PARIS (Reuters) - La cour d'Assises de Paris a lourdement condamné vendredi à des peines de prison ferme deux ex-skinheads pour la mort en 2013 du jeune militant antifasciste Clément Méric, à l'issue d'un procès qui a aussi été celui des dérives de l'extrême droite.
Après presque neuf heures de délibérations, la cour a reconnu Esteban Morillo, 25 ans, coupable de violences volontaires ayant entraîné la mort, en réunion et avec une arme, en l'occurrence un coup de poing américain. Elle l'a condamné à 11 ans de prison.
La cour a reconnu coupable des mêmes faits Samuel Dufour, un boulanger de 25 ans, et l'a condamné à sept ans de prison, bien qu'il ait nié avoir frappé Clément Méric.
Le plus âgé des trois prévenus, Alexandre Eyraud, 28 ans, éducateur canin et auto-entrepreneur, également présent lors des faits ce 5 juin 2013, a en revanche été acquitté.
Ce jour-là, la rencontre fortuite d'un petit groupe de militants antifascistes et de "skinheads" proches du mouvement d'extrême droite "Troisième voie" lors d'une vente privée de vêtements dans le quartier des grands magasins, à Paris, avait tourné à l'affrontement de rue, aussi bref que violent.
Frappé à plusieurs reprises au visage, Clément Méric, étudiant en sciences politiques de 18 ans originaire de Brest, s'était effondré. Ce jeune homme frêle soigné pour une leucémie était décédé le lendemain des suites d'une hémorragie cérébrale.
L'avocat général avait requis 12 ans de prison pour Esteban Morillo, sept pour Samuel Dufour et quatre dont deux avec sursis pour Alexandre Eyraud.
Les avocats des deux premiers ont dénoncé la lourdeur des peines finalement infligées et annoncé qu'ils feraient appel.
Me Patrick Maisonneuve, avocat d'Esteban Morillo, a aussi reproché à la cour d'avoir retenu le fait aggravant que constitue l'utilisation d'une arme.
"Nous sommes en désaccord total avec cette analyse (...) Il ne ressortait absolument ni du dossier ni des débats que l'on pouvait raisonnablement confirmer qu'il y avait eu utilisation d'un coup de poing américain", a-t-il déclaré à la presse.
Esteban Morillo a reconnu avoir porté deux coups à Clément Méric mais nie avoir utilisé un poing américain.
SOULAGEMENT DE LA FAMILLE MÉRIC
L'avocat de Samuel Dufour, Me Julien Fresnault, a pour sa part réaffirmé sa certitude que son client n'avait pas frappé Clément Méric. "La cour a retenu une scène unique de violence. A notre sens, c'est une mauvaise analyse", a-t-il déclaré.
"Au regard du caractère médiatique de cette affaire, je pense que la remise en liberté de M. Dufour ce soir aurait pu choquer", a-t-il cependant admis, tout en jugeant la peine infligée à son client "complètement disproportionnée".
Les deux condamnés ont déjà fait de la détention provisoire - un an pour Samuel Dufour et 15 mois pour Esteban Morillo, qui a banni de sa mise tout ce qui rappellerait son passé "skinhead" et était chef d'équipe dans une entreprise de nettoyage jusqu'à son licenciement la veille du procès.
Les trois prévenus, dont les avocats jurent qu'ils ont rompu avec leurs fréquentations de 2013, avaient adressé leurs regrets à la famille Méric avant que le jury ne délibère.
Samuel Dufour s'est effondré en larmes à l'énoncé du verdict. Les deux condamnés, qui comparaissaient libres, ont été aussitôt menottés et pris en charge par des gendarmes.
Les parents de Clément Méric se sont dit satisfaits par le déroulement et l'issue du procès. Pour Paul-Henri Méric, le père, la cour a "établi des responsabilités".
"Il y a eu des agresseurs et il y a eu des agressés, ils ne sont pas renvoyés dos à dos, contrairement à ce qui a été trop souvent fait pendant ces cinq dernières années", a-t-il dit.
"L'incarcération, ce n'est jamais une victoire", a cependant dit son épouse, Agnès Méric. "Ce qui importe c'est de continuer à lutter contre ce qui fait le terreau de l'extrême droite : les inégalités, le déficit d'éducation, le manque de solidarité."
Quant à leur avocat, Me Christian Saint-Palais, il s'est dit soulagé que "la cour d'Assises n'ait pas été dupe" de la défense des prévenus et ait démontré qu'ils étaient passés à l'acte parce qu'ils étaient "nourris d'idéologie néonazie".
La mort de Clément Méric avait suscité une vive émotion et des manifestations dénonçant la violence de l'extrême droite. Le gouvernement socialiste de l'époque avait dissous "Troisième voie" et deux autres organisations d'ultra-droite, "L'Oeuvre française" et les "Jeunesses nationalistes révolutionnaires".
Après presque neuf heures de délibérations, la cour a reconnu Esteban Morillo, 25 ans, coupable de violences volontaires ayant entraîné la mort, en réunion et avec une arme, en l'occurrence un coup de poing américain. Elle l'a condamné à 11 ans de prison.
La cour a reconnu coupable des mêmes faits Samuel Dufour, un boulanger de 25 ans, et l'a condamné à sept ans de prison, bien qu'il ait nié avoir frappé Clément Méric.
Le plus âgé des trois prévenus, Alexandre Eyraud, 28 ans, éducateur canin et auto-entrepreneur, également présent lors des faits ce 5 juin 2013, a en revanche été acquitté.
Ce jour-là, la rencontre fortuite d'un petit groupe de militants antifascistes et de "skinheads" proches du mouvement d'extrême droite "Troisième voie" lors d'une vente privée de vêtements dans le quartier des grands magasins, à Paris, avait tourné à l'affrontement de rue, aussi bref que violent.
Frappé à plusieurs reprises au visage, Clément Méric, étudiant en sciences politiques de 18 ans originaire de Brest, s'était effondré. Ce jeune homme frêle soigné pour une leucémie était décédé le lendemain des suites d'une hémorragie cérébrale.
L'avocat général avait requis 12 ans de prison pour Esteban Morillo, sept pour Samuel Dufour et quatre dont deux avec sursis pour Alexandre Eyraud.
Les avocats des deux premiers ont dénoncé la lourdeur des peines finalement infligées et annoncé qu'ils feraient appel.
Me Patrick Maisonneuve, avocat d'Esteban Morillo, a aussi reproché à la cour d'avoir retenu le fait aggravant que constitue l'utilisation d'une arme.
"Nous sommes en désaccord total avec cette analyse (...) Il ne ressortait absolument ni du dossier ni des débats que l'on pouvait raisonnablement confirmer qu'il y avait eu utilisation d'un coup de poing américain", a-t-il déclaré à la presse.
Esteban Morillo a reconnu avoir porté deux coups à Clément Méric mais nie avoir utilisé un poing américain.
SOULAGEMENT DE LA FAMILLE MÉRIC
L'avocat de Samuel Dufour, Me Julien Fresnault, a pour sa part réaffirmé sa certitude que son client n'avait pas frappé Clément Méric. "La cour a retenu une scène unique de violence. A notre sens, c'est une mauvaise analyse", a-t-il déclaré.
"Au regard du caractère médiatique de cette affaire, je pense que la remise en liberté de M. Dufour ce soir aurait pu choquer", a-t-il cependant admis, tout en jugeant la peine infligée à son client "complètement disproportionnée".
Les deux condamnés ont déjà fait de la détention provisoire - un an pour Samuel Dufour et 15 mois pour Esteban Morillo, qui a banni de sa mise tout ce qui rappellerait son passé "skinhead" et était chef d'équipe dans une entreprise de nettoyage jusqu'à son licenciement la veille du procès.
Les trois prévenus, dont les avocats jurent qu'ils ont rompu avec leurs fréquentations de 2013, avaient adressé leurs regrets à la famille Méric avant que le jury ne délibère.
Samuel Dufour s'est effondré en larmes à l'énoncé du verdict. Les deux condamnés, qui comparaissaient libres, ont été aussitôt menottés et pris en charge par des gendarmes.
Les parents de Clément Méric se sont dit satisfaits par le déroulement et l'issue du procès. Pour Paul-Henri Méric, le père, la cour a "établi des responsabilités".
"Il y a eu des agresseurs et il y a eu des agressés, ils ne sont pas renvoyés dos à dos, contrairement à ce qui a été trop souvent fait pendant ces cinq dernières années", a-t-il dit.
"L'incarcération, ce n'est jamais une victoire", a cependant dit son épouse, Agnès Méric. "Ce qui importe c'est de continuer à lutter contre ce qui fait le terreau de l'extrême droite : les inégalités, le déficit d'éducation, le manque de solidarité."
Quant à leur avocat, Me Christian Saint-Palais, il s'est dit soulagé que "la cour d'Assises n'ait pas été dupe" de la défense des prévenus et ait démontré qu'ils étaient passés à l'acte parce qu'ils étaient "nourris d'idéologie néonazie".
La mort de Clément Méric avait suscité une vive émotion et des manifestations dénonçant la violence de l'extrême droite. Le gouvernement socialiste de l'époque avait dissous "Troisième voie" et deux autres organisations d'ultra-droite, "L'Oeuvre française" et les "Jeunesses nationalistes révolutionnaires".