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Deux Grecs condamnés après les violences contre les ONG à Lesbos

Vendredi 6 Mars 2020

Deux Grecs de Lesbos ont été condamnés vendredi pour avoir menacé des travailleurs humanitaires sur cette île où des groupes d’habitants s’étaient violemment attaqués le week-end dernier à tous ceux tentant d’aider les réfugiés.
 
Dans un contexte marqué ces dernières semaines par l’opposition de la population locale à la mise en place de camps de rétention supplémentaires, le nouvel afflux de canots chargés de migrants avait suscité une explosion de colère à l’encontre des travailleurs humanitaires et des journalistes en particulier.
 
« Je vais continuer de défendre ma patrie en tant que Grec. La plupart des ONG ici se comportent comme des espions. Ces gangsters doivent partir de l’île », a déclaré à l’AFP l’un des deux condamnés, Konstantinos Alvanopoulos. « On ne comptait pas menacer la vie de qui que ce soit », a-t-il assuré, après sa condamnation.
 
Les deux hommes se sont vu infliger une peine de trois mois de prison avec sursis, au terme du premier procès sur les violences commises le week-end dernier.
 
Plus de 1.720 exilés ont débarqué sur les îles du nord de la mer Égée depuis que la Turquie a décidé d’ouvrir ses frontières avec l’Europe, s’ajoutant aux 38.000 migrants déjà parqués dans des camps surpeuplés de Lesbos.
 
Dimitris Vasoulis, l’avocat des prévenus, s’est insurgé contre le jugement. « Nous avions trouvé une solution avec la partie adverse pour clore l’affaire et ne pas envenimer la situation », a-t-il dit à l’AFP.
 
Efi Latsoudi, une figure emblématique de l’aide humanitaire à Lesbos, a accepté les excuses publiques faites devant le tribunal par les deux prévenus contre lesquels elle avait porté plainte pour des « menaces » proférées sur les réseaux sociaux.
 
« Le but est d’ouvrir une procédure judiciaire plus large », a expliqué à l’AFP cette responsable de l’ONG Lesbos Solidarity qui gère le camp PIKPA d’hébergement de réfugiés.
 
Deux voitures appartenant à ce camp avaient été, selon elle, vandalisées dimanche et un centre d’accueil des migrants inoccupé avait été partiellement incendié, dans le nord de Lesbos.
 
Une enquête a été ouverte après « plusieurs dénonciations d’attaques contre des individus et des voitures » sur cette île, selon une source policière.
 
- Pieds de biche et chaînes –
 
Barrages filtrants, routes coupées, automobiles saccagées, des groupes d’habitants avaient créé un climat de peur sur place.
 
Un habitant de Lesbos a décri des groupes armés de pieds de biche et de chaînes contrôlant les véhicules. « J’ai essayé de les calmer mais en quelques minutes la situation était devenue hors de contrôle. Ils ont commencé à taper de rage sur une camionnette, pensant que c’était une camionnette d’ONG. Ils ont ouvert les portes et frappé les personnes indistinctement », a-t-il témoigné sous le couvert de l’anonymat.
 
Une travailleuse humanitaire de 24 ans, évacuée depuis, a raconté avoir été agressée au volant de sa voiture par des individus : « Ils nous ont reconnus et ont commencé à frapper la voiture avec des barres métalliques ».
 
« On nous a prévenus très concrètement que des gens essayaient de nous chasser et tentaient de trouver où nous habitions », a renchéri le responsable de la logistique d’une ONG.
 
A un carrefour, un couple a dit avoir été arrêté sur un barrage filtrant érigé par une quinzaine de personnes agitant des drapeaux grecs. « Dès qu’ils ont vu notre plaque d’immatriculation locale, ils ont crié : "ils sont des nôtres, ils peuvent passer" ».
 
Les violences se sont poursuivies lundi, a signalé l’ONG allemande Mare Liberum : « une quinzaine de personnes ont attaqué notre bateau dans la soirée alors qu’on était amarré dans une petite baie », a expliqué à l’AFP un de ses membres
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