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Au moins 73 morts et 3700 blessés dans les explosions de Beyrouth

Mardi 4 Août 2020

 
Deux puissantes explosions successives ont secoué mardi Beyrouth faisant au moins 73 morts et 3700 blessés, selon des «estimations préliminaires» annoncées par le ministre de la Santé, Hamad Hassan. Elles ont semé la panique et provoqué un immense champignon de fumée dans le ciel de la capitale libanaise.
 
«C'est une catastrophe dans tous les sens du terme», a déploré le ministre de la Santé, interrogé par plusieurs télévisions alors qu'il visitait un hôpital de la capitale. «Les hôpitaux de la capitale sont tous pleins de blessés», a-t-il souligné, appelant à transporter les autres blessés vers des établissements de la banlieue.
 
Dans une première réaction d'un responsable, le directeur général de la Sûreté générale, Abbas Ibrahim, a indiqué que les explosions étaient peut-être dues à des «matières explosives confisquées depuis des années». L'enquête en cours devrait déterminer «la nature exacte de l'incident».
 
Des vidéos impressionnantes
 
Des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux ont montré une première explosion suivie d'une autre qui provoque le gigantesque nuage de fumée. Les déflagrations ont fait trembler les immeubles et brisé des vitres à des kilomètres à la ronde.
 
Le président Michel Aoun a convoqué une «réunion urgente» du Conseil supérieur de la Défense et le Premier ministre Hassan Diab a décrété un jour de deuil national. Sans mentionner les causes exactes du drame, il a affirmé que les responsables de cette «catastrophe» devraient «rendre des comptes».
 
En Israël, pays voisin qui a mené plusieurs opérations militaires ces dernières décennies contre le Liban, un responsable du gouvernement a affirmé à l'AFP sous couvert d'anonymat que son pays n'avait «rien à voir avec l'incident».
 
«Des centaines de blessés»
 
Dans les rues, des soldats évacuaient des habitants abasourdis, certains couverts de sang, leur T-shirt autour du crâne pour panser leurs blessures. Des volontaires aidaient d'autres à trouver de l'assistance. Au port, des carcasses de voitures les unes sur les autres, l'ossature d'entrepôts au sol.
 
«C'est une catastrophe à l'intérieur (du port). Il y a des cadavres par terre. Des ambulances emmènent les corps», a indiqué à l'AFP un soldat aux abords du port. Les médias locaux ont diffusé des images de personnes coincées sous des décombres, certaines couvertes de sang.
 
«J'ai senti comme un tremblement de terre et puis après une énorme déflagration et les vitres se sont cassées. J'ai senti que c'était plus fort que l'explosion lors de l'assassinat de Rafic Hariri» en 2005, provoqué par une camionnette bourrée d'explosifs, a déclaré à l'AFP une Libanaise dans le centre-ville de Beyrouth.
 
«Propulsés»
 
Le secteur du port a été bouclé par les forces de sécurité, qui ne laissent passer que la défense civile, les ambulances aux sirènes hurlantes et pompiers, selon des correspondants de l'AFP à l'entrée du port. Aux abords, les dégâts matériels et destructions sont importants.
 
Plus de deux heures après l'explosion, les flammes enveloppaient toujours le secteur. Un hélicoptère collecte de l'eau de la mer pour éteindre les incendies, a constaté une correspondante de l'AFP.
 
«Nous avons vu un peu de fumée et ensuite une explosion. Puis le champignon. La force de l'explosion nous a propulsés en arrière dans l'appartement», a raconté un habitant du quartier de Manssouriyeh, qui a assisté à la scène depuis son balcon, à plusieurs kilomètres du port.
 
«C'était comme une bombe atomique. J'ai tout vu, mais rien de tel», a déclaré à l'AFP Makrouhie Yerganian, un professeur à la retraite, qui vit depuis plus de 60 ans en face du port. «Tous les immeubles environnants se sont écroulés», a-t-il dit.
Jusqu'à Chypre
 
Après les explosions, de nombreux habitants, dont certains blessés, marchaient vers des hôpitaux dans plusieurs quartiers de Beyrouth. Devant le centre médical Clémenceau, des dizaines de blessés parmi lesquels des enfants, parfois couverts de sang, attendent d'être admis.
 
Des voitures, avec leurs airbags gonflés, mais aussi des bus ont été abandonnés au beau milieu de plusieurs routes. Des maisons proches du port ont été fortement endommagées par les explosions. Un navire arrimé face au port de Beyrouth a pris feu après les explosions, mais il n'était pas possible de déterminer s'il y avait à son bord des passagers. Selon des témoins, les déflagrations ont été entendues jusqu'à la ville côtière de Larnaca, à Chypre, distante d'un peu plus de 200 km des côtes libanaises.
 
Le drame de mardi vient s'ajouter à la détresse des Libanais. Leurs pays connaît sa pire crise économique depuis des décennies, marquée par une dépréciation monétaire inédite, une hyperinflation, des licenciements massifs et des restrictions bancaires drastiques, qui alimentent depuis plusieurs mois la grogne sociale.
 
A l'étranger, la France a annoncé l'acheminement des «secours et moyens français» à Beyrouth. Les Etats-Unis se sont dit prêts à proposer «toute aide possible», tout comme Israël.
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