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Au Royaume-Uni, une journée de grève inédite depuis une décennie

Mercredi 1 Février 2023

Des milliers d’enseignants ont manifesté à Londres mercredi, mobilisés avec cheminots et agents publics pour la journée de grèves la plus importante depuis une décennie au Royaume-Uni, plongé dans la crise par l’envolée des prix.
 
Au lendemain d’une journée de manifestations en France contre la réforme des retraites et à la veille des 100 premiers jours au pouvoir du premier ministre conservateur Rishi Sunak, jusqu’à un demi-million de Britanniques étaient appelés à débrayer pour réclamer des meilleurs salaires.  
 
La fédération syndicale TUC a prévenu que ce serait « la plus grosse journée de grèves depuis 2011 », avec, pour la première fois en plusieurs mois de mouvements sociaux, la participation des enseignants. Plusieurs milliers d’écoles sont fermées.
 
En fin de matinée, des milliers d’enseignants ont convergé dans le centre de Londres, après avoir tenu des piquets de grève un peu partout dans la capitale. « Pay Up » (Hausse des salaires), « School just wanna have funds » (L’école veut seulement de l’argent), « Save our schools » (Sauvez nos écoles), peut-on lire sur les bannières brandies dans la foule.
 
Sur le chemin menant au rassemblement, les grévistes étaient massivement soutenus, applaudis et klaxonnés par les passants, automobilistes et chauffeurs de bus qui les croisaient.
 
« J’ai besoin de plus d’argent », a témoigné Ciara O’Sullivan, enseignante de 38 ans à la London Screen Academy. Elle a « de grandes difficultés pour payer son loyer » et son métier est « très stressant », dit-elle à l’AFP.
 
Devant une agence pour l’emploi, Graham, également gréviste, s’indigne que certains agents « doivent aller dans les banques alimentaires » pour se nourrir.  
 
« Claque au visage »
 
Tony, conducteur de train de 61 ans, rencontré par l’AFP près de la gare de London Bridge, estime que le refus du gouvernement d’augmenter les salaires en ligne avec l’inflation est « une claque au visage », surtout après la pandémie où les employés du rail ont continué de travailler.
 
Plusieurs organisations de parents d’élèves ont publié une déclaration commune dans laquelle elles disent « soutenir » le mouvement.
 
« Ils ont besoin de bons salaires et de bonnes conditions de travail si nous voulons que nos enfants aient une bonne éducation », souligne Danny Manion, 43 ans, venu avec ses deux enfants apporter son soutien aux enseignants sur un piquet de grève.
 
La ministre de l’Éducation, Gillian Keegan, s’est elle dite « déçue » et « très inquiète » de ce mouvement.
 
« Nous avons dit que nous étudierons les futurs salaires, que nous regarderons la charge de travail et la flexibilité que les enseignants demandent », ainsi que les problèmes de recrutement, a-t-elle défendu sur Sky News.  
 
Pas de « baguette magique »
 
Le mouvement dure depuis le printemps. Depuis juin dernier, 1,6 million de jours de travail ont été « perdus », selon l’Office national des statistiques.  
 
Dans tous les secteurs, les grévistes demandent en priorité des salaires en ligne avec l’inflation, qui dépasse 10 % depuis des mois, poussant des millions de Britanniques dans la pauvreté.
 
Et selon les dernières prévisions du Fonds monétaire international (FMI), le pays devrait être cette année la seule économie majeure à subir une récession.
 
Le bras de fer porte aussi sur les conditions de travail, les retraites ou la volonté du gouvernement de limiter le droit de grève.
 
Si des espoirs d’avancées sont perceptibles dans le rail, un nouveau débrayage est prévu vendredi, tandis que les pompiers ont voté en faveur d’une première grève en vingt ans. Les infirmières et les ambulanciers débrayeront aussi de nouveau en février.  
 
« Je n’aimerais vraiment rien tant […] qu’avoir une baguette magique et vous payer tous plus », avait assuré lundi le premier ministre, Rishi Sunak, lors d’une visite à des travailleurs du secteur de la santé. Mais selon lui, des hausses de salaires alimenteraient l’inflation et dégraderaient encore davantage les finances publiques.
 
Après 100 jours au pouvoir, le dirigeant conservateur se trouve à la peine, ferme face à des mouvements sociaux soutenus par l’opinion et critiqué sur l’intégrité de sa majorité après une série d’affaires qui ont rappelé les scandales de l’ère Boris Johnson.
 
Lors de la séance de questions au Parlement mercredi, le chef de l’opposition travailliste, Keir Starmer, l’a interpellé sur les démêlés fiscaux qui ont conduit au limogeage dimanche du chef du parti conservateur ou sur les accusations de harcèlement visant le ministre de la Justice. (AFP)
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