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Chronique d’Albert : Sortir le dialogue de l’impasse politique

Lundi 13 Mai 2019

Le dialogue politique entre le pouvoir, son opposition et la société a deux exigences majeures pour réussir et sortir le Sénégal de l’impasse politique. La volonté politique du Président de la République et la confiance à un débat franc, sincère et sans équivoque. Sans ces deux conditions, le dialogue  débouchera sur le désaccord et l’unilatéralisme.
 
Le Ministre de l’intérieur a décliné la semaine dernière la démarche présidentielle et les termes de références de cette rencontre entre le chef de l’Etat et tous les acteurs de la société. Cette première étape du dialogue est simplement administrative. Elle consiste à fixer l’esprit du dialogue, son cadre, et les attentes du pouvoir. Elle est certes importante.
 
Elle ne signifie point que le dialogue est engagé au plan politique. Ce deuxième niveau du dialogue proprement politique, dépendra de la volonté que le Président en exercice, exprimera de manière solennelle lors de la journée consacrée au dialogue. La volonté politique en déterminera la suite. Plus précisément, que va proposer le Président de la République à son opposition et aux acteurs de la société civile pour sortir de l’impasse dans laquelle se meut son pays depuis le vote de la nouvelle Constitution Sénégalaise. La Constitution a provoqué l’éclatement du Sénégal en deux grandes parties : les partisans d’un côté, les adversaires, de l’autre côté.
 
Près de 40 % des électeurs sénégalais ont voté contre la charte fondamentale soumise au peuple par le Président Macky Sall. Ils sont moins de 60% des électeurs à valider la Constitution. Depuis cette date cristallisant les clivages, les Sénégalais sont partagés entre ceux qui soutiennent l’action gouvernementale et ceux qui rejettent les orientations constitutionnelles et politiques du Président de la République. Ainsi, va la démocratie.
 
La loi du parrainage est venue de nouveau creuser le fossé entre la majorité politique et des franges importantes des acteurs politiques. La Présidentielle de février 2019 et la nouvelle révision du régime politique consacrant la suppression du poste de Premier Ministre, ont renforcé  l’approfondissement du malaise institutionnel. Ces nouveautés électorales plombent davantage les clivages et confirment la tendance sociopolitique de deux pôles diamétralement opposés entre  partisans du pouvoir et adversaires évoluant dans la mouvance de l’opposition politique ou de la mouvance de la société civile. 
 
La volonté politique présidentielle de dépasser ses clivages, ses tensions et le déficit notoire de confiance entre la majorité et ses opposants est probablement ce qui pourrait modifier le climat de tensions chroniques, le rapport entre le camp du pouvoir et celui de l’opposition. Quelle sera la teneur du discours présidentiel ? Quelles propositions concrètes pour dénouer la crise de confiance au cœur de l’organisation des élections par son Ministre et les suspicions enveloppant les résultats des élections ?
 
Le discours présidentiel est attendu sur ces questions majeures. Il ne devra pas passer à côté des réelles préoccupations des opposants et de la société civile.  Le risque d’aller aux élections locales avec la loi du parrainage telle qu’elle est, le report des locales et le couplage des locales aux  législatives sans accord de l’opposition, est du domaine des possibles. Le changement du calendrier républicain pourrait  créer les conditions de la radicalisation de certaines franges de l’opposition.
 
 La tension des élections va de nouveau ressurgir. Le Président de la République pourrait être pris dans le jeu des calculs électoraux politiciens, la source principale de l’échec du dialogue politique au Sénégal. A moins qu’il accepte la critique objective des insuffisances et des manquements dans l’organisation des élections sous son règne et les effets négatifs de la loi du parrainage sur le fonctionnement de la démocratie pluraliste. Il pourrait alors envisager une approche moins conflictuelle avec ses adversaires et la société civile. Il ouvrirait ainsi une véritable porte de sortie de l’impasse politique.
 
Cette volonté de dépasser les clivages peut alors susciter la confiance et rétablir des rapports plus sereins entre la majorité et son opposition. Le deuxième mandat et les enjeux du développement du Sénégal nécessitent que le Président de la République, sa majorité, son opposition et les acteurs de la société civile, franchissent ce pas démocratique. L’échec du dialogue ne fera point l’affaire du Président de la République désormais trop solitaire dans sa conduite des affaires. La suppression du poste de Premier Ministre, pourrait se ressentir sur la marche du Sénégal et les relations entre le pouvoir et son opposition.
Mamadou Sy Albert
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