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Biden soulagé par le départ de Netanyahu, mais pas de révolution américano-israélienne en vue

Mardi 15 Juin 2021

Anthony Blinken (g) et l'ex premier ministre Benjamin Netanyahu
Anthony Blinken (g) et l'ex premier ministre Benjamin Netanyahu
 
L’administration américaine semble espérer un nouveau départ avec l’arrivée au pouvoir de Bennett à la place de Netanyahu qui avait obtenu tout ce qu’il souhaitait de la part de Trump.
 
À en juger par l’empressement avec lequel il a félicité le nouveau Premier ministre israélien, Joe Biden semble soulagé par le départ de Benjamin Netanyahu. Le contraste est saisissant: le président des États-Unis a été dimanche le premier dirigeant à promettre de travailler avec le gouvernement de Naftali Bennett, dans un communiqué publié une demi-heure seulement après son intronisation parlementaire, puis lors d’une conversation téléphonique dans la foulée.
 
Arrivé à la Maison Blanche en janvier, le démocrate avait pourtant laissé «Bibi» patienter pendant 28 longs jours avant de s’entretenir pour la première fois avec lui. Le délai avait suscité une polémique en Israël mais aussi à Washington, où certains ténors républicains y avaient vu un signe de mépris à l’égard du Premier ministre d’un allié clé, particulièrement choyé pendant le mandat de Donald Trump.
 
«Le gouvernement Biden espère un nouveau départ», a expliqué lundi Natan Sachs, du cercle de réflexion Brookings Institution, lors d’une conférence virtuelle. «Ils n’aiment pas Bibi» et «pensent qu’ils peuvent avoir ce nouveau départ avec Bennett», un politicien ultra-droitier qui «aime se présenter comme un entrepreneur qui a des idées originales, un homme de solutions», a-t-il ajouté.
 
«Pari terrible»
 
Le changement politique en Israël pourrait donc «stabiliser la relation bilatérale de manière importante, notamment en raison du manque de confiance qui existait au niveau personnel avec Netanyahu», a dit à l’AFP Brian Katulis, du Center for American Progress, un think tank classé à gauche.
 
Benjamin Netanyahu avait obtenu tout ce qu’il souhaitait de la part de Donald Trump qui, soucieux de galvaniser le vote de la droite religieuse américaine en sa faveur, a reconnu Jérusalem comme capitale d’Israël et a présenté un plan de paix israélo-palestinien qui faisait la part belle aux revendications de l’État hébreu -- rompant avec le consensus international en faveur d’une solution à deux États.
 
De plus en plus à droite, l’ex-chef de gouvernement israélien était en revanche devenu un repoussoir pour les démocrates, qui ont mal supporté le soutien appuyé que lui a apporté Joe Biden au début de la guerre du mois de mai entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas.
 
Le nouveau ministre israélien des Affaires étrangères, le centriste Yaïr Lapid, a accusé lundi le gouvernement Netanyahu d’avoir «fait un pari terrible, téméraire et dangereux en se focalisant exclusivement sur le parti républicain pour ainsi abandonner l’approche bipartisane d’Israël». Il s’est engagé à améliorer le dialogue avec le parti démocrate de Joe Biden. Cela ne présage pas pour autant d’un bouleversement dans les relations avec les États-Unis, surtout sur l’explosif dossier israélo-palestinien.
 
Le gouvernement Bennett-Lapid est le fruit d’une grande coalition composée par des partis de droite, de gauche, du centre mais aussi représentant les Arabes israéliens: autant dire qu’il aura du mal à se mettre d’accord sur une quelconque avancée susceptible de raviver un processus de paix moribond. Mais pour Michele Dunne, du Carnegie Endowment for International Peace, Joe Biden peut espérer que la nouvelle équipe «fera davantage attention à éviter toute mesure, à Jérusalem ou ailleurs, susceptible d’enflammer les relations avec les Palestiniens».
 
Pas de Nobel
 
La récente flambée de violences entre Israël et Gaza a montré que l’administration Biden devait se consacrer davantage «à la gestion du conflit», «mais ni cette escalade, ni le nouveau gouvernement ne semble l’avoir convaincue que le moment était venu de tenter une quelconque initiative pour essayer de le résoudre», a-t-elle ajouté.
 
Autrement dit, selon la formule de Brian Katulis, les États-Unis «ne sont pas en quête du prix Nobel» et vont continuer de se contenter de mesures «pragmatiques», notamment pour améliorer la vie quotidienne des Palestiniens.
 
«Le gouvernement Bennett-Lapid et l’administration Biden veulent la même chose: que ce sujet soit mis en sommeil pour quatre ans», a souligné Natan Sachs. «Mais cela ne va pas se passer ainsi, comme nous l’avons constaté le mois dernier», a-t-il prévenu: même en l’absence de décision majeure d’Israël, en matière d’annexion ou de désengagement de territoires occupés, les «petits événements» susceptibles de rallumer le conflit sont légion.
 
Sur un autre sujet de frictions, enfin, l’État hébreu ne devrait pas revenir sur son hostilité à l’accord sur le nucléaire iranien, et à la volonté de Washington de le rejoindre à nouveau après la sortie décidée par Donald Trump. Mais selon Natan Sachs, le duo désormais à sa tête pourrait, à la différence de Benjamin Netanyahu, s’abstenir d’aller «au combat politique avec Biden». (AFP)
 
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