Le Sénégal vient de vivre sa 3eme alternance « pacifique » avec l’élection de Bassirou Diomaye Faye comme 5eme Président. Au-delà de la personne de BDF, c’est l’espoir de toute une génération qui est en jeu avec de nombreuses attentes dans un contexte national et international difficile.
L’échec de Diomaye entraînera la déchéance de tout le Peuple sénégalais. C’est pourquoi il mérite le soutien de toutes les couches de la population afin qu’il puisse réussir sa mission.
Je ne suis pas « patriote » au sens partisan du terme. Je suis juste patriote en tant que partisan de la patrie et conscient des enjeux et défis auxquels notre pays est confronté. Fort de cela, Diomaye aura besoin de temps et d’indulgence pour mettre en œuvre un programme générationnel déconnecté des enjeux d’une élection prochaine.
Il est temps qu’une génération se sacrifie pour assurer le devenir d’une nation prospère. Pour cela, il va falloir bannir la tyrannie du temps, ennemi de toute politique économique structurelle.
Le contexte
C’est un secret de polichinelle que l’Etat traîne un endettement excessif et un déficit budgétaire qui entraînent des tensions de trésorerie empêchant toute projection sur le moyen et le long terme.
Il va falloir gérer une conjoncture difficile pour faire face à nos engagements vis-à-vis des bailleurs tout en assurant les dépenses budgétaires.
Heureusement, le Sénégal sera un pays gazier dans quelques mois, ce qui devrait faciliter la levée de fonds au niveau international pour faire face à cette conjoncture.
Ainsi, le nouveau Président devra rassurer les bailleurs par un discours assez conciliant pour restaurer leur confiance à la signature du Sénégal. Faut-il signaler que les marchés financiers ont mal accueilli la nomination de Diomaye faisant chuter les cours des obligations en dollars du Sénégal ce lundi, selon l’agence Bloomberg?
2. Les perspectives
Avec la manne du gaz et du pétrole, Le Sénégal devra lever des fonds pour reprofiler la structure de notre endettement afin de soulager dans un premier temps les tensions de trésorerie de l’Etat.
Les investissements structurants doivent être bannis pendant au moins les deux premières années en mettant l’accent sur la restauration du pouvoir d’achat des sénégalais, notamment en contenant l’inflation sur les produits de grande consommation et en développant les politiques d’emplois.
En effet, Le deuxième volet de soutien au social doit être orienté vers la subvention des intrants agricoles en préparation de la prochaine campagne hivernale et la campagne de contre saison froide.
Il ne faudra surtout pas vouloir impressionner lesSénégalais par des infrastructures tape-à-l’œil dont le retour sur investissement n’est pas garanti à moyen terme. Il s’agira de soulager la souffrance des Sénégalais en leur permettant de manger à leur faim en produisant moins cher tout en important moins cher. Cette transition sur deux ans devra assainir et rééquilibrer nos finances pour démarrer une nouvelle phase d’investissements promouvant la politique industrielle de substitution à l’importation adossée progressivement à une agriculture soutenue par une stratégie de subventions maîtrisée.
Voila quelques idées qui méritent d’être approfondies en prenant le temps de les mettre en place progressivement. Cela nécessite des Sénégalais de l’indulgence et de la patience pour permettre au Président nouvellement élu de poser les jalons de sa politique d’emplois à travers l’industrie et l’agriculture.
À défaut, on ratera l’occasion de sortir du cercle vicieux des politiques infrastructurelles électoralistes au détriment de la prise en charge du social et des infrastructures de production telles que l’hydraulique rurale.
Le Sénégal d’abord.
Cheikh Tidiane Sy Al Amine