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Censure du gouvernement - Le premier ministre remet sa démission, la France dans l’incertitude

Jeudi 5 Décembre 2024

Le président Emmanuel Macron a pris acte jeudi de la démission de son premier ministre au lendemain d’une censure historique, et menait des consultations avant de s’adresser dans la soirée aux Français.

 

Cette allocution télévisée est attendue alors que la France se retrouve une nouvelle fois sans gouvernement, dans un contexte budgétaire alarmant et une atmosphère de crise politique.

 

Michel Barnier, devenu mercredi le premier ministre le plus éphémère de la Ve République après avoir été censuré par une majorité de députés trois mois seulement après sa prise de fonctions, a été reçu pendant une heure à l’Élysée jeudi matin.

 

Emmanuel Macron a « pris acte » de la démission de son premier ministre, a indiqué l’Élysée, précisant que Michel Barnier assurait avec son équipe « le traitement des affaires courantes jusqu’à la nomination d’un nouveau gouvernement ».

 

Quand sera nommé son successeur ? La présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet a exhorté jeudi Emmanuel Macron à le faire « rapidement » pour « ne pas laisser s’installer le flottement ».

 

Elle a été reçue jeudi midi à l’Élysée, avant son homologue du Sénat Gérard Larcher, attendu dans l’après-midi.

 

Emmanuel Macron a par ailleurs déjeuné à l’Élysée avec le dirigeant du parti centriste Modem, François Bayrou, dont le nom circule pour prendre la succession de M. Barnier, a-t-on appris de source proche.

 

L’entourage du président ne fournit à ce stade aucun calendrier, mais plusieurs de ses familiers ont confié qu’il entendait cette fois agir vite, et peut-être annoncer un nouveau premier ministre dès jeudi soir.

 

« Impasse »

 

« Flou », « impasse », « cercle vicieux » : du nord au sud du pays, l’inquiétude et la lassitude étaient manifestes chez les Français interrogés par l’AFP, alors que le pays s’enfonce dans la crise déclenchée par la dissolution surprise en juin.

 

La France a déjà été sans gouvernement pendant plusieurs semaines cet été, après les législatives anticipées ayant abouti à une Assemblée fragmentée en trois blocs (alliance de gauche, macronistes et droite, extrême droite) sans majorité absolue. Le gouvernement démissionnaire avait expédié les affaires courantes jusqu’à la nomination, dans la douleur, de Michel Barnier le 5 septembre.

 

Les marchés restaient en revanche calmes : la Bourse de Paris était en légère hausse et, loin de s’envoler, le taux auquel la France emprunte sur les marchés était même orienté à la baisse. Mais l’agence Moody’s prévient que la chute du gouvernement « réduit la probabilité d’une consolidation » des finances publiques.

 

Casse-tête

 

C’est que l’équation de la formation d’un nouveau gouvernement s’annonce tout aussi complexe qu’elle l’a été pour nommer Michel Barnier.

 

Tant la gauche que le centre ou la droite paraissent désunis pour s’entendre sur un nouveau gouvernement de coalition.  

 

Pour les centristes et la droite, travailler avec les socialistes et les écologistes implique que ces derniers se détachent du parti de la gauche radicale La France insoumise (LFI), avec qui ils forment le Nouveau Front populaire (NFP), la première force à l’Assemblée.

 

LFI de son côté a d’ores et déjà prévenu jeudi que sa formation censurerait tout premier ministre n’étant pas issu de l’alliance de gauche. Mais la gauche radicale réclame surtout la démission du chef de l’État et une « présidentielle anticipée ».

 

Socialistes et écologistes, eux, se disent prêts à des compromis avec le bloc central, qui s’engagerait en retour à ne pas censurer un gouvernement de gauche.

 

L’extrême droite, qui joue les rôles d’arbitre et a précipité la censure du gouvernement Barnier, assure qu’elle laissera « travailler » le futur chef du gouvernement pour « co-construire un budget acceptable pour tous ».

 

Si la chute de Michel Barnier était perçue comme une « mort annoncée », la presse française s’inquiète jeudi des « temps inconnus qui se profilent ». Tout comme la presse européenne, qui souligne le « chaos » et « l’incertitude » dans lesquels s’enfonce la France.  

 

La situation laisse les Français partagés : 53 % approuvent la décision des députés, mais 82 % sont inquiets de ses conséquences, selon un sondage Toluna Harris Interactive pour RTL.  

 

La situation budgétaire de la deuxième économie de la zone euro requiert un exécutif rapidement. Attendu à 6,1 % du PIB en 2024, le déficit public ratera son objectif de 5 % en l’absence de budget. [AFP]

 
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