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DE QUOI LE « BLOCUS » DE LA CASAMANCE EST-IL LE NOM ?

Mercredi 21 Juin 2023

Le navire assurant la liaison Dakar-Ziguinchor-Dakar
Le navire assurant la liaison Dakar-Ziguinchor-Dakar
 
L’info est terrifiante : « Depuis des semaines, entre le nord du Sénégal et la Casamance, entre Dakar et Ziguinchor, la liaison maritime est arrêtée, toute la circulation est limitée à des heures précises avec fouille systématique des bagages, sont arrêtés aussi les voyages par Dakar Dem Dik ».
 
De mémoire durant ces 40 ans de conflits entre notre État néocolonial et le MFDC indépendantiste, c’est la première fois qu’est mis en œuvre ce qui ressemble de fait à un « état de siège ».
 
Le contexte d’une telle mesure d’État renvoie aux barricades de la séquestration à domicile du chef indéniable de l’opposition d’origine casamançaise par son père et du nord du Sénégal par sa mère O. Sonko.
 
Difficile de ne pas faire un lien entre ces deux « blocus » et se poser la question suivante : que prépare le pouvoir de la seconde alternance libérale néocoloniale ? Quel plan d’attaque annonce ce double « blocus » ?
 
Plusieurs témoignages sur les réseaux sociaux de voyageurs font état "de fouilles systématiques des bagages pour passer du sud au nord". On sait aussi que la propagande du pouvoir ne cesse d’agiter « les forces spéciales » devenues « forces occultes » que nos jeunes tournent en dérision en donnant le nom de « farces spéciales » et « farces occultes ». Des arrestations sous ce label de « forces spéciales ou occultes » ont été opérées et maintenant on apprend même que des ressortissants guinéens Conakry ont été expulsés pour avoir « participé aux émeutes ».
 
A chaque contre-attaque de la jeunesse massivement mobilisée contre chaque tentative d’arrestation arbitraire de Sonko, l’info jamais prouvée que des « rebelles participent » à la révolte populaire est distillée.
 
Force est donc de constater que le « TOUT SAUF SONKO » induit une stratégie d’État qui consiste à utiliser la rébellion casamançaise pour éliminer le seul rival sérieux capable de gagner au premier tour la prochaine présidentielle de février 2024. Où est l’amour du Sénégal uni de la bourgeoisie bureaucratique néocoloniale prête à sacrifier pour ses intérêts pécuniaires l’opportunité d’une candidature « d’un fils à la fois de la Casamance et du Sénégal » à la présidence et l’espérance d’une solution unitaire démocratique ?
 
Tous les complots d’État ayant été démasqués, le pouvoir de Macky/APR/BBY prépare-t-il tout simplement l’arrestation de Sonko doublé de l’interdiction du parti Pastef-Les Patriotes ? Est-ce une des conclusions que le président Macky Sall va tirer de son « dialogue ouvert et inclusif » pour lequel toute demande selon la conception féodale républicaine en vigueur doit se faire avec la supplique déférence que l’on doit à une monarchie absolue ?
 
La question casamançaise doit cesser d'être un jouet entre les mains de nos gouvernants et politiciens néo coloniaux. Peut-on parler sérieusement d'unité nationale en marginalisant, en stigmatisant, en alimentant la casamanphobie ? N’est-ce pas là, agir contre l'unité nationale et de l'apatridie ? 
 
L’unité territoriale et nationale de notre cher Sénégal dont la nation est en construction n’est possible qu’en rejetant fermement la casamanphobie et en recherchant une solution politique démocratique inclusive avec tout le MFDC. Les stratégies de division mise en avant n’ont fait que semer la confusion mais sans jamais faire disparaître la rébellion.
 
C’est ce « jeu » militariste et financier dans lequel manifestement circulent des milliards de francs CFA qui s’est étendu par l’implication hégémonique de nos gouvernants dans les affaires intérieures de la Gambie et de la Guinée Bissau.
 
On a vu cela avec l’échec lamentable de la Confédération Sénégal-Gambie dissoute en 1989 après la désastreuse intervention militaire de 1981, puis en 1998 la désastreuse intervention militaire en Guinée Bissau, ensuite les ingérences récentes dans les joutes électorales en Gambie et en Guinée Bissau qui viennent de se retourner contre l’actuel pouvoir dans notre pays par les pertes des élections législatives et locales dans les deux pays de ses alliés-vassaux.
 
C’est vraiment malheureux que l’on s’habitue à la succession des tintamarres sur les « offensives militaires » et autres « démantèlements des camps de rebelles » aussitôt suivis des tintamarres sur « la paix et les accords de paix » avant que nous déplorons la vérité de nos soldats prisonniers et nos morts sans compter les souffrances mortifères fratricides dans les familles de nos frères et sœurs de Casamance.
 
Ces 40 ans de guerre fratricide en Casamance montre à souhait que la solution de ce que certains appellent « l’irrédentisme casamançais » n’est pas militaire, mais est fondamentalement politique.
 
La question casamançaise est une conséquence des balkanisations coloniales de l’Afrique, celle de 1884/85 et celle après 1945 lors du passage de l’État colonial à l’État néocolonial.
 
Son traitement politique démocratique sur la base de l’union libre des peuples libres dans une option panafricaine est la voie vers à la fois l’unité nationale sénégalaise et vers l’unité panafricaine avec la Gambie et la Guinée Bissau, étape possible vers l’unité africaine.
Alors, STOP à Macky/APR/BBY !
20/06/23 
Diagne Fodé Roland
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