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Brésil: nouveau face-à-face entre Lula et un juge anticorruption

Jeudi 14 Septembre 2017

Brésil: nouveau face-à-face entre Lula et un juge anticorruption
L'ex-président brésilien Lula a commencé à être interrogé mercredi par le juge anticorruption Sergio Moro, le deuxième face-à-face avec ce magistrat qui l'a déjà condamné à près de dix ans de prison dans une autre affaire.

Luiz Inacio Lula da Silva, 71 ans, est arrivé au tribunal de Curitiba (sud) à bord d'une voiture noire peu avant 14h00 heure locale (17h00 GMT), heure prévue pour le début de l'audience.

L'icône de la gauche s'est frayé un chemin entre les quelques centaines de militants venus le soutenir, la plupart portant des t-shirts rouges, la couleur du Parti des travailleurs (PT), a constaté un journaliste de l'AFP présent sur place.

Vêtu d'un costume-cravate sombre, il est ensuite descendu du véhicule, le temps d'un bref bain de foule, prenant même un "selfie" avec certrains de ses partisans, avant de traverser l'important dispositif policier.

- Témoignages compromettants -

Visé au total par six procédures judiciaires, Lula est sous la menace de multiples condamnations qui pourraient réduire à néant ses ambitions de retourner au pouvoir.

La semaine dernière, il a été atteint de plein fouet par les révélations d'Antonio Palocci, son ancien ministre des Finances, qui a été arrêté en septembre 2016 puis condamné à une peine de 12 ans de prison.

Lui aussi interrogé par le juge Moro, il a affirmé que Lula avait passé "un pacte du sang" entre son parti, le PT, et l'entreprise Odebrecht, au coeur du scandale de corruption qui secoue le Brésil.

Le magistrat pourrait utiliser ces nouveaux éléments afin d'étayer les accusations qui pèsent sur l'ancien chef de l'Etat dans l'affaire pour laquelle il sera interrogé mercredi.

Selon les procureurs, Odebrecht a payé un terrain destiné à l'Institut Lula à Sao Paulo et mis à disposition de sa famille un terrain dans la ville voisine de Sao Bernardo do Campo, pour rétribuer des faveurs dans l'obtention de contrats avec la compagnie pétrolière d'Etat Petrobras.

"Les faits rapportés sont réels", a affirmé M. Palocci, ce qui pourrait battre en brèche toute la ligne de défense de l'ex-président.

"L'histoire que raconte Antonio Palocci contredit d'autres témoignages et ne peut être comprise que dans le contexte d'un homme emprisonné et condamné dans d'autres procès par le juge Sergio Moro", avait rétorqué Lula sur sa page Facebook.

- 'Mascarade' -

Le 10 mai, pendant son premier face-à-face avec le juge Moro à Curitiba, l'ex-chef de l'Etat s'était dit victime d'une "mascarade", rejetant en bloc toutes les accusations.

Mais depuis, sa situation s'est considérablement détériorée.

En juillet, l'ancien ouvrier métallurgiste, qui avait fini ses deux mandats avec des indices record de popularité, a été condamné à neuf ans et demi de prison, reconnu coupable d'avoir reçu de l'entreprise de bâtiment OAS un triplex dans une cité balnéaire en guise de pot-de-vin.

Laissé en liberté en attendant son jugement en appel, il risque de se voir empêcher de se présenter à la présidentielle d'octobre 2018 en cas de condamnation en deuxième instance, voire de finir derrière les barreaux.

Lula est jusqu'à présent en tête des intentions de vote, mais suscite aussi un fort niveau de rejet dans l'opinion brésilienne.

Sa tournée réalisée ces dernières semaines dans les régions pauvres du nord-est n'a d'ailleurs pas attiré les foules.

En plus du regroupement autour du tribunal avant l'interrogatoire, le PT a annoncé une manifestation de soutien à Lula en fin d'après-midi à Curitiba.

Mais la plupart des observateurs s'attendent à une mobilisation moindre qu'au moment du premier interrogatoire, quand près de 7.000 militants s'étaient déplacés.

"Selon nos informations, moins d'autocars sont arrivés" que la dernière fois, a souligné Walter Mesquita, responsable des services de sécurité de l'Etat du Parana, dont Curitiba est la capitale.
 
 
 
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