La neutralité est une posture équidistante entre deux adversaires. Dans le cadre du champ politique sénégalais, de nombreux acteurs aussi bien des mouvances partisanes que la société civile invitent le Président de la République en exercice à porter son choix sur la désignation d’une personnalité neutre pour organiser les élections et/ou pour conduire le dialogue politique.
Pour ou contre. C’est ainsi que le jeu politique fonctionne depuis la nuit des temps. C’est le critère majeur pour distinguer ceux qui sont favorables à une décision de ceux qui sont contre. Entre les deux pôles, il est quasi impossible d’être neutre, équidistant. Il faut choisir son camp. On a façonné les esprits dans cette logique démocratique infernale. Certains sont quasi dressés contre tout ce qui relève de la neutralité.
Le principe organisant les élections repose lui aussi sur cette logique de choix qui s’auto exclut. Il faut choisir entre le oui et le non. Les électeurs désignent ainsi les représentants des populations en procédant à des élections consistant à choisir entre plusieurs listes et de sensibilités politiques multiples.
La neutralité consiste dans ces cas de figure d’une élection locale et/ou nationale, de confier l’organisation des élections en vue de permettre l’expression libre, démocratique du vote des citoyens. L’Etat qui est en principe le garant de la sécurité des personnes et des biens devrait naturellement être l’organisateur de ces évènements électoraux rythmant la vie démocratique.
C’est la fonction naturelle de toute puissance publique. L’Etat a les moyens humains, les ressources matérielles et l’intelligence collective. Il a aussi la légalité et la légitimité d’exercer le pouvoir étatique. C’est lui, et lui seul, qui incarne la légitimité de faire usage de la contrainte et de la violence. Cette fonction de l’Etat organisateur des élections a été fortement critiquée sous le règne du parti Unique au Sénégal et des deux alternances de mars 2000 et de mars 2012.
Le Parti-Etat socialiste n’a su garantir des élections libres et démocratiques. C’est en raison du déficit de confiance entre les socialistes et les adversaires du régime et l’absence de neutralité positive de l’Etat, de l’administration publique et du Ministère de l’Intérieur organisateur des électeurs, que les politiques et la société civile conviennent tous à un accord. C’est le code électoral consensuel en 1992.
Ce code va créer les conditions de naissance de l’Office National des Elections (Onel). Cet organe aura la singularité d’être neutre par sa vocation, ses principes d’organisation et de fonctionnement. L’Onel organise et supervise le processus dans la neutralité absolue.
Paradoxalement, cette expérience de l’Onel en matière électorale sera de courte durée pour ne pas dire sans suite. Depuis lors, deux alternances politiques se succèdent au Sénégal. Aucune de ces alternatives de régime n’est parvenue réellement à sortir les élections de la logique des clivages traditionnels nés des processus électoraux et de l’organisation des élections.
Le Ministère de l’Intérieur est devenu un véritable poison électoral. La dernière présidentielle de février 2019 atteste de la persistance du climat de méfiance, de suspicion et de défiance à l’adresse du Président de la République, de l’autorité politique et administrative en charge des élections. On comprend aisément, pour quoi de nombreux acteurs invitent le Président de la République à la désignation d’une structure chargée des élections. Elle serait conduite par une personnalité neutre.
Dans l’entendement de certains acteurs politiques, singulièrement dans les rangs des partisans du pouvoir, la neutralité est mal appréhendée, voire simplement rejetée dans son principe. Cette posture de rejet ne prend pas en compte l’expérience positive de l’Onel dans le processus de l’apaisement du jeu politique et du renforcement de la maturité politique et citoyenne.
La neutralité impulsée par un organe indépendant conduit par une personnalité neutre a plusieurs avantages. Elle rassure les camps en présence et les met sur un pied d’égalité d’accès à l’information et à la participation libre et démocratique des acteurs politiques et des citoyens. En outre, la neutralité témoigne de la capacité de l’Etat à accepter la séparation effective de l’organisation des élections de l’administration et des influences partisanes.
Le cadre chargé des élections cesse d’être mis au service du Président de la République, de son parti et de sa majorité. C’est ce pas que le Sénégal ne parvient pas en réalité à franchir en matière d’élection depuis des décennies. La majorité politique utilise la puissance publique à des fins partisanes. La personnalité neutre a l’avantage de n’appartenir à aucun des camps se disputant le contrôle du pouvoir local et central.
Dans le contexte post-présidentiel février 2019, la création d’un organe neutre placé sous la direction d’une personnalité neutre devant se charger des élections est un impératif démocratique. Le livre blanc de l’opposition et la suspicion quasi généralisée autour d’un coup d’Etat électoral préfabriqué, militent en faveur de la naissance d’un tel organe.
Dans ce sillage du choix d’un organe neutre, il est souhaitable de placer le dialogue politique sous l’autorité d’une personnalité suffisamment imprégnée de l’impasse politique du dialogue national et des enjeux de sortie de crise des processus électoraux et de l’organisation des élections.
L’apaisement du climat social, politique et le dépassement des clivages nourris par le pour et le contre stérilisant, sont fortement dépendants des capacités à bâtir des consensus politiques intelligents au sujet des structures chargées des élections, de conduire la gouvernance des élections et du dialogue politique.
Le Président de la République a une grosse responsabilité dans ce choix à faire dans la sérénité requise. Le Sénégal doit sortir de ce cycle infernal de la contestation des processus et des résultats électoraux avant et après les élections. L’image de notre démocratie a fini par prendre un sacré coup à l’étranger. L’élection est une question importante dans la vie de la Nation. L’Etat doit garantir l’expression démocratique et libre des choix des citoyens.
Mamadou Sy Albert
Pour ou contre. C’est ainsi que le jeu politique fonctionne depuis la nuit des temps. C’est le critère majeur pour distinguer ceux qui sont favorables à une décision de ceux qui sont contre. Entre les deux pôles, il est quasi impossible d’être neutre, équidistant. Il faut choisir son camp. On a façonné les esprits dans cette logique démocratique infernale. Certains sont quasi dressés contre tout ce qui relève de la neutralité.
Le principe organisant les élections repose lui aussi sur cette logique de choix qui s’auto exclut. Il faut choisir entre le oui et le non. Les électeurs désignent ainsi les représentants des populations en procédant à des élections consistant à choisir entre plusieurs listes et de sensibilités politiques multiples.
La neutralité consiste dans ces cas de figure d’une élection locale et/ou nationale, de confier l’organisation des élections en vue de permettre l’expression libre, démocratique du vote des citoyens. L’Etat qui est en principe le garant de la sécurité des personnes et des biens devrait naturellement être l’organisateur de ces évènements électoraux rythmant la vie démocratique.
C’est la fonction naturelle de toute puissance publique. L’Etat a les moyens humains, les ressources matérielles et l’intelligence collective. Il a aussi la légalité et la légitimité d’exercer le pouvoir étatique. C’est lui, et lui seul, qui incarne la légitimité de faire usage de la contrainte et de la violence. Cette fonction de l’Etat organisateur des élections a été fortement critiquée sous le règne du parti Unique au Sénégal et des deux alternances de mars 2000 et de mars 2012.
Le Parti-Etat socialiste n’a su garantir des élections libres et démocratiques. C’est en raison du déficit de confiance entre les socialistes et les adversaires du régime et l’absence de neutralité positive de l’Etat, de l’administration publique et du Ministère de l’Intérieur organisateur des électeurs, que les politiques et la société civile conviennent tous à un accord. C’est le code électoral consensuel en 1992.
Ce code va créer les conditions de naissance de l’Office National des Elections (Onel). Cet organe aura la singularité d’être neutre par sa vocation, ses principes d’organisation et de fonctionnement. L’Onel organise et supervise le processus dans la neutralité absolue.
Paradoxalement, cette expérience de l’Onel en matière électorale sera de courte durée pour ne pas dire sans suite. Depuis lors, deux alternances politiques se succèdent au Sénégal. Aucune de ces alternatives de régime n’est parvenue réellement à sortir les élections de la logique des clivages traditionnels nés des processus électoraux et de l’organisation des élections.
Le Ministère de l’Intérieur est devenu un véritable poison électoral. La dernière présidentielle de février 2019 atteste de la persistance du climat de méfiance, de suspicion et de défiance à l’adresse du Président de la République, de l’autorité politique et administrative en charge des élections. On comprend aisément, pour quoi de nombreux acteurs invitent le Président de la République à la désignation d’une structure chargée des élections. Elle serait conduite par une personnalité neutre.
Dans l’entendement de certains acteurs politiques, singulièrement dans les rangs des partisans du pouvoir, la neutralité est mal appréhendée, voire simplement rejetée dans son principe. Cette posture de rejet ne prend pas en compte l’expérience positive de l’Onel dans le processus de l’apaisement du jeu politique et du renforcement de la maturité politique et citoyenne.
La neutralité impulsée par un organe indépendant conduit par une personnalité neutre a plusieurs avantages. Elle rassure les camps en présence et les met sur un pied d’égalité d’accès à l’information et à la participation libre et démocratique des acteurs politiques et des citoyens. En outre, la neutralité témoigne de la capacité de l’Etat à accepter la séparation effective de l’organisation des élections de l’administration et des influences partisanes.
Le cadre chargé des élections cesse d’être mis au service du Président de la République, de son parti et de sa majorité. C’est ce pas que le Sénégal ne parvient pas en réalité à franchir en matière d’élection depuis des décennies. La majorité politique utilise la puissance publique à des fins partisanes. La personnalité neutre a l’avantage de n’appartenir à aucun des camps se disputant le contrôle du pouvoir local et central.
Dans le contexte post-présidentiel février 2019, la création d’un organe neutre placé sous la direction d’une personnalité neutre devant se charger des élections est un impératif démocratique. Le livre blanc de l’opposition et la suspicion quasi généralisée autour d’un coup d’Etat électoral préfabriqué, militent en faveur de la naissance d’un tel organe.
Dans ce sillage du choix d’un organe neutre, il est souhaitable de placer le dialogue politique sous l’autorité d’une personnalité suffisamment imprégnée de l’impasse politique du dialogue national et des enjeux de sortie de crise des processus électoraux et de l’organisation des élections.
L’apaisement du climat social, politique et le dépassement des clivages nourris par le pour et le contre stérilisant, sont fortement dépendants des capacités à bâtir des consensus politiques intelligents au sujet des structures chargées des élections, de conduire la gouvernance des élections et du dialogue politique.
Le Président de la République a une grosse responsabilité dans ce choix à faire dans la sérénité requise. Le Sénégal doit sortir de ce cycle infernal de la contestation des processus et des résultats électoraux avant et après les élections. L’image de notre démocratie a fini par prendre un sacré coup à l’étranger. L’élection est une question importante dans la vie de la Nation. L’Etat doit garantir l’expression démocratique et libre des choix des citoyens.
Mamadou Sy Albert