Dans la polémique - devenue affaire judiciaire ? - née des allégations de Me Moussa Diop et accréditant la thèse d’un deal entre Macky Sall, Aly Ngouille Ndiaye et Jean Claude Mimran autour de mine de diamant présumée, la vérité pourrait peut-être provenir de la qualité des documents brandis par l’ex directeur général de la société de transport public ‘’Dakar Des Dikk’’. En attendant, le ministère des Mines et de la Géologie devrait faire preuve de beaucoup plus de transparence en dévoilant les propriétaires derrière les sociétés 2SH et ICT attributaires des « deux seuls permis de recherche de diamant » délivrés au Sénégal.
Les révélations fracassantes de Me Moussa Diop sur un deal présumé entre Macky Sall, Mamadou Diagne Ndiaye (pour le compte de l’industriel Jean-Claude Mimran) et Aly Ngouille Ndiaye autour de l’exploration alléguée de mines de diamants au Sénégal auront-elles une suite judiciaire digne de ce nom ou seront-elles classées sans…suite au Musée national des Fake news ? Moins de 72 heures après les accusations de l’ex directeur général de la société de transport public ‘’Dakar Des Dikk’’, les événements s’enchainent les uns aux autres. La police est entrée en jeu. Diop est l’objet d’une convocation de la Sûreté urbaine agissant sur ordre du procureur de la République, ‘’pour affaire le concernant’’.
Chez les ‘’cibles’’ de sa video dévastatrice postée sur les réseaux sociaux ce week-end, c’est un tollé d’indignations - vraies ou feintes - qui est ainsi partagé.
Selon Me Moussa Diop, une lettre attribuée au ministre d’alors Aly Ngouille Ndiaye dit ceci :
« Suite à notre entretien du mois passé, nous avons le plaisir de vous informer qu’une autorisation d’exploration a été signée sur ordre du président de la République, Macky Sall, afin que la société Stornaway Diamond Corporation (appartenant à Mimran) puisse commencer des travaux d’exploration en début d’année prochaine (2017). Une autorisation d’exploitation à durée déterminée s’en suivra par décret du président de la République. »
Apres avoir démenti ces allégations dimanche 10 décembre 2023, Aly Ngouille Ndiaye, ministre des Mines et des Energies entre décembre 2016 et février 2018, a annoncé une plainte en diffamation qui a été déposée ce lundi devant le Tribunal de grande instance de Dakar, selon son avocat Me Daouda Ka.
Au courrier ci-dessus, Me Diop fait suivre la réponse de Jean-Claude Mimran à Aly Ngouille Ndiaye qui serait datée du 3 décembre 2016 et qui lui confirmerait avoir reçu le compte-rendu de son ami Mamadou Diagne Ndiaye.
Une étape qui aurait précédé l’entrée en scène du chef de l’Etat Macky Sall.
« Cher collaborateur, nous avons l’honneur de vous informer de la tenue d’une réunion extraordinaire pour la définition des pourcentages sur l’exploitation minière dans la zone nord sous TF au nom de monsieur Mimran, suite à de nombreuses négociations. Elle se déroulera en date du 26 février à Paris, 20 heures, hôtel Georges 5. Cette rencontre sera l’occasion de signer des contrats liés à la confidentialité et aux revenus des parties», rapporte Me Moussa Diop qui informe qu’á travers ce courrier présidentiel envoyé à l’émissaire de Mimran, ‘’un accord de partenariat’’ s’en est suivi.
Mis en cause, le Groupe Mimran « dément fermement ces allégations mensongères qui ne reposent sur aucun fait matériel avéré », écrit-il dans un communiqué de presse publié ce lundi.
« Il n’existe aucune mine de diamants au Sénégal, encore moins au Nord où la contexture géomorphologique des terres n’est pas diamantifère », souligne le groupe industriel bien implanté dans le nord du pays avec la Compagnie sucrière sénégalaise (CSS). Et tout en laissant ouverte la porte d’une action judiciaire, le Groupe Mimran ajoute que la société qui lui est attribuée « n’est même pas connue du Registre minier du Sénégal ».
A son tour, le ministère des Mines et de la Géologie s’est invité dans la polémique.
« Au plan du contexte géologique, des indices de diamant ont été mis en évidence au Sud-est du territoire, contrairement à ce qui a été affirmé. A ce jour, il existe deux (02) permis de recherche de diamant en cours de validité ainsi qu’une autorisation d’exploitation semi-mécanisée pour lesquels des résultats concluants n’ont pas encore été obtenus. Aucun autre titre minier portant diamant n’a été délivrée à une quelconque entité », éclairé l’autorité officielle dans un communiqué rendu public ce 11 décembre 2023.
Selon le Groupe Mimran, les deux permis de recherche de diamant existants ont été attribués aux entreprises 2SH et ICT et « Jean Claude Mimran n’y a aucune forme de participation. »
A qui appartiennent ces deux sociétés et à quel groupe a été accordé l’autorisation d’exploitation semi-mécanisée ? Ni le ministère des Mines et de la Géologie ni l’ancien directeur général des Mines et de la Géologie, Ousmane Cissé, n’aident vraiment á clarifier une partie de cette polémique.