Que se cache-t-il derrière les vacances scolaires impromptues décrétées par les inspections d’académie de Sédhiou et surtout de Ziguinchor du 19 au 25 mai pour les élèves des écoles, établissements et centres de formation professionnelle de ces deux régions ? Le pouvoir envisage-t-il de lancer (ce week-end ?) un assaut final contre le domicile du chef de l’opposition Ousmane Sonko afin de le ramener de force à Dakar pour les besoins du procès de l’affaire « Sweet Beauté » devant la chambre criminelle ad hoc ?
Non justifiées dans les communiqués publiés par les chefs des inspections d’académie concernées, ces fermetures préventives des établissements publics coïncident avec une période critique, celle qui rapproche du début effectif dudit procès après le faux bond du 16 mai. Les affrontements entre pastéfiens et forces de l’ordre à Ziguinchor au début de cette semaine ont causé la mort d’un manifestant, d’un policier fauché par un char du Groupement mobile d’intervention (GMI) et de plusieurs personnes blessées. Les forces de l’ordre ont tenté à maintes reprises - en vain - de dégager la marée humaine de jeunes hommes et de femmes qui sert de bouclier à Ousmane Sonko devant et aux alentours de son domicile. Ces derniers soupçonnent les autorités sénégalaises de vouloir « enlever » leur chef pour le transférer à Dakar.
La tâche n’étant pas aisée de toute évidence, les autorités exécutives et judiciaires auraient-elles choisi, depuis la semaine dernière, de reculer pour mieux repartir à l’assaut et empoigner Sonko une fois pour toutes ? Dans certains cercles politiques au sein du pouvoir, l’incapacité où l’hésitation des FDS à briser la muraille humaine qui protège le maire de Ziguinchor a pu être vécue comme une humiliation. Mais l’usage d’une méthode forte et brutale qui balaierait tout sur son passage avec des moyens démesurés juste pour mettre la main sur le leader de Pastef comporte, en retour, le risque non négligeable d’une déflagration généralisée qui déborderait de la Casamance et notamment de Ziguinchor pour embraser d’autres parties du territoire national dont Dakar. Ce risque en vaut-il la chandelle ?
Alors qu’il devait démarrer le 16 mai dernier, le procès « Sweet Beauté » a été aussitôt renvoyé au 23 mai sur décision du président de la chambre criminelle qui devait présider les audiences, le magistrat Hyppolite Ndeye. Le lendemain, ce dernier était remplacé par le juge Moustapha Fall, président du tribunal de grande instance hors classe de Dakar. (IMPACT.SN)