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Commerce: l'UE dévoile sa stratégie pour riposter à Trump

Mardi 6 Mars 2018

La Commission européenne doit détailler mercredi sa stratégie de riposte face aux menaces de Donald Trump de taxer lourdement les importations d'acier et d'aluminium aux Etats-Unis, dont de possibles mesures de rétorsion sur les jeans, les motos ou le bourbon américain.

Aucune décision concrète ne devrait être annoncée tant que le président américain n'a pas confirmé ses intentions, mais l'UE, tout en espérant encore éviter l'escalade vers une guerre commerciale, entend montrer qu'elle est prête le cas échéant.

"Nous devons d'abord voir la décision finale" de Donald Trump, qui pourrait "intervenir cette semaine", a déclaré lundi à la BBC la commissaire européenne au Commerce, Cecilia Malmström.

"Mais bien sûr, on se prépare, car tout cela est dans l'air depuis un certain temps", a ajouté la Suédoise, chargée de présenter la stratégie de l'UE.

Le président Trump a annoncé la semaine passée qu'il comptait imposer des droits de douane de 25% sur l'acier et de 10% sur l'aluminium sans donner plus de détails sur les pays concernés.

Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker (photo), a immédiatement répondu que l'UE était prête à "réagir fermement et proportionnellement".

Les Européens exportent environ 5 milliards d'euros d'acier et 1 milliard d'euro d’aluminium chaque année vers les Etats-Unis. Les mesures américaines, jugées protectionnistes par l'UE, pourraient leur porter préjudice à hauteur de 2,8 milliards d'euros, selon les calculs de la Commission.

Tout en compliquant l'accès au marché américain pour les sidérurgistes européens, les taxes de Donald Trump pourraient aussi détourner vers l'Europe la production étrangère qui ne trouverait plus de débouchés aux Etats-Unis.

La première disposition envisagée par Bruxelles consiste à prendre des mesures dites "de rééquilibrage" afin de compenser en valeur le dommage subi, en accord, selon elle, avec les règles de l'Organisation mondiale du commerce (OMC).

Il s'agirait, concrètement, de taxer certains produits américains spécifiques pour envoyer un message politique à Donald Trump, par exemple en visant des entreprises dans les Etats qui lui sont le plus favorables. Cette première réponse mettrait environ trois mois à devenir effective.

- Mesures de rétorsion -

L'idée de Bruxelles est de maximiser l'impact politique aux Etats-Unis de ces mesures de rétorsion, tout en minimisant ses effets sur les consommateurs européens.

Jean-Claude Juncker, qui a rencontré mardi Lakshmi Mittal, le PDG du géant de l'acier ArcelorMittal, a précisé que des entreprises comme Harley-Davidson et Levi's ainsi que le bourbon américain seraient visés.

Dans les faits, la liste de produits sur laquelle travaille l'UE ne mentionne pas d'entreprises. Elle vise un tiers de produits en acier, un tiers de produits agricoles et un tiers de produits divers en utilisant une nomenclature douanière plus générale,type "pantalons, de travail, de coton, pour hommes".

Discutée avec les Etats membres, la liste doit être présentée mercredi matin au Collège des commissaires européens.

"On ne peut cependant pas prendre de décision définitive sur cette liste tant que les Etats-Unis n'ont encore rien annoncé d'officiel", insiste une source européenne.

Outre les mesures de rétorsion, l'UE pourrait également mettre en place, là aussi en quelques semaines, des mesures dites de "sauvegarde" pour protéger son industrie.

Cela consisterait à restreindre temporairement les importations européennes d'acier et d'aluminium pour préserver les deux branches concernées des flux étrangers, comme l'autorise l'OMC.

Enfin, Bruxelles devrait déposer si besoin, peut-être avec les autres pays concernés - y compris la Chine - une plainte commune devant l'OMC, une procédure qui prend généralement deux ans.

"On ne le rappelle pas assez mais la surcapacité dans le secteur de l'acier est essentiellement due la Chine", de loin le premier producteur mondial et soupçonnée de subventionner sa production, insiste le haut fonctionnaire européen. "L'Europe, elle, fait partie de la solution."
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