Malgré la trêve entre Israël et le Hamas, la population de Gaza vit « une catastrophe humanitaire monumentale », a dénoncé mercredi le secrétaire général de l’ONU, tandis que le chef de la diplomatie chinoise alertait d’un risque que le conflit engloutisse la région.
Une reprise des combats entre Israël et le Hamas risquerait de provoquer « un désastre qui pourrait engloutir la région », a mis en garde le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi, qui présidait une réunion du Conseil de sécurité.
Alors que la Chine a toujours soutenu une solution à deux États, il a espéré que la trêve en cours pourrait conduire à « un cessez-le-feu total et durable ».
Tout comme le secrétaire général de l’ONU : « Des négociations intenses ont lieu pour prolonger la trêve – ce dont nous nous félicitons sincèrement – mais nous pensons que nous avons besoin d’un véritable cessez-le-feu humanitaire », a déclaré Antonio Guterres, rappelant que 80 % de la population de Gaza a été déplacée depuis le début de la guerre.
« La population de Gaza vit au milieu d’une catastrophe humanitaire monumentale, sous les yeux du monde. Nous ne devons pas détourner les yeux », a-t-il martelé.
« Le système alimentaire s’est effondré et la faim se propage, en particulier dans le nord », a-t-il noté, soulignant également que la situation sanitaire est « atterrante » dans les abris, représentant « une grave menace à la santé publique ».
« Le volume d’aide qui parvient aux Palestiniens à Gaza est toujours totalement insuffisant pour répondre aux besoins de plus de deux millions de personnes», notamment pour le carburant, a insisté le secrétaire général, réclamant à nouveau l’ouverture d’autres points de passage vers la bande de Gaza, en plus de celui de Rafah.
Répétant sa condamnation des « attaques odieuses du Hamas » du 7 octobre à l’origine de cette guerre, il a également réclamé la libération de tous les otages « immédiatement et sans condition ».
« Nous devons nous assurer que les habitants de la région aient enfin un horizon d’espoir – en allant de façon déterminée et irréversible vers une solution à deux États, sur la base des résolutions des Nations unies et du droit international, avec Israël et la Palestine vivant côte à côte en paix et en sécurité », a-t-il souligné.
Le ministre palestinien des Affaires étrangères Riyad al-Malki a lui appelé le monde à faire en sorte que « les massacres ne puissent pas reprendre », en allusion à la trêve en vigueur, que le Hamas s’est dit prêt mercredi à prolonger de quatre jours.
« Notre peuple fait face à une menace existentielle. Ne vous y trompez pas. Avec toutes les discussions sur la destruction d’Israël, c’est la Palestine qui est visée par un plan pour sa destruction », a-t-il insisté, assurant que « le peuple palestinien est là pour rester ».
« Israël devrait être convaincu du fait qu’aucune force sur Terre ne peut déraciner les Palestiniens de Palestine », a-t-il ajouté.
« Quiconque soutient un cessez-le-feu soutient en fait la poursuite du règne de la terreur du Hamas à Gaza », a estimé de son côté l’ambassadeur israélien à l’ONU Gilad Erdan.
« Ceux qui ont de l’influence ne font pas assez »
Le patron de l’OMS a accusé mercredi « ceux qui ont de l’influence » de ne pas faire assez pour parvenir à la fin des combats à Gaza, où le système de santé est « totalement débordé » après des semaines de bombardements et de combats.
Le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé Tedros Adhanom Ghebreyesus a estimé qu’une « pause humanitaire [prolongée], voire un cessez-le-feu est possible » dans la bande de Gaza mais à condition que « ceux qui ont de l’influence prennent la chose au sérieux », a-t-il dit lors d’un point de presse à Genève, sans toutefois nommer ceux qu’il visait.
« C’est une question de volonté », a-t-il souligné, lors de cet échange largement consacré au système de santé du territoire palestinien.
Selon M. Tedros, la pause dans les hostilités a permis à l’OMS d’augmenter les livraisons de fournitures médicales à Gaza et de transférer des patients de l’hôpital Al-Shifa, le plus grand du territoire, vers d’autres établissements dans le sud de la bande.
« La plus grande préoccupation de l’OMS reste d’aider le système de santé de Gaza et les professionnels de santé à fonctionner », a déclaré M. Tedros. Seuls 15 des 36 hôpitaux de Gaza fonctionnent encore avec une certaine capacité, mais ils sont « complètement débordés ».
Richard Peeperkorn, représentant de l’OMS dans les territoires palestiniens occupés, a ajouté : « Nous sommes extrêmement préoccupés par la vulnérabilité de ce que j’appelle un système de santé gravement endommagé ».
Selon lui, sur les 3500 lits d’hôpitaux dont disposait Gaza avant la guerre, il n’en reste plus que 1500.
« Nous estimons qu’il y a un besoin de 5000 lits et qu’il nous reste donc beaucoup de chemin à parcourir », a-t-il déclaré.
Le directeur des urgences de l’organisation, Michael Ryan, a pour sa part assuré qu’il n’y avait « aucune chance » que les nouvelles équipes médicales puissent remplacer les capacités perdues dans le système de santé de Gaza.
« Demain, même si la paix était déclarée, nous aurions un défi énorme à relever : un défi absolument gargantuesque en matière de santé publique », a-t-il déclaré. [AFP]