extrémistes.
Quelque 106 millions d'électeurs, sur une population de 207 millions de personnes, sont appelés aux urnes dans plus de 85.000 bureaux de vote. Ils fermeront leurs portes à 13H00 GMT. La campagne, brève et acrimonieuse, a été dépeinte par certains observateurs comme l'une des plus "sales" de son histoire en raison de nombreuses manipulations présumées, censées favoriser l'ex-champion de cricket Imran Khan et son parti, le Pakistan Tehreek-e-Insaf (PTI).
Les experts estiment cependant que le jeu reste ouvert. "Ces élections sont trop serrées, surtout dans (la province du) Pendjab, qui va décider de tout", a estimé l'analyste Azeema Cheema.
L'autre principal prétendant au poste de Premier ministre est Shahbaz Sharif, frère de l'ancien chef du gouvernement Nawaz Sharif, à la tête du parti PML-N.
Imran Khan a voté en milieu de journée à Bani Gala, près d'Islamabad: "Il est grand temps de mettre à bas les partis qui ont tenu ce pays en otage pendant des années", a-t-il dit. Shahbaz Sharif en a fait de même à Lahore, appelant à "changer le destin du Pakistan".
Les électeurs, hommes et femmes séparés, se pressaient eux aussi en de longues queues devant les bureaux de vote, a constaté l'AFP.
"Je ne pensais pas qu'aucun candidat ferait quelque chose de bon pour nous. Mais cette fois je suis venue voter sur l'insistance de mes enfants", a déclaré à l'AFP Nazia Anees, une femme au foyer de 31 ans à Karachi.
"Nawaz Sharif a essayé de discréditer notre armée et par colère j'ai voté PTI", a expliqué de son côté Khalid Mehmood, un homme de 72 ans dans un bureau de vote d'un quartier populaire de Lahore.
Une observatrice occidentale postée dans le Pendjab a fait état d'un processus "calme, ordonné et pacifique" et d'une forte affluence dans les bureaux de vote.
Quelque 800.000 militaires et policiers avaient été déployés pendant la journée pour assurer la sécurité du vote. La Commission électorale pakistanaise a par ailleurs octroyé aux gradés des pouvoirs judiciaires étendus à l'intérieur des bureaux de vote, suscitant l'inquiétude de certains observateurs.
Outre l'attentat de Quetta, un policier et un militant du PTI ont été tués dans deux incidents distincts dans l'ouest du pays, selon la police.
Une série d'attentats avait déjà coûté la vie à quelque 180 personnes dont trois candidats lors de meetings électoraux à la mi-juillet. La situation sécuritaire du pays demeure néanmoins bien meilleure qu'il y a quelques années.